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vendredi 14 mars 2014

Expo Playtime: réflexions artistiques sur le concept du travail au Kunstbau de la Lenbachhaus à Munich

Tehching Hsieh,
One Year Performance 1980-1981
(Waiting to Punch the Time Clock)
Les cinéphiles se souviendront de Playtime, peut-être le plus important des films du cinéaste français Jacques Tati. L'action de Playtime se déroule dans un Paris futuriste fait d'immeubles de verre et d'acier, froids et impersonnels, que vient visiter un groupe de touristes américaines. Pendant que les touristes arrivent à Orly, un des protagonistes, le désormais célèbre M. Hulot attend un rendez-vous important, mais se perd dans un dédale de bureaux et finit par se retrouver dans une exposition, l'exposition des inventions. Là M. Hulot et les touristes américaines découvrent de nouvelles inventions, parmi lesquelles figurent  une porte silencieuse et un balai équipé de phares. Le soir,  M. Hulot rencontre un camarade qui l'invite dans son appartement ultra-moderne. Le monde du travail est encore évoqué lorsque au petit matin, on voit des ouvriers prenant leur premier café dans un drugstore, ...

Le travail occupe la moitié de notre vie, sinon davantage. Il est le pivot autour duquel tournent nos vies. L'histoire du travail est aussi longue que l'histoire de l'humanité elle-même. Les humains doivent travail pour gagner leur vie. Aujourd'hui, cependant, nous ne travaillons plus seulement pour assurer les conditions matérielles de notre existence- le travail participe également à la constitution de notre identité. Avec le passage de l' ère de l'industrie à la société de la connaissance, si ce n'est même plus tôt , l'apprentissage continu et l'auto-optimisation sont devenus les normes qui régissent les sujets . Créativité, flexibilité et autonomie sont considérées comme des qualifications clés dont dépend la réussite professionnelle et sociale. C'est particulièrement vrai pour les artistes, qui sont considérés comme des incarnations prototypiques de cette nouvelle conception du travail: complètement flexibles et conditionnés à s'engager dans un processus d'auto exploitation .

Le travail contient non seulement la promesse de l'épanouissement individuel, mais c'est aussi par lui que nous espérons trouver une reconnaissance sociale et la participation à la vie en société. C'est essentiellement pour cette raison qu'au cours de ces dernières décennies les frontières entre le travail et la vie privée se sont virtuellement effacées. La nature paradoxale du travail aujourd'hui est incarnée par la simultanéité de deux tendances: l'automatisation et la technologisation semblent rendre le travail humain de plus en plus humain redondant, et cependant tout est en passe de devenir une sorte de travail .

La portée des objectifs économiques et de la pensée néolibérale s'étend dans tous les domaines de la vie, y compris même dans des secteurs autrefois protégés tels que l'éducation et les services sociaux . Simultanément, notre société est à bien des égards définie par des relations de travail de plus en plus précaires et par une baisse de la solidarité avec les personnes dont le travail quotidien ne suffit plus à assurer la base de leur existence. De plus, les personnes qui n'ont pas de travail paraissent n'avoir plus d'avenir.

L'exposition PLAYTIME reprend le jugement critique subtil que portait Jacques Tati à l'encontre du travail moderne dans son film éponyme, et soulève une série de questions: comment les artistes de différentes générations et de différents milieux se mobilisent-ils sur les questions que soulèvent la notion de travail? Aujourd'hui, qu'est-ce que cela signifie de travailler en tant qu'artiste? Et en quoi le travail de l'artiste diffère-t-il des autres formes de travail ? Les artistes invités ont apporté un large éventail de points de vue et de méthodes. Ils visent non seulement le travail en tant que tel , mais aussi les normes et préceptes de comportement d'une société définie par le travail. Ils examinent les relations de pouvoir existantes et les conventions spécifiques aux sexes dans le monde du travail et interrogent les liens entre l'identité, les situations dans lesquelles nous vivons, et les relations de travail . Des oeuvres porteuses de  critique sociale et l'activisme artistique des années 1960 entrent en dialogue avec des pièces plus récentes qui reflètent les conditions dans lesquelles nous travaillons aujourd'hui.

L'exposition Playtime peut se visiter au Kunbstbau de la Lenbachhhaus du  15 mars au 29 juin 2014. Un e-book consacré à l'expo peut se télécharger gratuitement en cliquant ici.

Artistes invités

Darren Almond , Francis Alÿs , Mel Bochner , Monica Bonvicini , Pet Shop Boys , KP Brehmer , Charlie Chaplin , Slatan Dudow , Beate Engl , Harun Farocki , Peter Fischli & David Weiss , Andrea Fraser , Melanie Gilligan , Tehching Hsieh , Jörg Immendorff , Stephan Janitzky , Ali Kazma , Sharon Lockhart , Michaela Melián , Henrik Olesen , Anna Oppermann , Adrian Paci , Dan Perjovschi , Peter Piller , Julian Röder , Martha Rosler , Dieter Roth , Andreas Siekmann , Christoph Schlingensief , Allan Sekula , Richard Serra , Mladen Stilinović , Berwick Street collective ( Marc Karlin , Mary Kelly , James Scott et Humphry Trevelyan ) , Donna Summer , Jacques Tati , Mierle Laderman Ukeles , Timm Ulrichs , Ignacio Uriarte

Source: traduction libre du texte de présentation de l'exposition sur le site de la Lenbachhaus

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