On se souviendra peut-être que le Parlement de la Principauté du Liechtenstein avait récemment décidé d'octroyer aux couples gay et lesbiens la possibilité d'officialiser leurs unions par des contrats d'union civile, sans pour autant leur accorder le droit à l'adoption. Mais des activistes catholiques s'étaient mobilisés contre cette avancée égalitaire et avaient fait circuler une pétition s'opposant à la décision parlementaire. Ils avaient réunis suffisamment de signatures pour contraindre la petite Principauté enclavée entre la Suisse et l'Autriche au referendum. Ce vote populaire a eu lieu ce dimanche 19 juin et les résultats en sont clairs: la population du Liechtenstein s'est massivement prononcée en faveur des contrats d'union civile: 68,8 pour cent des votants ont approuvé les unions gays et lesbiennes. Depuis hier soir, l'ensemble des pays germanophones européens offre aux couples gays ou lesbiens la possibilité de s'unir officiellement: l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse s'étaient déjà engagés dans la voie de la libéralisation.
Les opposants au contrat d'union civile s'étaient manifestés via la création d'un site web et avaient dénommé leur mouvement Vox populi. Ce mouvement épousait les thèses de l'église catholique, dont le représentant au Liechtenstein, l'archevêque Wolfgang Haas, avait dénoncé le projet de loi avec la virulence coutumière à cette église. On connaît l'argumentation catholique: l'homosexualité est une aberration, la pratique de l'homosexualité est un péché grave, l'institutionalisation de cette pratique est un scandale public, les unions civiles minent l'institution du mariage, elles vont à l'encontre de la loi naturelle, leur légalisation ouvre à terme la porte à l'adoption par les couples homosexuels. Mais comme l'Eglise ne peut pas davantage s'immiscer dans les affaires de l'Etat, c'est un cousin de l'archevêque, Johannes Schranner, qui s'est dévoué pour mener la campagne de signatures qui devait forcer le vote populaire.
Malgré sa cuisante défaite d'hier, Vox populi s'est montrée très satisfaite du résultat. Johannes Schranner a déclaré hier à la radio locale, que les trente pour cent obtenus sont d'autant plus remarquables que l'ensemble des institutions du pays, - le gouvernement,le Parlement et tous les partis politiques- , s'étaient prononcées en faveur de la légalisation des unions.
N'en déplaise aux Haas et autres Schrammer, les gays et les lesbiennes du Liechtenstein qui s'engageront dans un contrat d'union civile disposeront dès à présent des mêmes droits que les couples mariés dans les matières qui concernent la fiscalité, l'héritage, la sécurité sociale, le droit civil, notamment la reconnaissance du droit du partenaire étranger. Les droits à l'adoption et à l'insémination artificielle ne sont cependant pas encore reconnus, mais l'avancée vers une société plus tolérante et égalitaire est évidente.
On trouvera des informations plus détaillées sur les pages web des principaux journaux de la Principauté: le Volksblatt (plusieurs articles détaillant les différentes réactions des personnalités locales) ou le Liechtensteiner Vaterland.
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