Thomas Mann à 25 ans © Buddenbrookhaus Lübbeck |
La Maison de la Littérature de Munich consacre une exposition à la nouvelle Mort à Venise de Thomas Mann à l'occasion du centenaire de sa publication.
En mai-juin 1911, Thomas Mann effectue un voyage en Italie et à Venise et en ramène toute une série d'impressions curieuses qu'il a hâte de retranscrire. Dans les mois qui suivent, il composera sa nouvelle Mort à Venise, qui est depuis lors devenue l'une des oeuvres les plus célèbres et les plus populaires de l'écrivain. Dans ce texte relativement court, on retrouve un concentré des thèmes chers à l'écrivain: la problématique de l'écrivain, la mythologie grecque, la philosophie de Nietzsche, l'homoérotisme, la relation intriquée du récit et des éléments biographiques. Comme tant d'autres artistes au tournant du siècle, Thomas Mann s'est laissé baigner et inspirer par l'atmosphère de la lagune de Venise pour y mettre en scène la tragédie intime et crépusculaire du désir interdit.
Dans l'exposition, le visiteur suit le protagoniste de la nouvelle, Gustav von Aschenbach dans son voyage à Venise et redécouvre le texte au milieu de photographies sépia de la lagune, de films et de documents d'époque, cartes postales, photos, livres de la bibliothèque de Thomas Mann, comme ces prospectus qui vantent l'Hôtel des Bains au Lido de Venise, ce manuel de mythologie grecque à l'usage des jeunes filles qui a appartenu à la mère de Thomas Mann ou encore les notes que Mann a prises sur l'épidémie de choléra asiatique qui régnait à Venise au moment de son séjour.
La composante homoérotique de la nouvelle est abordée à diverses reprises sans que pour autant un volet de l'exposition y soit consacré. L'intelligentsia munichoise de 1912 questionnait les conceptions traditionnelles de la sexualité, Freud n'est jamais loin. L'iconographie de Saint-Sébastien, la statue d'un jeune Mercure nu, un agrandissement photographique d'un adolescent nu vu de dos à la von Glöden, rappellent l'homoérotisme de la nouvelle. Ce qui pose la question du non scandale de la nouvelle. Comment l'attirance d'un adulte pour en adolescent de treize ou quatorze ans n'a-t-elle pas été condamnée lors de la réception de l'ouvrage? Pourquoi l'ouvrage a-t-il été fort bien accepté et applaudi au pays du paragraphe 175? Et comment ont réagi les homosexuels de l'époque à la lecture d'un texte dans lequel la sexualité n'est pas accomplie et qui se termine par la mort du protagoniste?
L'exposition a d'abord été présentée à Lübeck, lieu de naissance de l'écrivain et est depuis hier présentée à Munich, où Thomas Mann a vécu à partir de sa dix-neuvième année, jusqu'en 1933, année de son exil en Suisse .
Exposition Wollust des Untergangs (Volupté de la chute)
Salvatorplatz 1
80333 München
Du 19 septembre 2012 au 6 janvier 2013.
Du mardi au vendredi, de 11 à 19 heures
Le samedi, le dimanche et les jours fériés de 10 à 18 heures.
Entrée: 5 euros
Catalogue
Wollust des Untergangs. 100 Jahre Thomas Manns »Der Tod in Venedig«. Holger Pils et Kerstin Klein. Göttingen, Editions Wallstein Verlag, 2012, 22,90 euros.
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