Judith (Nina Stemme) - Barbe-Bleue (John Lundgren) Crédit photos : Wilfried Hösl |
Le Concerto pour orchestre, composé immédiatement après la fuite de Bartók de l'Europe vers les États-Unis réutilisait, plus de trente ans après la composition de l'opéra, des motifs du Château de Barbe-Bleue. Peu de temps avant sa mort, Bartók retravailla de nouveau de manière décisive le Concerto et c'est cette dernière version qui peut être appréciée dans la production de Katie Mitchell, qui l'a judicieusement choisie en première partie de spectacle pour introduire sa lecture de l'action, que le programme du Bayerische Staatsoper résume de la manière suivante :
Ainsi la dernière des victimes de Barbe-Bleue n'en est-elle pas une et Judith finira par supprimer Barbe-Bleue après l'avoir blessé à la jambe, outrepassant les droits de sa fonction policière. Katie Mitchell donne une interprétation finement nuancée du beau livret de Béla Balász qui explorait déjà en profondeur la psyché humaine, dans un travail complice avec celui de son décorateur Alex Eales, qui installe des décors en les faisant défiler dans un caisson réduisant les dimensions de la scène : les sept portes de Barbe-Bleu servent de communication à sept pièces en enfilade (et auxquelles le sang sert de fil rouge) dont les décors sont à chaque fois une illustration d'un aspect de la psyché de Barbe-Bleue et / ou de celle de ses victimes, : ainsi la pièce coffre-fort signale-t-elle à la fois l'immense richesse du protagoniste de l'histoire, et celle que cette richesse a pu exercer sur ses victimes, et les larmes contenues dans le bassin de la pièce aux larmes peuvent-elles être celle des femmes incarcérées ou celles que leur bourreau a pu verser sur lui-même et sa sinistre vie. L’ambiguïté est toujours présente et Barbe-Bleue y gagne une dimension humaine absente du conte d'origine de Perrault et plus encore de la version des frères Grimm.
Oksana Lyvniv dirige l'orchestre avec une rigueur vigoureuse qui rend pleinement les beautés du Concerto dans lequel chacun des groupes orchestraux occupe un moment la fonction de soliste, un modèle inventé par Bartók. Cette rigueur extrême est rendue indispensable en raison de la nécessaire synchronicité avec le déroulement du film de Grant Gee. La progression et les couleurs de l'oeuvre sont remarquablement bien rendues, de l'austérité du premier mouvement jusqu'aux vagues déferlantes du final. À l'intensité du soprano dramatique de Nina Stemme répondent les profondeurs menaçantes du superbe baryton-basse de John Ludgren qui semble taillé pour interpréter les méchants. Sa taille imposante projette des ombres inquiétantes sur chacune des scènes et son jeu de scène livre toutes les nuances et les complexités de son personnage. Ces deux grands chanteurs doublés de deux grands acteurs nous font vivre une soirée captivante.
Un spectacle d'une rare perfection que le Bayerische Staatsoper offre encore sur son site en vidéo à la demande jusqu'au 10 mars.
https://operlive.de/
Anna Barlow est une inspectrice de la police criminelle, spécialisée dans le travail d'infiltration. Elle enquête sur les cas de trois femmes portées disparues, qu'unit un point commun : toutes trois ont travaillé en tant qu'Escort-girls. Au gré de ses investigations, Anna parvient à circonscrire le quartier dans lequel la dernière de ces femmes a disparu. Elle se choisit une identité en adéquation avec celles des trois femmes et se crée un profil en ligne sur une agence d'escorte. Elle est sollicitée par un homme qui se fait appeler Barbe-Bleue. Elle accepte le travail. Une voiture vient la chercher et la conduit vers un lieu souterrain, situé dans ce même quartier cossu auquel l'avait menée son enquête. Barbe-Bleue l'accueille. Il la nomme Judith.
Ainsi la dernière des victimes de Barbe-Bleue n'en est-elle pas une et Judith finira par supprimer Barbe-Bleue après l'avoir blessé à la jambe, outrepassant les droits de sa fonction policière. Katie Mitchell donne une interprétation finement nuancée du beau livret de Béla Balász qui explorait déjà en profondeur la psyché humaine, dans un travail complice avec celui de son décorateur Alex Eales, qui installe des décors en les faisant défiler dans un caisson réduisant les dimensions de la scène : les sept portes de Barbe-Bleu servent de communication à sept pièces en enfilade (et auxquelles le sang sert de fil rouge) dont les décors sont à chaque fois une illustration d'un aspect de la psyché de Barbe-Bleue et / ou de celle de ses victimes, : ainsi la pièce coffre-fort signale-t-elle à la fois l'immense richesse du protagoniste de l'histoire, et celle que cette richesse a pu exercer sur ses victimes, et les larmes contenues dans le bassin de la pièce aux larmes peuvent-elles être celle des femmes incarcérées ou celles que leur bourreau a pu verser sur lui-même et sa sinistre vie. L’ambiguïté est toujours présente et Barbe-Bleue y gagne une dimension humaine absente du conte d'origine de Perrault et plus encore de la version des frères Grimm.
La pièce aux coffres-forts. |
Un spectacle d'une rare perfection que le Bayerische Staatsoper offre encore sur son site en vidéo à la demande jusqu'au 10 mars.
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