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samedi 16 mai 2020

Richard Wagner et la pandémie

   


En 1832, Wagner arrive à Brno (Brünn) où il est supposé passer une nuitée avant deprendre la diligence pour Vienne. Le choléra s'est emparé de la ville. Comment le jeune Wagner réagit-il alors ? Voici ce qu'il en écrivit dans Ma Vie
   " Je devais prendre le lendemain la poste pour Vienne. L'après-midi et la nuit que je passai seul en cette ville sont marqués dans mon souvenir par la peur étrange et subite que j'eus du choléra. C'était la première fois que je me trouvais dans un lieu où régnait cette épidémie. Venant de quitter mon ami [le comte Vincent Tyskiéwitsch qui l'avait accompagné jusqu'à Brno], me voyant absolument seul dans une contrée totalement inconnue, il me sembla, quand j'appris à l’improviste son apparition, qu'un démon sournois m'avait attiré dans un piège afin de me détruire sans vestige. Cependant, je ne laissai rien paraître de ma crainte à l’hôtel, mais lorsqu'on m'eut conduit à ma chambre, située dans une aile isolée, et que je me trouvai soudain dans cette solitude, je me blottis tout habillé dans mon lit. De nouveau, la peur des revenants me fit souffrir comme dans mon enfance. Le choléra était en personne devant moi; je le voyais, je pouvais le toucher de mes mains ; il entra dans mon lit, il m'enlaça. Mes membres se glacèrent, je sentis la mort m’étreindre le cœur. Je ne sais si je dormais ou si j’étais éveillé, mais, à l’aube, je m’étonnai de me retrouver vivant et absolument bien portant. J’arrivai donc indemne à Vienne, où l’épidémie, qui y régnait aussi, n’eut pas de prise sur moi. "

Le choléra en Camarde (Puck, 18 juillet 1883)

1 commentaire:

  1. un véritable hypocondriaque notre génie, voilà pourquoi tous ces héros, qui vont sublimer un courage qui lui a fait défaut...

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