Faut-il soumettre la culture à la loi des marchés? Faut-il réduire drastiquement voire supprimer les subventions accordées par les villes, les Länder ou l'Etat fédéral aux salles de spectacle, aux musées aux bibliothèques? Faut-il que le citoyen paye le prix réel de la culture? Faut-il séparer la Culture et l'Etat? Faut-il soumettre la créativité à la loi de l'offre et de la demande? Autant de questions qui sont soulevées dans un livre polémique, Der Kulturinfarkt qui paraît ces jours-ci sous la signature de quatre auteurs spécialistes des politiques culturelles. Le sous-titre annonce la couleur de la position du livre: il y a tout de trop et c'est partout la même chose.
Ainsi y a-t-il en Allemagne 84 maisons d'opéra réparties sur 81 villes. Les chiffres des subventions des grandes institutions culturelles munichoises sont impressionnants. Le citoyen qui se rend au concert ou à l'opéra, qui visite un musée, paye parfois moins de la moitié du coût réel du droit d'entrée.C'est surtout la Ville qui prend les surcoûts en charge. Ainsi, les 190000 mélomanes qui se rendent chaque année aux concerts du fameux orchestre philarmonique de Munich payent-ils leurs places de 8 à 85,50 euros. Or chaque place coûte 103,50 euros de plus. Ainsi, si l'on supprimait les subventions, faudrait-il débourser 111,50 euros pour la place la moins chère ou 189 euros pour la place la plus chère. Le tableau ci-dessous reprend des chiffres (arrondis) publiés le week-end dernier par la presse allemande à l'occasion de l'annonce de la sortie du livre.
Nombre de visiteurs | Prix d'entrée | Subvention par entrée ou par place | |
Musique classique/ Münchner Philarmoniker | 190000 | De 8 à 85,50 euros | 103,50 euros |
Opéra/ Bayerische Staatsoper | 548000 | De 4 à 264 euros | 90 euros |
Musée juif/ Jüdisches Museum | 38000 | De 2 à 6 euros | 61 euros |
Musée de la Ville de Munich/ Münchner Statdtmuseum | 200000 | De 2 à 4 euros | 55,50 euros |
Comédies musicales/ Deutsches Theater | 221000 | De 19 à 82 euros | 7,80 euros |
Prêts de livre/ Münchner Stadtsbibliothek | 13271000 | Prix unique de 20 euros par an | 2,65 euros |
La question n'est pas nouvelle et revient fréquemment sur le tapis politique. Panem et circenses, Juvénal dénonçait déjà la distribution de pain et l'organisation gratuite des jeux du cirque dans la Rome antique. Le marxisme-léninisme a remis en question l'art bourgeois. Le néo-libéralisme parviendra-t-il à en faire de même? Le livre rouvre de manière inquiétante un vieux débat. En attendant, les Munichois ne boudent pas l'immense plaisir qu'ils ont de vivre dans une ville aussi soucieuse de l'offre culturelle.
Pour en savoir plus: lire le livre...ou les articles qu'y consacre la presse allemande, comme par exemple ceux du Sueddeutsche Zeitung.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire