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mardi 2 novembre 2021

Le Jour des Morts, un poème du marquis Louis Jean-Pierre de Fontanes (1759-1821)


LE JOUR DES MORTS.

    DÉJÀ, du haut des Cieux, le cruel Sagittaire 
Avoit tendu son arc, et ravageoit la terre ; 
Les coteaux et les champs et les prés défleuris, 
N'offroient de toutes parts que de vastes débris ; 
Novembre avoit compté sa première journée.

     Seul alors, et témoin du déclin de l'année,
Heureux de mon repos, je vivois dans les champs.
Et quel poëte, épris de leurs charmes touchans,
Quel sensible mortel, des scènes de l'automne
N'a chéri quelquefois la beauté de l'automne ? 
Oh ! comme avec plaisir, la rêveuse douleur,
Le soir, foule à pas lents ces vallons sans couleur,
Cherche les bois jaunis, et se plait au murmure
Du vent qui fait tomber leur dernière verdure !
Ce bruit sourd a pour moi je ne sais quel attrait.
Tout à coup si j'entends s'agiter la forêt,
D'un ami qui n'est plus la voix longtemps chérie
Me semble murmurer dans la feuille flétrie.
Aussi, c'est dans ce temps que tout marche au cercueil
Que la religion prend un habit de deuil ;
Elle en est plus auguste, et sa grandeur divine
Croit encore à l'aspect de ce monde en ruine.

Première page de ce poème de Louis de Fontanes (1757-1821) imité de Thomas Gray que publia le journal Paris de Jean Gabriel Peltier en octobre 1795. L'orthographe d'époque a été respectée.


Louis de Fontanes, professeur de belles-lettres à l’École centrale des Quatre Nations. Huile sur toile conservée au musée du château de Versailles et de Trianon. Portrait attribué à Henri-Pierre Danloux.


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