Photo Uwe Arens |
Blue skies - Sonlines to American Music.
Soirée de détente au Festival d'opéra de Munich avec un programme jazz concocté par le baryton Simon Keenlyside qui explore la chanson jazz de la musique américaine depuis la fin des années 1920 jusqu'à l'orée des années 1950 et qui nous donne à entendre des chansons de Gershwin, Berlin, Weill, Kern, Carmichael et Kálmán avec un jazz band d'exception, dont voici la composition:
Howard McGill Saxophone Clarinette / Flûte / Piccolo
Gordon Campbell Trombone à coulisse
Richard Pryce Contrebasse
Matthew Regan Piano
Mike Smith Batterie / Percussion
A la fois décontracté et intense, Simon Keenlyside donne une première partie de concert présentée et entrecoupée d'explications sur l'histoire de ces grands noms de la musique américaine et sur cette période marquée par l'histoire de l'immigration européenne vers les Etats-Unis et, partant, de l'influence européenne sur la genèse de ces musiques et sa contribution à la constitution de la culture américaine. Avec son quintette de musiciens jazz britanniques, il nous fait découvrir ou redécouvrir le Broadway de la première moitié du 20e siècle en soulignant les racines et les interrelations avec le vieux continent . Le ton est naturel, familier: un émouvant Keenlyside cherche ses mots en allemand pour nous faire partager au plus près sa passion et ses découvertes; avec son groupe il cherche à nous faire approcher les musiques originales de certaines de ces chansons qui ont fait le tour du monde et ont pour certaines connu des centaines d'interprétations. Il souligne les relations entre l'opérette et le jazz, la première ayant souvent nourri le second, dans une approche intelligente, nuancée et avec des interprétations tendres et dramatiques qui profitent de l'immense technique d'un grand chanteur d'opéra. De sa voix chaude, très masculine et virile, Keenlyside exprime le thème omniprésent de l'amour avec des touches tantôt inquiètes et fragiles, tantôt un peu désabusées, le sourire en coin, et de temps à autre chaleureux et émotionnel avec des séductions de crooner. On accueille avec enthousiasme des morceaux revisités comme le Cowboy Song de Kalmán ou Isn't it lovely day? d'Irving Berlin. Sa magistrale interprétation du Lonely House de Kurt Weil constitue un moment phare de la première partie.
En seconde partie du programme, Keenlyside se fait moins didactique et chauffe la salle avec une sélection de chansons bien connues interprétées avec autant de brio que de coeur. Star dust de Carmichael, The girl next door de Martin et Blane ou le So in Love de Cole Porter mènent le public de climax en apogée. Aux prouesses du trombone de Gordon Campbell répondent celles de la clarinette d'Howard McGill. Keenlyside enchante par la qualité de son legato, la beauté de son baryton au timbre chaud et cette impression d'honnêteté et de sincérité foncières dans la communication nuancée du ressenti émotionnel.
Une belle soirée, certes très divertissante, et qui résulte aussi d'une réflexion sur l'immigration et la fécondation des cultures.
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