Hier soir, dans la salle philarmonique du Gasteig de Munich, Pietro Rizzo dirigeait la Straniera de Bellini en version concertante, avec, dans les rôles principaux, Edita Gruberova (Alaide), Sonia Ganassi (Isoletta), José Bros (Arturo) et Paolo Gavanelli (Valdeburgo). Un grand moment d'opéra, et cela à plus d'un titre: d'abord parce que, en première mondiale, Edita Gruberova faisait sa prise de rôle en interprétant le rôle d'Alaide, l'étrangère, ensuite parce que cet opéra, très rarement produit, n'avait plus été présenté à Munich depuis sa création dans la capitale bavaroise il y a 175 ans.
L'oeuvre qui avait été créée en 1829 à la Scala de Milan avait connu un beau succès tant en Europe qu'en Amérique latine, mais disparaissait quasiment du répertoire dès 1840. Ces 160 dernières années, elle ne fut que rarement interprétée; l'oeuvre n'appartient pas au répertoire des grandes maisons d'opéra. Pour la discographie, il y eut quelques enregistrements (Londres en 1969 avec Montserrat Caballé, Venise en 1970 avec Renata Scotto et Trieste en 1990 avec Lucia Aliberti ) et surtout l'enregistrement par Opera rara en 2008 de l'oeuvre interprétée par le London Philarmonic orchestra sous la direction de David Parry avec Patrizia Ciofi (Alaide), Mark Stone (Valdeburgo), Dario Schmunck (Arturo) et Enkelejda Shkosa (Isoletta). La Straniera fut aussi interprétée en 2000 au Teatro Avenida de Buenos Aires et Zurich annonce une version scénique mise en scène par Christof Loy et dirigée par Fabio Luisi pour juin 2013, avec Edita Gruberova dans le rôle titre. La production de Zurich retiendra d'autant plus l'intérêt des amateurs de bel canto parce qu'elle sera mise en scène par un maître du genre: on se souvient à Munich de son très beau travail dans Roberto Devereux ou encore pour Lucrezia Borgia, deux oeuvres interprétées au Théâtre national avec excellence par Edita Gruberova.
En attendant Zurich, il reste trois soirées pour venir écouter la Straniera à Munich, et on peut encore acquérir un billet!
Pietro Rizzo dirigeait hier soir avec bonheur et assurance l'Orchestre d'opéra (Münchner Opernorchester, 57 musiciens) et les Choeurs d'opéra de Munich (Münchner Opernchor, 40 choristes). Mais ce sont surtout les performances des belcantistes qui ont captivé l'auditoire. Edita Gruberova fit entendre d'abord en voix off les exquises modulations vocales de la souffrance d'Alaide avant d'apparaître vêtue d'une ravissante robe de scène à demi traîne à bandes horizontales dont les couleurs allaient du beige clair au brun plus foncé (et d'entrée, du rosé au lie de vin par le jeu des lumières), avec les manches, le corsage et le bustier pailletés d'or. Surprenante d'intensité, brillante et admirable dans les aigus, un peu moins audible dans les basses qu'elle prononce plus dans un phrasé chanté qu'elle ne les chante, extraordinaire dans le Son all'ara du deuxième acte, la Diva a recueilli l'hommage prononcé de son public de fidèles qui n'auraient pour rien au monde manqué cette première. Sonia Ganassi portait quant à elle une robe noire avec une jupe de tulle mousseuse et une fine étole de voile noir transparent qui couvrait les bras et les épaules. Avec sa belle voix de mezzo soprano, certes plus modeste que celle de Gruberova, mais tellement expressive et puissante dans son rôle de femme délaissée, elle se montre très agile dans les vocalises. Les hommes, tous en frac, ont transporté l'enthousiasme du public: José Bros parvient à donner corps à Arturo, un rôle difficile tant la psychologie du personnage est difficile à démêler dans le livret de Romani, avec une voix de tête puissante, très sonore et vibrante, exaltée par moments. Paolo Gavanelli, avec son beau baryton grave ample, large et somptueux, triomphe dans la cantilène de Valdeburgo au second acte, que le public applaudit à tout rompre et qu'Edita Gruberova applaudit elle aussi sur la scène. Remarquable aussi la très belle neuvième scène du second acte, où sa belle voix grave rencontre pour un beau duo masculin le ténor haut porté d'Arturo. Signalons encore la remarquable prestation de Sung-Heon Ha dans le rôle du Prieur: la basse coréenne nous vient de la troupe du Théâtre national de Mannheim, une superbe puissance de timbre, une grande prestance dans l'attitude corporelle, certainement une carrière à suivre! Il s'impose dans les scènes successives du jugement de l'acte II, où interviennent en s'ajoutant progressivement tous les protagonistes (1 à 6).
Encore à l'affiche les 9, 12 et 16 juillet
Cartes: au 004918054818181 (numéro payant) ou en commandant par email à tickets@vitaevoce.com ou sur le site Münchentickets
L'oeuvre qui avait été créée en 1829 à la Scala de Milan avait connu un beau succès tant en Europe qu'en Amérique latine, mais disparaissait quasiment du répertoire dès 1840. Ces 160 dernières années, elle ne fut que rarement interprétée; l'oeuvre n'appartient pas au répertoire des grandes maisons d'opéra. Pour la discographie, il y eut quelques enregistrements (Londres en 1969 avec Montserrat Caballé, Venise en 1970 avec Renata Scotto et Trieste en 1990 avec Lucia Aliberti ) et surtout l'enregistrement par Opera rara en 2008 de l'oeuvre interprétée par le London Philarmonic orchestra sous la direction de David Parry avec Patrizia Ciofi (Alaide), Mark Stone (Valdeburgo), Dario Schmunck (Arturo) et Enkelejda Shkosa (Isoletta). La Straniera fut aussi interprétée en 2000 au Teatro Avenida de Buenos Aires et Zurich annonce une version scénique mise en scène par Christof Loy et dirigée par Fabio Luisi pour juin 2013, avec Edita Gruberova dans le rôle titre. La production de Zurich retiendra d'autant plus l'intérêt des amateurs de bel canto parce qu'elle sera mise en scène par un maître du genre: on se souvient à Munich de son très beau travail dans Roberto Devereux ou encore pour Lucrezia Borgia, deux oeuvres interprétées au Théâtre national avec excellence par Edita Gruberova.
En attendant Zurich, il reste trois soirées pour venir écouter la Straniera à Munich, et on peut encore acquérir un billet!
Pietro Rizzo dirigeait hier soir avec bonheur et assurance l'Orchestre d'opéra (Münchner Opernorchester, 57 musiciens) et les Choeurs d'opéra de Munich (Münchner Opernchor, 40 choristes). Mais ce sont surtout les performances des belcantistes qui ont captivé l'auditoire. Edita Gruberova fit entendre d'abord en voix off les exquises modulations vocales de la souffrance d'Alaide avant d'apparaître vêtue d'une ravissante robe de scène à demi traîne à bandes horizontales dont les couleurs allaient du beige clair au brun plus foncé (et d'entrée, du rosé au lie de vin par le jeu des lumières), avec les manches, le corsage et le bustier pailletés d'or. Surprenante d'intensité, brillante et admirable dans les aigus, un peu moins audible dans les basses qu'elle prononce plus dans un phrasé chanté qu'elle ne les chante, extraordinaire dans le Son all'ara du deuxième acte, la Diva a recueilli l'hommage prononcé de son public de fidèles qui n'auraient pour rien au monde manqué cette première. Sonia Ganassi portait quant à elle une robe noire avec une jupe de tulle mousseuse et une fine étole de voile noir transparent qui couvrait les bras et les épaules. Avec sa belle voix de mezzo soprano, certes plus modeste que celle de Gruberova, mais tellement expressive et puissante dans son rôle de femme délaissée, elle se montre très agile dans les vocalises. Les hommes, tous en frac, ont transporté l'enthousiasme du public: José Bros parvient à donner corps à Arturo, un rôle difficile tant la psychologie du personnage est difficile à démêler dans le livret de Romani, avec une voix de tête puissante, très sonore et vibrante, exaltée par moments. Paolo Gavanelli, avec son beau baryton grave ample, large et somptueux, triomphe dans la cantilène de Valdeburgo au second acte, que le public applaudit à tout rompre et qu'Edita Gruberova applaudit elle aussi sur la scène. Remarquable aussi la très belle neuvième scène du second acte, où sa belle voix grave rencontre pour un beau duo masculin le ténor haut porté d'Arturo. Signalons encore la remarquable prestation de Sung-Heon Ha dans le rôle du Prieur: la basse coréenne nous vient de la troupe du Théâtre national de Mannheim, une superbe puissance de timbre, une grande prestance dans l'attitude corporelle, certainement une carrière à suivre! Il s'impose dans les scènes successives du jugement de l'acte II, où interviennent en s'ajoutant progressivement tous les protagonistes (1 à 6).
Encore à l'affiche les 9, 12 et 16 juillet
Cartes: au 004918054818181 (numéro payant) ou en commandant par email à tickets@vitaevoce.com ou sur le site Münchentickets
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