Triste moi de mai pour le Roi Juan Carlos. Au début du mois, la ville de Berga en Catalogne, qui compte un peu plus de 17000 habitants, a déclaré le Roi officiellement persona non grata dans la ville. Il s'agit d'un précédent: c'est la première fois dans l'histoire de l'Espagne contemporaine qu'une ville promulgue une résolution directe contre le chef de l'Etat. Et cette semaine la ville de Ripoll vient de lui emboîter le pas.
A Berga, c'est la formation indépendantiste "Unidad Popular" qui avait proposé la mesure. L'arrêté a été publié suite à un vote majoritaire au conseil municipal, contré par le Partido Popular, actuellement au pouvoir en Espagne, et rendu possible grâce à l'abstention du CIU et du Parti socialiste. Le texte de l'arrêté critique le comportement du Roi en général et stigmatise en particulier son récent voyage privé au Botswana. Mais ce ne sont pas tellement les frasques du souverain qui sont mises en question, il s'agit davantage de souligner que la Royauté espagnole n'est pas issue d'un processus démocratique, un sujet particulièrement sensible en Catalogne. (Voir à ce propos le commentaire rectificatif de Michel, ci-dessous).
La commune de Ripoll, environ 10000 habitants, vient de faire de même et s'aligne sur l'argumentation de Berga. Elle enjoint d'autres villes à rejoindre le mouvement naissant.
Rappelons qu'on est en Catalogne, une région qui n'a jamais accepté la perte de ses libertés nationales sous Philippe V Bourbon au début du 18ème siècle (imposition du castillan comme langue nationale, abolition des institutions propres à la région par les décrets de nueva planta de 1716), et qui a particulièrement souffert sous la dictature franquiste.
Il conviendra d'être attentif aux suites de ces initiatives. Tempête dans un verre d'eau ou prémices d'un mouvement de plus grande ampleur?
Le commentaire de Michel
Le commentaire de Michel
"...Mais ce ne sont pas tellement les frasques du souverain qui sont mises en question, il s'agit davantage de souligner que la Royauté espagnole n'est pas issue d'un processus démocratique, un sujet particulièrement sensible en Catalogne..."
Cette phrase tirée du lien est inexacte : La constitution monarchique a été approuvée par référendum le 6 décembre 1978.
De toute façon, la position de la Catalogne est la même que celle de la Flandre vis-à-vis du Souverain : une entrave à l'indépendance de leur insignifiante petite région pour des raisons linguistiques. C'est d'autant plus lamentable en Ibérie, que la langue espagnole est internationale, ce qui n'est pas le cas du basque, du catalan ou du flamand.
Merci, Michel, de nous avoir donné ton commentaire de d'avoir apporté cette rectification.
Plus d'informations et sources: voir par exemple l'article en catalan sur llibertat.cat et en français sur lepetitjournal.com
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