En furetant dans les bibliothèques comme un vieux rat gourmand, je suis avec ravissement tombé en arrêt devant un petit volume des mémoires d' Esperanza de Sarachaga, devenue par mariage Baronne de Truchseß Wetzhausen, qui s'est rendue fameuse à la postérité pour avoir voulu défendre le Roi Louis II de Bavière contre la Commission d'Etat venue l'arrêter à Neuschwanstein le 10 juin 1886.
Il s'agit d'une édition privée à compte d'auteure intitulée Temps passé que la Baronne fit imprimer en 1912 par Poncet. L'ouvrage comporte 113 pages. Le plaisir de cette trouvaille se transforma en ravissement lorsque, en ouvrant le petit volume, je me rendis compte qu'il avait été dédicacé et signé par la Baronne elle-même. Ainsi Spera avait-elle tenu ce volume dans ses propres mains et donné ou envoyé peu avant sa mort,en 1914, à l'une de ses connaissances! La Baronne séjournait alors à Cannes, où elle trépassa le 28 janvier le 28 janvier de la même année.
Avant de commencer le récit de ses souvenirs, qui portent sur la période russe de sa vie, Spera le dédie au Roi Louis II de Bavière, "son roi, son héros et son maître". Elle date cette adresse au Roi de 1886. On sait que ce fut l'année de la mort tragique du Roi, mais dans cette première page Spera évoque Louis II comme quelqu'un de bien vivant auquel elle souhaite de "continuer dans sa voie". Cela nous permet de donner pour moment probable du début de l'écriture une période qui se situe entre janvier 1886 et début juin 1886.
On disait le Roi atteint de folie, et c'est surtout au prétetxe de la folie que Louis II fut arrêté et frappé d'incapacité. D'après la dédicace qu'on va lire, ce n'était certainement pas l'avis de la Baronne Truchseß Wetzhausen qui évoque la personnalité de Louis II avec une vénération proche de l'adoration.
in Temps passé |
Hommage pieux
Depuis longtemps, je me propose de retrace les souvenirs de mon enfance, de ma jeunesse. Les années s'effacent; je me sens tenue de ne pus en différer l'exécution.
Je le dois par reconnaissance pour l'amour qui m'a été témoigné à moi, orpheline, dès ma plus tendre enfance.
Je dédie ces souvenirs à mon souverain et maître, à Sa Majesté Louis II de Bavière, en toute respectueuse vénération.
Je prie Sa Majesté de vouloir bien en agréer la dédicace.
Si je l'ose, qu'il me soit permis de constater qu'à mes yeux, notre Souverain se trouve être la plus imposante apparition de ma vie, la personnification même de l'apogée de l'esprit du christianisme, du génie.
Je désire que, par ces livres, mon roi, mon héros, mon maître, soit à même de savoir qui je suis, par quel enchaînement de circonstances, moi, Espagnole, j'ai passé la plus grande partie de ma jeunesse en Russie, et comment mon coeur s'est attaché de plus en plus, jusqu'à l'éternité, à ma vraie patrie désormais, à la Bavière des Wittelsbach.
Que Dieu bénisse et maintienne en sa voie notre Monarque!
Je remercie notre Divin Père de m'avoir élevée à la dignité de sa sujette. La vie est trop courte pour de semblables liens. Ils sont éternels comme l'éternité.
Munich 1886.
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