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samedi 31 décembre 2011

Villazon et Damrau dans Les Contes d'Hoffmann pour quelques jours en vidéo sur Arte en ligne

mann mit schwarzen locken mit weiblichem ebenbild

On pourra voir ou revoir la video de la très belle production des  Contes d'Hoffmann par l'Opéra de Munich, le Bayerische Staatsoper, sur le site internet d'ARTE pendant un temps limité, quelques jours encore (7 jours à partir de la diffusion du 29 décembre 2011). Cliquer ici pour visionner cette production. Attention, les videos d'ARTE ne sont accessibles que de certains pays, où la chaîne est diffusée.

Pour lire la critique de Munichandco, cliquer ici.

jeudi 29 décembre 2011

Ratisbonne / Regensburg dans les timbres-poste allemands

Au cours des 50 dernières années, la Bavière a été représentée à  de nombreuses reprises dans les timbres poste allemands. Si c'est logiquement la ville de Munich qui se taille la part du lion, la ville de Regensburg (en français Ratisbonne)  est elle aussi bien représentée. Voici les timbres que les postes allemandes consacrent à cette ville baignée par le Danube et qui est également la capitale du Haut-Palatinat.
  
Datei:DBP 1978 970 Europa Baudenkmäler Regensburg.jpg
Le vieil hôtel de ville de Ratisbonne

Datei:DBP 1986 1291 Denkmalschutz.jpg
Patrimoine allemand: timbre consacré à la restauration partielle
des vitraux du Dôme de Ratisbonne


Datei:DPAG2001-Dauer-SteinerneBrueckeRegensburg.jpg
Le pont romain à Ratisbonne

Datei:Stamp Germany 2003 MiNr2318 Regensburger Domspatzen.jpg
Le choeur d'enfants du Dôme de Ratisbonne: les Regensburger Domspatzen

Datei:DPAG 2011 Weltkulturerbe der UNESCO Altstadt Regensburg.jpg
Ratisbonne, ville du patrimoine mondial de l'UNESCO

dimanche 25 décembre 2011

L'Opéra de Munich en live streaming les 7 et 22 janvier

A partir de janvier 2012, le Bayerische Staatsoper lance un projet pilote: les internautes du monde entier pourront vivre une soirée d'opéra en live sur internet par video-stream.  Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, cette retransmission sera gratuite.

Le 7 janvier, retransmission de  L’elisir d’amore de Gaetano Donizetti avec le Nemorino de  Pavol Breslik et l'Adina d' Adriana Kucerová  dans la mise en scène de David Bösch. L'orchestre sera dirigé par Dan Ettinger.

Le 22 janvier 2012, retransmission de la reprise très attendue du Don Carlo de Giuseppe Verdi dans la mise en scène de Jürgen Rose avec une distribution des plus remarquable: René Pape en Philippe II d'Espagne,  Jonas Kaufmann en Infant et Anja Harteros dans le rôle d'Elisabeth de Valois. C'est Asher Fisch qui dirigera l'orchestre national bavarois.

Pour réceptionner ces retransmissions, il faut disposer d'une connection à large bande (p.ex. DSL). Les videos sont diffusées en deux qualités: 600 ou 1000 kilobites (avec ajustement automatique).

L’elisir d’amore
Samedi 07.01.2012 à 19 heures.

Don Carlo
Dimanche 22.01.2012 à 17 heures
http://www.staatsoper.de/

vendredi 23 décembre 2011

Noël: une crèche à la Vierge enceinte

Juste avant Noël, une église de Cordoue présente logiquement la Sainte Famille en attente d'un heureux événement. Pendant la nuit de Noël, la Vierge mettra au monde l'Enfant et la statue sera débarrassée du coussinet qui figure la Vierge parturiente. Cela rappelle la Madonna del Parto de Piero della Francesca. Une représentation plutôt inhabituelle dans les églises andalouses où la plupart des crèches présentent déjà l'Enfant né.



Image illustrative de l'article Madonna del Parto (Piero della Francesca)
Madonna del Parto, Piero della francesca

lundi 19 décembre 2011

La cage aux folles au Theater-am-Gärtnerplatz

La Cage aux Folles - Christoph Marti, TanzTheaterMünchenReprise de la production en langue allemande de la comédie musicale de Jerry Herman et Harvey Fierstein basée sur la célèbre pièce de Jean Poiret. La pièce avait été montée en 1973, un film en avait été tiré en 1978, et la comédie musicale avait vu le jour à Broadway en 1983. L'histoire d'une réussite désormais légendaire!  Le Theater-am-Gärtnerplatz remet La cage aux folles à l'affiche, pour la troisième et dernière fois.  Avec Christoph Marti alias Ursli Pfister dans le rôle de Zaza, un rôle qui lui a déjà valu un énorme succès ici à Munich. Hardy Rudolz interprète à ses côtés le rôle de Georges.

Agenda

Les 22 décembre 2011 , 16 et 22 janvier,  7 et 12 février, 16 et 28 mars, 10, 16 et 20 avril 2012

Pour réserver en ligne, cliquer ici, puis sur la date désirée et suivre la procédure.

mardi 13 décembre 2011

Le 'baron du copier-coller', Karl-Theodor zu Guttenberg, appelé à promouvoir la liberté d'expression sur internet

Fichier:Karl-Theodor Freiherr von und zu Guttenberg.jpg
Crédit photo:
Peter Weis sur Wikipedia
Une nouvelle qui ne manque pas de piquant nous vient tout droit de l'Union européenne. Alors qu'on croyait que le Baron munichois (Freiherr en allemand) Karl-Theodor Maria Nikolaus Johann Jacob Philipp Franz Joseph Sylvester Freiherr von und zu Guttenberg, le Ministre démissionaire de la Défense de la Chancelière Merkel, était parti se faire oublier aux Etats-Unis, en compagnie de son épouse, la Comtesse Stephanie von Bismarck-Schönhausen, et de ses enfants, voici qu'il revient à l'avant de la scène européenne par une porte dérobée, comme un diable dont on n'attendait pas qu'il sorte si vite de sa boîte à ressort. Celui que la presse allemande a surnommé le 'baron du copier-coller' ou le 'baron von Googleberg', une personne que la même presse a traitée de faussaire, de plagiaire, et qui a bien dû remettre son titre de docteur en droit et démissionner de son poste de Ministre de la Défense, est remis en scelle politique par cette désignation qui ne manque pas d'étonner les médias allemands, qui en font des gorges chaudes. Voila un homme qui a dû quitter la politique allemande en remettant tous ses mandats (celui de Ministre et de parlementaire du Bundestag) début mars et qui revient à l'avant-plan européen en décembre. Seulement 10 mois de purgatoire, les tarifs de la rédemption politique semblent avoir bien diminué depuis le bon vieux temps où l'Eglise vendait des indulgences...Pour faire bon compte, on aurait pu attendre le premier avril!

Voici  deux copier-coller qui éclairent cette affaire:

1. Extrait du site Wikipedia consacré à Karl-Theodor zu Guttenberg

En février 2011, il est accusé de plagiat dans sa thèse doctorale car il aurait recopié notamment une partie d'un article publié en 2003 par le NZZ am Sonntag, ce qui pourrait conduire à la perte de son doctorat de droit. Cela lui a valu de nombreuses critiques de la presse, qui l'affuble de surnoms rappelant ses origines nobles, tels « baron du copier-coller » ou « baron von Googleberg », tandis que la chancelière Angela Merkel lui a exprimé son soutien. Il annonce, le 18 février, renoncer « temporairement » à son titre de docteur en droit, le temps que l'université de Bayreuth procède à ses investigations, tandis que deux plaintes ont été déposées auprès du parquet de la ville en lien avec cette affaire. Un site Internet participatif a même été ouvert, sur lequel les internautes identifient les passages et/ou pages litigieux. Il finit par demander la révocation de sa thèse pour « fautes graves » le 21 février, soit quatre jours seulement après le début du scandale. Deux jours plus tard, l'université, après évaluation, lui retire son titre de docteur, estimant que la thèse « n'a pas donné lieu à un travail scientifique correct », selon son président.

et pour lire l'ensemble de la biographie du Baron sur Wikipedia, cliquer ici.

2. Introduction du communiqué de presse annonçant sa désignation sur le site de l'Union Européenne

Stratégie numérique: Mme Kroes invite M. Karl‑Theodor zu Guttenberg à promouvoir la liberté d'expression sur l’internet au niveau mondial
Bruxelles, le 12 décembre 2011 – Mme Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne, a invité M. Karl-Theodor zu Guttenberg, ancien ministre fédéral allemand de l’économie et de la technologie, puis de la défense, à jouer un rôle de conseiller sur la manière de soutenir de façon permanente les utilisateurs de l'internet, les blogueurs et les cyber-militants soumis à des régimes autoritaires. Ce rendez-vous est un élément clé de la nouvelle stratégie «No Disconnect» par laquelle l'UE réaffirme son engagement en faveur du respect, à la fois en ligne et hors ligne, des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ainsi que sa volonté de voir l’internet et les autres technologies de l'information et de la communication (TIC) rester un moteur de la liberté politique, de l'évolution démocratique et de la croissance économique.
La vice-présidente de la Commission et Haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Mme Catherine Ashton, et la vice- présidente, Mme Neelie KROES, souhaitent assurer une coopération étroite entre l’UE et ses États membres pour atteindre ces objectifs, en soutenant la mise en place d'approches ascendantes visant à établir et à renforcer la liberté et la démocratie sur l’internet dans les pays où l'Europe s'aperçoit que le fonctionnement de celui-ci n'est pas ouvert et dynamique ou dans lesquels les violations des droits de l'homme sont criantes. Karl-Theodor zu Guttenberg travaillera en concertation avec les États membres, les pays tiers et les ONG engagés dans ce domaine et les conseillera sur la manière d'appliquer la stratégie de manière coordonnée et efficace.

Pour lire la suite du Communiqué de Presse, cliquer ici

Nul doute que les caricaturistes vont s'en donner à coeur joie!

lundi 12 décembre 2011

Schwabinger Weihnachtsmarkt / Le marché de Noël de Schwabing

De tous les marchés  de Noël munichois, le Schwabinger Weihnachtsmarkt est le plus gentryfié, le plus trendy, le plus tendance, le plus in, le plus à la page, l'endroit où il faut être absolument, bref l'à-ne-pas-manquer des marchés de Noël, le must suprême. Opulent comme Munich peut l'être. Il a pour caractéristique qu'on n'y vend que des produits artisanaux de qualité et de bon goût, au propre comme au figuré: poteries, verreries, travail de la feutrine, sacs faits de plastiques recyclés, art de la bougie, modelages en bois,  galettes artisanales (Fladenkuchen), boules de gui, tout est fait main, cueilli à la main, avec amour et compétence, ...

Le marché est ouvert tous les jours jusqu'au 24 décembre. Prévoir un portefeuille abondamment garni.


Reportage photographique
Cliquer sur les photos pour les agrandir.

 

 

 
 

 

 

 

 

Dans une vie précédente, je fus un sac en plastique...
 



Un visiteur de marque
Crédit photographique: Luclebelge 

La Belgique vue d'Allemagne: frites de Flandres et gaufres de Bruxelles...

Vu à Munich dans une friterie au marché de Noël de Schwabing, cette réclame pour des gaufres de Bruxelles et des frites de Flandre.
Les frites de Flandre, la meilleure trouvaille depuis les liberty fries!
Crédit photographique: Luclebelge

dimanche 11 décembre 2011

Comédie musicale: Elisabeth, la vraie histoire de Sissi, au Deutsches Theater pour les fêtes!

Elisabeth est une comédie musicale de langue allemande  écrite par Sylvester Levay (musique) et Michael Kunze (livret) racontant l'histoire d'Élisabeth de Wittelsbach, plus connue sous le nom d'Impératrice Sissi. La première eut lieu en 1992 à Vienne, comme il se doit. Depuis lors, plus de huit millions de spectateurs ont assisté au spectacle de par le monde. La véritable histoire de Sissi est devenue la plus célèbre  des comédies musicales de langue allemande. L'histoire d'un succès qui va fêter ses vingt ans! Le Deutsches Theater présente pour les fêtes de fin d'année la production dans la mise en scène originale de Harry Kupfer avec les décors de Hans Schavernoch.

Le destin de la belle Impératrice d'Autriche touche et fascine des générations entières depuis plus d'un siècle. Tout le monde connaît les films avec l'inoubliable Romy Schneider dans le rôle de Sissi et Karlheinz Böhm dans celui de l'empereur François Joseph.  Michael Kunze et Sylvester Levay ont abordé la fascinante personnalité de Sisi (les Autrichiens optent pour une orthographe avec un seul S) sous un tout autre angle: ils refusent le kitsch et décrivent le chemin de vie de l'Impératrice avec ses hauts et ses bas, ses bonheurs et ses doutes, son engagement et son retrait.

Les auteurs lui prêtent une histoire d'amour avec la Mort (qui est bien un homme, car le nom "mort" est masculin en allemand). Michael Kunze a placé cette figure masculine aux côtés d'Elisabeth, une figure androgyne qui personnifie la personnalité profonde de Sissi.

Sissi sera interprétée à Munich par Annemieke van Dam et Mark Seibert incarnera le rôle de la Mort.

Une production de Semmel Concerts.

Du 21 décembre au 15 janvier au Deutsches Theater de Munich-Fröttmaning.
Réservations en ligne en cliquant ici.



Elisabeth - Das Musical

samedi 10 décembre 2011

Les sociaux-démocrates allemands veulent ouvrir le mariage et l'adoption aux gays et aux lesbiennes

Zwei Fahnen beim CSD Leipzig 2006: Wann wir wehen Seit´ an Seit´... - Quelle: Schwusos Sachsen
Photo: Schwusos Sachsen
Les sociaux-démocrates allemands du   Sozialdemokratische Partei Deutschlands (SPD) se sont réunis en congrès national (Bundesparteitag) du 4 au 6 décembre à Berlin. Le thème du congrès: Notre capital: la démocratie et la justice. A l'occasion de ces journées, ils ont donné des lignes directrices qui pourraient s'avérer décisives pour les gays et les lesbiennes de ce pays, en cas de changement de majorité. Ils rejoignent ainsi, enfin, les écologistes de Bündnis 90 / Die Grünen. Le SPD est actuellement la principale force d'opposition en Allemagne.

Les délégués se sont déclarés unanimement opposés à la loi actuellement en vigueur qui interdit le mariage aux couples du même sexe. Le SPD se prononce pour l'ouverture de l'institution du mariage aux couples de même sexe. Le mariage est défini comme une institution sociale qui règle l'organisation de la vie en commun, et qui doit englober tous les couples, hétérosexuels comme homosexuels. 

Ces mêmes délégués se sont aussi prononcés à l'unanimité pour l'ouverture du droit à l'adoption. Il s'agit de mettre fin aux inégalités de traitement du droit à l'adoption. Il faut qu'en cette matière aussi les couples homosexuels disposent des mêmes droits que les couples hétérosexuels. Le groupe parlementaire des sociaux-démocrates introduira un projet de loi égalitaire au Bundestag* (Parlement allemand). De leur côté, les états fédéraux gouvernés par le SPD sont invités à introduire un projet de loi en ce sens au  Bundesrat* (Sénat allemand).

Arbeitskreis der Lesben und Schwulen in der SPD (Schwusos)Schwusos, le groupe LGBT du parti des sociaux-démocrates, s'est vivement réjoui de l'adoption de ces lignes directrices qui doivent donner aux gays et aux lesbiennes une égalité complète des droits.

Ce changement de cap du parti social-démocrate est intervenu relativement rapidement: il y a 6 mois à peine, les sociaux-démocrates avaient en effet rejeté, de concert avec les chrétiens-démocrates de la Chancelière Merkel et les libéraux du FDP, une proposition de loi de la gauche ultra (Die Linke) qui visait à l'ouverture du mariage aux personnes du même sexe.

Par ailleurs, le statut et la reconnaissance du groupe LGBT social-démocrate au sein du parti ont été améliorés.

Source: Queer.de
* L'Allemagne dispose d'un système bicaméral:

- le Bundestag ou Diète nationale allemande: représentants élus de tout le pays dans de grandes élections nationales, où la répartition des sièges se fait selon le nombre de voix des partis politiques dans tout le pays.

- Bundesrat: représentants élus de chaque Bundesland, et chaque membre représente son Land et pas seulement son parti politique

Les prochaines élections nationales auront lieu en 2013, sauf dissolution anticipée. Le Bundestag est actuellement dominé par une coalition de chrétiens-démocrates et de libéraux, qui refuse l'ouverture du mariage aux personnes du même sexe. Seul un changement de majorité permettrait le vote de lois donnant l'égalité des droits en matière de mariage et d'adoption. La nouvelle ligne de conduite du parti socialiste allemand (SPD) est à ce titre une avancée de la plus haute importance.

vendredi 9 décembre 2011

La Fura dels Baus et Zubin Mehta donnent un Turandot du superlatif à Munich



La Fura dels Baus de Carlus Padrissa et Zubin Mehta ont tous deux fait l'expérience de la Chine. En septembre 1998, Zubin Mehta dirigea huit représentations de Turandot au coeur de la  Cité interdite à Pékin. Il s’agissait d’une co-production internationale  mise en scène par Zhang Yimou et riche d’un nombre impressionnant de figurants notamment complétés par d’authentiques soldats de l’Armée populaire de libération. Plus récemment, durant les six mois de l'expo de Shangaï en 2010, la Fura dels Baus y a présenté à quatre reprises son spectacle Windows in the city, alors le plus grand montage que la compagnie eut jamais réalisé, un spectacle choisi par les autorités chinoises pour mettre en scène le thème de l'expo Better city, better life. Tant le chef indien que la troupe catalane ont expérimenté les réalités chinoises contemporaines et ont le sens de la démesure, du grandiose et du superlatif. Leur rencontre au Théâtre national de Munich ne pouvait que produire un spectacle détonnant.

Padrissa renouvelle le propos de Turandot en plaçant l'action en 2046: l'Europe autrefois prospère est tombée sous la domination de la Chine, qui l'a sauvée au moment de la crise financière, - précisément celle que nous connaissons aujourd'hui. Turandot, princesse d'une Chine devenue la première puissance mondiale, contrôle tous les citoyens européens qu'elle a condamnés à rembourser la dette de leurs parents jusqu'au dernier centime. Le cadre de sa dictature aux procédés antiques (on coupe les têtes, on empale sur de longs bambous) est résolument contemporain: une ville éclairée par les néons, une roue gigantesque en forme de turbine, le monde d'internet et des ipods. La princesse décapite ses prétendants enamourés à un rythme d'abattoir, une princesse à l'âme et au coeur glacés que Padrissa symbolise en plaçant l'action sur une patinoire. Padrissa utilise des moyens gigantesques pour occuper tout l'espace scénique: des choeurs surdimensionnés vêtus de costumes qui combinent futurismes et allusions à la tradition, avec des imprimés de grands idéogrammes, des actionnistes omniprésents, acrobates, hockeyeurs, danseuses sur patins à glaces, break danseurs, groupe d'adeptes du taï-chi-chuan...Une esthétique à la Blade runner dans un monde orwellien.

Carlus Padrissa s'est entouré de professionnels de renom. Franc Aleu a conçu des projections videos plutôt somptueuses auxquelles il a tenu d'ajouter quelques moments de 3D. Le public, qui a reçu des lunettes aux micas bleus et rouges à l'entrée, est averti par un signal lumineux en forme de lunettes qu'il doit les chausser. Mais voila, les lunettes du Bayerische Staatsoper sont de la pire qualité  possible, de fins cartons porteur de micas aussitôt froissés, et l'effet 3D supposé relier le spectateur à une roue gigantesque et terrifiante manque son objectif tant la vision est médiocre. Pour comble, alors que 2000 spectateurs chaussent au même moment ces piètres paires de lunettes, les bruits des cartonnages et des micas froissés dérangent l'audition de la pure musique émanant de la fosse d'orchestre. Un gadget qui n'est en rien nécessaire car il n'ajoute rien à la production, sinon un zeste supplémentaire d'ultra-modernité, et qu'il ne fallait en aucun cas utiliser sans déployer le même luxe de moyens que pour le reste de la production, en l'occurrence des lunettes de qualité comme en fournissent aujourd'hui la plupart des cinémas munichois qui proposent la 3D. Curieuse économie pour un piteux effet, pour un spectacle au coût sans doute exorbitant. Comme le faisait remarquer un spectateur l'art théâtral est en soi un art tridimensionnel, et Franc Aleu réussit parfaitement les vidéos en couches superposées. Point trop n'en faut. Bien sûr l'opéra est un spectacle total, mais faudra-t-il demain se munir en plus de lunettes d'un vaporisateur computérisé pour pouvoir respirer l'odeur fétide du sang des amoureux exécutés ou celle, sans doute plus agréable aux narines, des parfums de Turandot ou de Liu?

Ce détail ne gâche cependant pas le spectacle, un spectacle total au centre duquel le décorateur Roland Olbeter place un cercle gigantesque de trois tonnes et demi, qui évoque l'oeil de Big Brother, un oeil dont le diaphragme à iris en forme de pales de turbine va broyer le peuple soumis ou servir de guillotine pour couper les têtes des prétendants qui s'attaquent à la beauté glacée de la Princesse Turandot, la toute-puissante. C'est l'oeil de Turandot ou du système, comme on voudra, un oeil qui scrute chaque spectateur dans le public et l'enferme  individuellement dans les cercles de lumière tridimensionnelle qui en émanent tels les cercles du boa constricteur (tel était en effet le but recherché de la 3D).

Au premier acte, la scène est constamment occupée par les choeurs et les actionnistes, auxquels s'ajoutent une soixantaine d'enfants,  ce qui donne l'impression d'une foule innombrable et grouillante, multiplicatrice. On n'est jamais seul. Et, comme sur une scène antique et cathartique, les protagonistes déploient leurs sentiments et leurs émotions devant un public omniprésent sur la scène. Il n'y a aucune place pour l'intimité dans Turandot: l'amour, la mort, le don total de soi, la barbarie sont totalement exposés au regard de tous les autres et contrôlés par l'Oeil suprême. Les protagonistes, le Prince Calaf et son père, l'esclave Liu et la Princesse Turandot en acquièrent une dimension hyperbolique. La Fura dels Baus est là parfaitement dans son élément: on se souviendra que la troupe a dès l'origine produit des spectacles de théâtre de rue.


Kevin Conners (Pang), Emanuele D'Aguanno (Pong), Fabio Previati (Ping)
Au grouillement de la foule succédera le décor d'une mer de crânes mouvants aux os blanchis, dont la houle se perpétue dans la video qui fait fond de scène. A l'avant-plan de cette blancheur macabre d'ossuaire dialoguent les Ministres Ping, Pang et Pong revêtus de somptueux costumes de cour stylisés conçus par Chu Uroz. Puis s'illumineront des enseignes lumineuses dont les néons représentent des idéogrammes dont le décodage est laissé à l'imagination: slogans impérialistes ou commerciaux, c'est selon. Du cintre descendent des filins porteurs de cages ouvertes porteurs de personnages au repos. Là aussi l'interprétation est ouverte, peut-être évoquent-ils aussi les cités dortoirs où les travailleurs du régime doivent bien aller se reposer, en alternance sans doute.

Enfin, Carlos Padrissa donne une lecture plutôt optimiste de la mort de Liu: l'esclave amoureuse de Calaf refusera de livrer le nom de son bien-aimé et est portée au supplice: suspendue à un filin, elle sera empalé par la croissance rapide d'un bambou acéré. Mais ce don total de soi est propitiatoire. Par la mort rédemptrice de Liu, le monde cruel est enfin apaisé et les verdeurs d'une mer de bambou laissent entrevoir pour tous un avenir plus radieux. Padrissa y insiste: la beauté de Liu et de son amour, son immense tendresse qui va jusqu'au sacrifice suprême, sont en totale antinomie avec la froideur glacée de Turandot. On est d'autant plus dérouté par les choix de Calaf, qui semble ignorer la parfaite douceur de l'amour et lui préférer l'héroïsme fou de la conquête d'une femme sanguinaire au coeur congelé. Et c'est encore plus marquant dans la version inachevée de l'opéra qui a ici été privilégiée: la transcendance du sacrifice l'emporte de loin sur l'amour naissant de Turandot pour Calaf.

Toue la mise en scène de Carlos Padrissa sert la musique comme une immense chambre d'écho, dans laquelle le chef, l'orchestre, les choeurs et les chanteurs ont fait quelques merveilles. Zubin Mehta, on le sait, présida aux destinées musicales de l'Opéra de Munich pendant huit ans. Et le public lui a réservé un accueil grandiose et reconnaissant, qui s'est mué en admiration pendant toute l'exécution, que Mehta a dirigée avec l'énergie de la passion en animant des choeurs et un orchestre impeccables. Et pour ce théâtre de la démesure, il fallait des chanteurs d'exception avec une grande puissance vocale. Jennifer Wilson et Marco Berti disposent de cette puissance: Wilson avec une présence imposante tant physique que vocale et Berti, qui rappelle l'art de Pavarotti même s'il s'arrête court sur la dernière syllabe du dernier moriro' du Nessun dorma. Dans le domaine du superlatif, le Timur d'Alexander Tsymbalyuk, et la palme suprême pour la Liu d'une sensibilité extraordinaire d'Ekaterina Scherbachenko, dûment ovationnée par un public frénétique.

Le message qu'a voulu transmettre Carlus Padrissa est optimiste: face au monde glacé et insensé qui broie ses populations, face à la froideur et à l'insensibilité des puissants s'élève doucement le Chemin du Tao, qui ne recule devant aucun sacrifice pour reféconder et rendre la vie à  la planète, qui en a un besoin urgent.

Crédit photographique: Wilfried Hösl

mercredi 7 décembre 2011

Steps & Times: very british au Bayerisches Staatsballett



Frederick Ashton und Kenneth MacMillan











Des oeuvres des chorégraphes Frederick Ashton  et de Kenneth MacMillan sur des musiques d' Igor Strawinsky, Johannes Brahms, Johann Strauss et Gustav Mahler
Bayerisches StaatsballettDeux oeuvres exceptionnelles représentatives de leur temps et de leur genre. Les Scènes de Ballet ont été créées en 1948 par Frederick Ashton pour le Royal ballet. Jusqu'à la fin de sa vie, Ashton considéra cette production comme son véritable chef-d'œuvre. Un concentré de chorégraphie, 25 minutes de mouvements structurés dans l'espace conçus pour le rythme, la  mélodie et l' harmonie de la musique douce-amère de Stravinsky. Une paire de danseurs solistes entourés de douze danseuses et de quatre danseurs. Une oeuvre d'une beauté suprême, sans compromis. Les décors et les costumes sont l'oeuvre d'André Beaurepaire, avec les danseuses en courts tutus modernes, avec des dessus aux décorations géométriques et des  bijoux étincelants autour du cou et de la tête.

Le "Chant de la terre" de Kenneth MacMillans est une oeuvre plus récente datant de 1965. Le chorégraphe l'avait conçue pour le  Royal Ballet, mais elle fut créée au ballet de Stuttgart sur les musiques aux profondeurs brillantes des dernières oeuvres de Gustav Mahler. Un travail dans lequel la danse reflète une réflexion profonde sur la mort, l'espoir et la vie.

Entre ces deux oeuvres majeures, deux miniatures d'Ashton: une évocation du temps d'Anna Pavlova sur des rythmes de valse et de son pendant moderne, dans le style d'Isadora Duncan, c'est-à-dire pieds nus, extatique, pathétique et profondément émotif. Ensuite un superbe pas de deux: "Voix de Printemps".

Une soirée prometteuse, un rêve d'Angleterre.

L'orchestre national sera dirigé par Ryusuke Numajiri.

Agenda

Les 22 (première), 23 et 28 décembre
Le 4 janvier
Les 29 et 30 mars
Le 1 et le 28 avril
et le 7 juillet (Opernfestspiele)

au Théâtre National.

Pour réserver, cliquer ici, puis sur la date souhaitée et suivre la procédure 

mardi 6 décembre 2011

Un Casse-noisette de conte de fées au Theater-am-Gärtnerplatz


 
Hans Hennig Paar a redessiné une chorégraphie magique pour le Casse-noisette de Piotr I. Tschaikowsky, basé, on le sait, sur un conte d'Alexandre Dumas. L'oeuvre avait été montée pour la première fois en 1892 au Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg sur une chorégraphie de Lew Iwanow, dont on peut encore avoir une idée à Munich si l'on se rend voir la chorégraphie de John Neumeier par le  Ballet National bavarois au Théâtre National,  une mise en scène qui comporte de nombreuses références à l'original. C'est là un des luxes incomparables de la capitale bavaroise de pouvoir jouir de deux chorégraphies de la même oeuvre au cours d'une même saison! La mise en scène de Hans Hennig Paar date de 1999: un travail luxuriant qui renouvelle le propos du conte et déborde d'imagination créative. Les deux travaux sont incomparables tant ils travaillent sur différentes options: on les verra si possible l'un et l'autre!

Hans Hennig Paar va vers une simplification du propos: la famille Schmidt, une famille de  petit-bourgeois sympathiques, célèbre le réveillon de Noël dans un intérieur aux parois faites de cadeaux emballés de rouge et empilés comme des briques sur lesquelles se détache un sapin d'un vert étonnant. Trois générations plutôt typées vivent sous le toit familial. Les enfants, Fritz et Clara, de grands ados mal grandis et dégingandés, se disputent autour de l'arbre et des cadeaux. Tandis que les parents leur ont offert des poupées modernes robotisées et à taille humaine, une Barbie pour Clara, un robot combattant pour Fritz, l'oncle Drosselmeier, qui a été invité à venir passer le réveillon en famille, apporte des cadeaux à l'ancienne: un grand livre de contes de fées et un casse-noisette en bois, avec sa mâchoire articulée caractéristique. Mais au cours d'une des nombreuses chamailleries, le casse-noisette est brisé. Il est temps de mettre les enfants au lit.

Clara endormie se met à faire un rêve fantastique: les deux robots s'animent et se multiplient en plusieurs exemplaires, ils ne sont plus sous contrôle et menacent Clara. Le casse-noisette la défend et parvient à sauver la jeune fille des jouets infernaux. Sous son masque de bois, il se révèle être un prince déguisé en casse-noisette, et il emmène Clara dans le livre de contes devenu géant. Au deuxième acte, on est dans l'univers des contes de fées, et Clara y rencontre tous les personnages des contes de son enfance: Blanche-Neige et les sept nains,  le petit chaperon rouge et le loup, une horde de licornes, un dragon chinois et un sultan,  etc.

Le festival multicolore des costumes et des décors d'Annette Riedel est enthousiasmant. Les nombreux enfants présents dans la salle sont pris sous leur charme  par l'action au point qu'on les entend à peine, tant ils sont captivés. Mais c'est pour mieux laisser éclater leur joie au moment des applaudissements!

 Le premier acte est rondement mené et se termine par l'apothéose de la danse des flocons, une véritable scène d'anthologie chorégraphique, alors que le second, s'il pèche un peu par la succession des numéros et par un décor plus sobre, une simple accumulation des personnages de contes de fées qui  dansent sans autre fil conducteur que d'être issus du même livre, se rattrape cependant par la qualité de certains tableaux. Ainsi de celui de Blanche-Neige et des 7 nains, le septième étant une poupée portée à bout de bras par le sixième des nains. Ou encore du bal des licornes. Tous ces personnages finissent par se réunir pour une scène carnavalesque.

Il faut courir voir ce Casse-Noisette si on trouve encore de la place et y emmener toute sa famille. La production de Hans Hennig Paar est une fête et un régal, et c'est sans doute la dernière saison où il sera posssible de la voir à Munich et à Ingolstadt puisque l'an prochain le Theater-am-Gärtnerplatz change d'équipe.



Agenda

Les 7 et 26 décembre (à Munich)
Les 10, 11, 15 et 16 décembre 2011 ( à Ingolstadt du 10 au 16 décembre)
Les 5, 6 et 20 janvier 2012 (à Munich)
Les 6 et 18 février 2012 (à Munich)

Réservations, cliquer ici puis sur la date désirée et suivre la procédure

Crédit photographique