samedi 20 octobre 2018

Un musulman jouera un des premiers rôles dans le prochain Jeu de la Passion d'Oberammergau

Pilate condamnant Jésus à mort. Crédit Passionsspiele Oberammergau

Il n'y pas pas que la bière qui soit savoureuse en Bavière. La question religieuse l'est tout autant dans ce pays qui vient de réimposer la croix dans les halls des édifices publics. Et l'histoire que vient de nous servir le metteur en scène du Jeu de la Passion ne manque elle non plus pas de saveur.

C'est aujourd'hui que la ville d'Oberammergau rendra public les noms des 20 protagonistes de l'édition 2020 du Jeu de la Passion, et, si peu d'infos ont filtré, il en est une qui ne manquera pas d'interpeller les Bavarois les plus traditionalistes, puisque le metteur en scène Chritian Stückl a laissé entendre dans une récente interview au Spiegel qu'un habitant musulman d'Oberammergau jouera un des trois apôtres les plus importants : Jean, Pierre ou Judas. Ce jeune musulman est âgé de 18 ans, ce qui selon le metteur en scène est trop jeune pour jouer le rôle de Jésus !

Le Jeu de la Passion se joue tous les dix ans depuis 1654 et mobilise toute la population de la petite ville bavaroise. Pour en être acteur, il faut impérativement être né à Oberammergau ou y résider depuis au moins 20 ans. Les hommes doivent en outre se laisser pousser barbe et cheveux, seuls ceux qui interprètent un soldat romain peuvent garder les cheveux courts. Sur les 5000 habitants que comptent Oberammergau, 2500 participeront activement au Jeu de la Passion dont la première aura lieu le 16 mai 2020.

Christian Stückl rappelle que jusqu'en 1990, les femmes mariées ne pouvaient pas participer aux représentations parce que les rôles de femmes devaient être confiés à des vierges.Il se doute bien qu'en choisissant un jeune musulman né dans la ville pour interpréter un apôtre, il rencontrera des vents contraires. Mais Christian Stückl ne craint pas la controverse. Lors des trois éditions précédentes, qu'il a dirigées, on lui avait reproché de s'être fait conseiller par des rabbins ou d'avoir attribué un rôle principal à un protestant. Et puis le second directeur du jeu de la Passion, Abdullah Karaca, se trouve lui aussi être musulman. 

Christian Stückl rappelle aussi que l'histoire de Jésus s'inscrit dans le cadre de conflits interreligieux juifs, que Jésus était lui-même Juif et que la philosophie de Jésus est d'abord celle d'un message d'amour et de fraternité.  Le message évangélique n'a que faire des fanatismes religieux. C'est à lui qu'est confiée la sélection des protagonistes et c'est avec sa longue expérience de sa direction d'acteurs et sur des critères uniquement professionnels qu'il fait ses choix.

Et rappelons pour notre part que Jésus est aussi un prophète de l'Islam...


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