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samedi 20 octobre 2012

Manuscrits précieux de la Bibliothèque nationale bavaroise à la Hypo-Kunsthalle

Péricope d'Henri II, Reichenau,
entre 1007 et 1012
La Hypo-Kunsthalle présente jusqu'au 13 janvier une prestigieuse exposition qui permet de découvrir certains des manuscrits les plus précieux en provenance des collections la Bibliothèque nationale bavaroise (Bayerische Staatsbibliothek) et de la Bibliothèque nationale de Bamberg. Quatre siècles de l'histoire médiévale de l'enluminure et de la miniature sont couverts: les manuscrits furent calligraphiés entre 780 et 1180, de Charlemagne à Frédéric II Barberousse, ce sont autant de chefs-d'oeuvre des périodes carolingiennes, ottoniennes et romanes. L'exposition s'arrête à l'aube de la période gothique.

Une telle exposition suppose que l'on déploie des moyens extraordinaires: la conservation de ces manuscrits extrêmement fragiles exige des conditions de présentation tout à fait exceptionnelles, la température des pièces d'exposition, le degré d'humidité et l'éclairage doivent être strictement sous contrôle. Ces manuscrits ne sont jamais accessibles au grand public, seuls des chercheurs spécialisés y ont-ils rarement accès, et encore doivent-ils s'entourer d'un luxe de précautions pour les manipuler. Le transport et la présentation des manuscrits sont extrêmement coûteux, et seule une grande fondation culturelle comme la Hypo-Kunsthalle peut dégager les moyens financiers pour les organiser. C'est dire la chance et l'opportunité que représente l'exposition pour découvrir ce patrimoine culturel du centre de l'Europe , cela ne se reproduira peut-être pas avant des décennies. Il n'y a que quatre grandes bibliothèques au monde à disposer d'un tel fonds de manuscrits précieux de cette époque: elles sont situées au Vatican, à Paris, à Londres et à Munich. Lorsque une de ces bibliothèques consent à une exposition, c'est un évènement culturel d'importance mondiale!

Evangéliaire d'Othon III,
Portrait de l'empereur
vers l'an 1000 à Reichenau
Le plus ancien des manuscrits présenté date de l'époque du dernier duc de la dynastie bavaroise des Agilolfing. Les codex carolingiens en provenance des scriptoriums de Salzbourg, Tegernsee et Freising témoignent des grandes qualités artistiques du 9ème siècle. Les fameuses enluminures allemandes sous les empereurs saxons, d'Othon le Grand (912–973) à Henri II (973–1024), sont bien représentées dans l'exposition. Cette période othonienne est notamment célèbre pour ses magnifiques représentations de souverains: le sacré et le séculier se rejoignent pour souligner la sainteté du pouvoir impérial. 

Les scriptoriums recevaient les commandes des puissants, religieux ou laïcs: ils leur demandaient des codex, des évangiles, des péricopes, des sacramentaires ou des livres de prières  richement ornés de miniatures, d'enluminures d'or et de couleurs lumineuses. Leurs reliures sont souvent très luxueuses, plaques d'orfèvrerie ornées de bas-reliefs et de pierres précieuses ou de camées, plaques d'ivoire sculptées des scènes marquantes de l'histoire de Jésus. Ces reliures sont visibles par le truchement de miroirs placés sous les livres, la présentation muséologique de l'exposition est comme d'habitude à la Hypo-Kunstahalle, particulièrement soignée.

Caisson du Codex d'Uta
Parmi les trésors que l'on pourra admirer, quatre codex de renommée mondiale provenant du monastère de l'île de Reichenau, dont le scriptorium devint scriptorium impérial sous Othon III et Henri II: on pourra voir les évangiles d'Othon II et les péricopes d'Henri II, des manuscrits recensés par l'UNESCO dans ses listes du patrimoine documentaire mondial depuis 2003.

L'importance de Ratisbonne comme centre de création de codex est soulignée par la présentation de deux magnifiques manuscrits liturgiques, le Codex commandé par l'Abbesse Uta et le sacramentaire d'Henri II. 

Enfin, si on ne peut dater avec précision le passage de la  période othonienne à la période romane, on pourra admirer le développement de l'art roman dans les enluminures produites du vivant de Frédéric II Barberousse(1122–1190).

La technologie contemporaine a bien entendu été mise à contribution: dans une salle on peut feuilleter tout à loisir et sans crainte de les abîmer des manuscrits digitalisés.

Jusqu'au 13 janvier,tous les jours de 10 à 20 heures
Fermé le 24 décembre
Le 31 décembre ouvert jusqu'à 14heures


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