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mardi 17 mai 2011

La Bohème d'Otto Schenk traverse le temps. Joseph Calleja épatant!



On ne change pas un cheval gagnant. C'est vrai aussi au   Bayerische Staatsoper, qui maintient avec succès depuis plus de quarante ans au répertoire une excellente Bohème dans la mise en scène d'Otto Schenk (1969) et avec les décors et les superbes costumes de Rudolph Heinrich. Les salles sont combles, tout est millimétré comme du papier à musique, les tableaux sont si intelligemment conçus que les chanteurs peuvent pleinement s'adonner à leur métier de chanteurs , et cela ravit le public munichois, dont on dit parfois qu'il est fort conservateur, mais qui est à coup sûr très mélomane quand il n'est pas lui-même musicien.

La Bohème de Schenk et Heinrich se déroule exactement là où elle doit se dérouler: sous les toits et dans les rues du Paris de 1830. Le premier et le quatrième tableau ont lieu dans les combles d'un immeuble parisien disposant de verrières qui laissent pénétrer la lumière chère aux artistes peintres et le froid de cet hiver glacial qui va tuer Mimi. Le deuxième tableau est tout simplement magique: Heinrich reconstitue un quartier de Paris avec son animation nocturne, une foule nombreuse aux mouvements étudiés, quasi choréographiés par Schenk, et un luxe de moyens inouï par le nombre de figurants et de choristes, on a cent personnes en scène, les enfants qui se pressent autour de Parpaillot, les marchands ambulants qui poussent leurs charettes, les dîneurs du café Momus, un défilé d'une trentaine de soldats. C'est Paris avec ses lampadaires et sa colonne Morris, ses réclames publicitaires et en fond de décor, un bâtiment à portique classique. Le troisième tableau, beaucoup plus sobre, prend place à la Barrière d'Enfer (actuelle place Denfert-Rochereau), avec la simple grille de l'octroi surveillée par la garde, et l'entrée du café où Musette et Marcello ont trouvé un engagement temporaire.

 Dans l'opéra de répertoire, ce qui change, ce sont les chanteurs et le chef d'orchestre. La palme de la Bohème de ce mois de mai revient sans conteste à l'extraordinaire performance du ténor lyrique  Joseph Calleja  en Rodolpho: une voix lumineuse et dorée, qui s'inscrit dans la ligne d'un Giuseppe di Stefano ou d'un Carlo Bergonzi, un timbre aux résonances magiques avec un délicieux vibrato, une technique si travaillée et maîtrisée tout entière au service de l'émotion. Un jeune ténor "à l'ancienne", brillant, avec une puissance vocale qui n'a d'égale que la force de sa présence scénique,un régal!

La soprano russe Hibla Gerzmava donne une Mimi sensible et douce, une présence plus timide face à un Rodolpho plus conquérant, avec une voix chaleureuse qui fait le succès de la chanteuse. Levente Molnàr, ne des valeurs les plus sûres du Bayerishe Staatsoper,  offre un Marcello puissant et convaincant. Remarqué aussi, Andreas Hörl, qui remplaçait Steven Humes au pied levé, a pris le rôle de Colline avec assurance.

On attend avec impatience la reprise de cette production, lors des Openfestspiele de juillet 2012, qui mettra en présence Calleja (photo) avec une Angela Gheorghiu qui avait été révélée en 1992 à Covent Garden précisément dans le rôle de Mimi, actuellement une des meilleures interprètes de Puccini. Elle vient de remporter le succès de la saison londonienne avec sa superbe interprétation d'Adrienne Lecouvreur aux côtés d'un non moins superbe Jonas Kaufmann, en décembre 2010.




Agenda

13, 16, 20 et 24 mai
Et les 18, 21 et 26 décembre
Et en 2012: les 17 et 20 juillet, avec Angela Gheorghiu dans le rôle de Mimi
 
Réservations: cliquer ici puis sur la date désirée et suivre la procédure

Crédit photographique: Bayerische Staatsoper


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