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jeudi 1 février 2018

Cellomania: Yo-Yo Ma interprète les Suites pour violoncelle de Bach à la Frauenkirche de Dresde

Yo-Yo Ma. Crédit photographique Jason Bell.

Cellomania. Le violoncelle est au centre de l'édition 2018 des Dresdner Musikfestspiele qui auront lieu du 10 mai au 10 juin prochain. Le Festival de musique de Dresde nous a offert hier soir un somptueux avant-programme dans le magnifique écrin de l'église Notre-Dame (Frauenkirche) avec en soliste le violoncelliste américain Yo-Yo Ma, le maître incontesté du violoncelle qui a interprété les Suites pour violoncelle solo  BWV 1007-1012 de Jean-Sébastien Bach.

Yo-Yo Ma fut un de ces enfants prodiges que son père initia au violoncelle dès l'âge de trois ans, avec pour commencer, rien moins que les Suites! Fils de deux musiciens chinois, il vécut les premières années de sa vie à Paris. A quatre ans, il connaissait déjà par coeur les trois premières suites de Bach et c'est toujours avec le coeur qu'il les joue aujourd'hui. 

Passionné des musiques du monde, il interprète les suites de Bach avec une liberté à nulle autre pareille. Il faut un jour avoir l'occasion d'observer le musicien alors qu'il les interprète. Dès les premières mesures, il semble entrer dans un état extatique, il joue de mémoire, les yeux fermés, la tête souvent rejetée en arrière et semble communiquer avec des entités célestes. Et quel meilleur endroit que de jouer sous le dôme de la Frauenkirche de Dresde  où hier soir des théories de chérubins et de séraphins s'étaient réunis sous la sainte coupole pour écouter avec nous son concert inspiré? Le corps du musicien et son bras qui tient l'archet semblent mus par d'autres forces encore que les siennes propres. Trait d'union entre le ciel et la terre, la musique de Bach jouée par le démiurge Yo-Yo Ma, imprégnée de transcendance, nous communique le rêve céleste et, en nous rapprochant des gemmes de notre être véritable, nous rend meilleurs. Yo-Yo Ma a la tête dans les étoiles et le coeur sous l'archet.

L'universalité de la musique semble lui tenir profondément à coeur. Alors qu'il donnait les Suites à Paris au Théâtre des Champs-Elysées en 2010, il confiait au journaliste du Figaro:  «Les Suites de Bach, souligne-t-il, comportent des sarabandes, une danse qui vient du nord de l'Afrique, et que les Espagnols trouvaient lascive. Il y a des gigues, qui sont celtiques. On dit que Bach était allemand, mais l'Allemagne n'existait pas !»  Hier soir, Yo-Yo Ma donnait particulièrement à entendre les rythmes de ces danses au point qu'on était tout étonnés que ce soit de la musique composée par le Maître d'Eisenach, tant on se sentait transportés à une fête populaire de leurs pays d'origine.

Et puis, entre deux suites, ce musicien de génie redevient un homme joyeux et simple, convivial, qui rit et s'étire et communique avec le public en l'invitant à se lever et à faire quelques mouvements pour se désengourdir. La joie de vivre du musicien irradie et se communique jusqu'aux plus hautes tribunes de l'église Notre-Dame. Cet homme et sa musique ont un pouvoir de transformation qui nous invitent au changement et à la création d'un monde meilleur. 

10 MAI - 10 JUIN

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