
Le choix du vaudeville
Le Theater-am-Gärtnerplatz propose depuis décembre dernier une nouvelle production de la Chauve-Souris (die Fledermaus) de Johan Strauss fils dans une mise en scène d'Ulrich Peters, qui a choisi l'option de traiter la pièce plutôt comme un vaudeville que comme une comédie de moeurs légère, davantage à la manière de Courteline ou de Feydeau qu'à celle de Marivaux. Un travail précis sur la production d'effets et l'amplification du comique de situation. Rien qui ne soit très compréhensible par un public conquis par avance, qui se met à dodeliner de la tête et des genoux pour scander la musique dès les premières mesures de l'ouverture. Il ne s'agit pas tant de renouveler l'opérette que de divertir, et ce pari-là est entièrement réussi.
La fête aux décors et aux costumes
Comme souvent au Gärtnerplatztheater , la fête est menée rondement et tant les décors de Herbert Buckmiller que les costumes de Götz Lancelot Fisher y contribuent largement. Buckmiller est gagnant sur tous les plans: l' intérieur du grand bourgeois Eisenstein et de sa femme Rosalinde rendent bien l'impression du riche et du cossu et du confortable dans le monde des nantis de Paris ou deVienne, les grandes fenêtres vitrées de sa grande salle de réception bleu et or d'un grand hôtel particulier fin XIXème ouvrent sur un jardin arboré avec une statue des trois grâces, mais où on se demande pourtant ce que viennent y faire les deux grandes représentations d'Andromède nue attachée à son rocher. S'il s'agissait d'évoquer la soumission de la femme, c'est fort éloigné de la réalité du livret de Karl Haffner et Richard Genée qui présente des figures féminines entreprenantes et roublardes qui mènent le monde des hommes à la baguette de leurs startagèmes inventifs. Si les femmes de la Fledermaus sont enchaînées , c'est qu'elles le veulent bien. En contraste très réussi sur l'abondance des couleurs chaudes, la prison verticale de Buckmiller, réduite au premier plan de la scène, refroidit un moment un public rigolard et allègre, un court moment seulement car rien n'est très sérieux dans cette prison avec son gardien perpétuellement ivre ou son squelette débonnaire d'un prisonnier mort depuis longtemps mais qui rappelle le squelette de nos classes de sciences plus qu'il n'évoque de mauvaises pratiques carcérales. La prison finit d'ailleurs par s'ouvrir pour laisser le passage à la fête finale au palais du Prince Orlofsky, pour l'explication et la réconciliation finale.
Les costumes montrent des robes à tournure, la traine étant remontée sur les hanches, que peuvent encore souligner un petit panier. Et il est vrai qu'il est beaucoup question d'histoires de fesses, comme en témoignent les corps très déshabillés de la fin de la fête dans les salons du Prince Orlofsky. Les jupons cocardiers du french cancan (on a introduit quelques pages d'Hoffmann dans la musique de Strauss) sont aussi très réussis.
Les politiques borcardés
Les politiques borcardés

Rosalinde est interprétée avec brio et générosité par Heike Susanne Daum, avec son soprano très confiant , Tilmann Unger en Gabriel von Eisenstein et Torsten Frisch en Dr Falke campent bien les amis antagonistes, tandis Ella Tyran en Adele joue admirablement les soubrettes délurées. L'orchestre est mené par la baguette enjouée et très applaudie de Benjamin Reiners.
Renseignements et réservations
Il ne reste que trois représentations et les deux premières sont déjà complètes, tant la nouvelle production a du succès. Quelques places restantes pour le 10 mai. Pour réserver , cliquer ici puis sur Karten bestellen en face de la date désirée.
On peut cependant imaginer une reprise l'an prochain.
Crédit photographique: Hermann Posch
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