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jeudi 31 décembre 2015

Louis II de Bavière en Corée du Nord

C´est en 1984 que Louis II de Bavière a fait sa joyeuse entrée en Corée du Nord par le truchement du timbre-poste. Les postes nord coréennes ont alors émis une série de timbres représentant des portraits de souverains européens. Louis II de Bavière y apparaît en traîneau d´apparat revêtu de pelisses en fourrure sur le dernier timbre d´un bloc de neuf timbres ( timbre 2711 du 20 décembre 1984). Dans cette série on rencontre également les portraits de l´Impératrice Marie-Thérèse, de l´Empereur François Ier, de Léopold II, des Rois Louis XIV et Louis XVIII, de l´Empereur François-Joseph Ier et du Prince William.








samedi 26 décembre 2015

Die Zauberflöte: le Noël enchanté de l´Opéra de Munich

„Drei Knäbchen, jung, schön, hold und weise, umschweben euch auf eurer Reise...“ 
Rien ne convient mieux au solstice d´hiver et à la période des fêtes de fin d´année que la Flûte enchantée de Mozart, un opéra maçonnique qui consacre la victoire de la lumière du Sol invictus sur les ténèbres de la reine de la nuit. Et hier soir un ciel sans nuages porteur d´une pleine lune gorgée de lumière solaire s´est fait complice de la programmation du Bayerische Staatsoper qui a cette année encore présenté Die Zauberflöte pour le jour de Noël. C´est la période des cadeaux et hier soir la représentation était spécialement ouverte aux familles qui ont pu y convier leurs enfants. Le somptueux promenoir bleu et or et les grands escaliers où les spectateurs déambulent d'ordinaire avec la lenteur débonnaire qui sied à ces lieux prestigieux se sont animés des rires et des jeux d'enfants que leurs parents avaient parés de leurs plus beaux atours pour les emmener voir, sans doute pour nombre d´entre eux, leur premier opéra. Et il y avait beaucoup d'enfants, sages comme des images et fascinés pendant la représentation, plus joyeux et turbulents à l'entracte: on est surpris d'une telle discipline qui parle en faveur des qualités d'un spectacle captivant. On peut imaginer que les parents en mélomanes avertis avaient pris le soin de la préparation du spectacle, et le Bayerische Staatsoper n'est pas en reste qui organise une introduction au spectacle spécialement destinée au jeune public. A voir le nombre de jeunes et d'enfants, et jusqu'à des tout petits de trois, quatre ou cinq ans, on peut être sûrs que la relève est assurée et que l'Opéra de Munich continuera pendant de longues années à afficher complet et à refuser des spectateurs.

La mise en scène d'August Everding date de 1978, elle a fait le tour du monde et ne doit plus être présentée. Quelle que soit l'appréciation qu'on en ait, elle est particulièrement efficace avec un public enfantin, et c'est aussi une des richesses du livret d'Emanuel Schikaneder que cet opéra comporte différents niveaux de lecture, et qu'un de ces niveaux soit accessible aux enfants. C'est une des grandes qualités de cette mise en scène de rendre le niveau du conte de fées visible. Et les somptueux décors et les fabuleux costumes rococo de Jürgen Rose, que ce grand artiste a totalement rénovés en 2004, contribuent largement à permettre d'introduire le jeune public à l'opéra. Ainsi l'initiation, on le sait un des grands thèmes de cet opéra, devient-elle opérante pour les plus jeunes aussi. Dès l'ouverture du rideau, la Reine de la Nuit apparaît suspendue au centre d' une grande pleine lune et assiste au combat de Tamino contre un énorme serpent dragon cracheur de feu. La punition du mensonge de Papageno est soulignée par un grand cadenas. L'arrivée des adjuvants et plus tard l'apport d'objets magiques, la flûte et le carillon de clochettes, sont parfaitement lisibles par les plus petits. Ce sont surtout les clowneries d'un Papageno, superbement incarné par Michael Nagy qui donne une approche très humaine et sensible à son personnage avec une belle maîtrise vocale, qui enchantent les enfants. Monostatos (Kevin Conners) en Père fouettard et sa tribu de sbires, le domptage des singes et des ours qui se mettent à danser captivés par la musique des instruments magiques, ou encore les coups de tonnerre, relèvent aussi des récits enfantins. Et les statues de pierre qui s'animent dans ce qui ressemble à un cimetière sont tout aussi efficaces pour accrocher l'attention des plus petits: une statue de la déesse de la fortune, avec sa corne d'abondance, s'anime et se révélera être Papagena déguisée en statue; des lions de pierre se mettent à balancer la queue à la grande frayeur de Papageno et leurs têtes soudain mobiles font fuser les rires. L'opéra est rempli de magie, les enfants sont sur la scène comme dans le public: choeurs d'enfants avec les trois solistes du choeur d´enfants de Bad Tölz, le Tölzer Kanbenchor), arrivée céleste des trois Knaben , ou encore la douzaine d'enfants habillés comme leurs parents de costumes champêtres et floraux, qui représentent la descendance en ribambelle de Papageno et de Papagena, tout cela contribue à faire aussi de la Flûte un opéra bien adapté au public le plus jeune. 

L´excellent plateau de chanteurs et les admirables musiciens du  Bayerische Staatsorchester conduits par Asher Fisch, qui a souvent dirigé Mozart à Munich, ont enthousiasmé le public des petits et grands à un point tel qu´ils se sont vu réserver une standing ovation. La Reine de la nuit est interprétée par Albina Shagimuratova, une chanteuse ouzbèke très sollicitée cette saison puisque on peut aussi l´entendre dans les rôles de Constance et de Donna Anna. La chanteuse donne ses deux grands airs avec une grande aisance, elle en déjoue les embûches avec facilité tout en se contentant d´un jeu de scène impérieux et par trop uniforme. La Papagena de Leela Subramanian, qui a intégré la troupe munichoise cette saison, est d´un humour pétillant avec un fausset très amusant. Hannah-Elisabeth Müller était prévue pour Pamina, et elle était très attendue dans le rôle, a été remplacée au pied levé par Christiane Karg qui fut la grande révélation de la soirée. Son interprétation de Pamina, à qui elle confère une présence d´une rare qualité, est d´une sensibilité bouleversante, avec une  voix qui parvient à exprimer un éventail de nuances telle qu´on l´imagine volontiers dans des rôles plus dramatiques. Christiane Karg a remporté le prix bavarois de la culture  2015 (Kulkturpreis Bayern 2015). Elle sera Blanche de la Force en janvier et février dans le Dialogue des Carmélites ici au Théatre national et son incomparable Pamina donne envie de bien vite s´y réserver une place pour venir l´entendre dans ce rôle plus déchirant! (Places restantes dans toutes les catégories). Mauro Peter, avec son beau ténor léger, s´il est séduisant en Tamino et bien dans le rôle, n´atteint pas la profondeur nuancée de sa partenaire, et c´est surtout dans les duos de Pamina avec le Sarastro de l´excellent Georg Zeppenfeld que la musique mozartienne est portée au sublime.

L'Opéra d'Etat bavarois a fait ici la démonstration magistrale que Mozart peut être rendu accessible aux plus petits, c´est aussi un miracle de Noël, ou de solstice d´hiver, c´est selon.

La Flûte enchantée se donne encore à guichets fermés jusqu´au 2 janvier au Théâtre national de Munich.

Munich insolite Noël 2015


mercredi 23 décembre 2015

Première au Ballet d´Etat de Bavière: création mondiale de 'Adam is' de Aszure Barton

Adam is, Photo Wilfried Hösl: L´ours géant est une création de Bruke Brown.
Pour les fêtes de fin d´année, le Bayerisches Staatsballett nous propose une soirée en trois volets chorégraphiques avec en ouverture Le Palais de Cristal, un ballet créé par George Balanchine en 1947 sur le premier des deux ouvrages symphoniques de Georges Bizet, sa symphonie en ut majeur, suivi d´In the night du chorégraphe américain Jerome Robbins, un ballet présenté pour la première fois au Lincoln center de New York en 1970, chorégraphié sur des Nocturnes de Frédéric Chopin, et, pour couronner la soirée, de la création mondiale de Adam is de la Canadienne Aszure Barton sur une composition de Curtis Robert Macdonald dont le musicien avait reçu commande pour la création de ce ballet. Une soirée-promenade qui décline trois approches de la danse en nous menant du plus classique au plus contemporain après un passage par le romantique.

D´emblée le ballet très équilibré de Balanchine offre aux danseurs et aux danseuses du Bayerisches Staatsballett de faire une nouvelle fois la démonstration d´un art qui confine à la perfection tant dans les compositions chorégraphiques d´ensemble que dans le travail d´incomparables solistes, avec quatre duos des plus remarquables interprétés successivement par une pluie d´étoiles du ballet: Erik Murzagaliyev et Ekaterina Petina, Marlon Dino et Lucia Lacarra, Maxim Chashchegorov et Ivy Amista, et Daria Sukhorukova et Adam Zvonař. La musique du jeune Bizet, qui en a composé la partition pour un concours alors qu´il n´a encore que 17 ans, est légère et lumineuse, avec un dynamisme propice à la danse dans les parties les plus joyeuses, et un très beau deuxième mouvement, plus nostalgique et langoureux, interprété par le couple Marlon Dino et Lucia Lacarra avec une légèreté de mouvements exquise et feutrée, où la danseuse étoile semble effleurer la scène plus qu´elle ne s´y pose, dans une quasi apesanteur toute duveteuse. 

Au fond bleuté du Palais de Cristal succède le ciel étoilé d´In the night qui met en scène diverses formes de l´amour romantique. Les costumes (très élégants, dus à Anthony Dowell) et le décor très dépouillé de lustres en cristal simplement suggérés par une projection stylisée sur la toile de fond contribuent à créer que atmosphère bourgeoise très 19ème siècle proche de celle des cercles que Chopin a pu fréquenter. Les trois pas de deux de ce ballet aux formes très classiques sont parfaitement exécutés par  Ivy Amista et Javier Amo, Ekaterina Petina et Tigran Mikayelyan, et Cyril Pierre et Lucia Lacarra. On a pu une nouvelle fois apprécier l´excellent jeu pianistique de Maria Babanina, une musicienne spécialisée dans l´accompagnement de ballets.

C´est bien Adam is que le public attendait. Tobin del Cuore, l´assistant d´Aszure Barton, est en charge des projections vidéos qui accompagnent la production, avec d´entrée une vidéo qui nous balade dans un sous-bois projeté en technique 3D, une nature primordiale que l´absence de l´homme rend quelque peu mystique, comme le titre de la chorégraphie peut le suggérer. Adam fut créé avant Eve, c´est bien connu, aussi ne verra-t-on que neuf danseurs masculins sur scène vêtus de costumes blancs aux imprimés ocellés noirs (costumes de Michelle Jank). Au commencement, Dieu créa l´homme, qui se vêtit de peaux de bêtes...Ces premiers hommes, s´ils en sont, semblent partir à la découverte de l´espace et du corps, du corps de l´autre surtout, avec diverses formes d´interaction, dans des jeux de découverte, de combats ou de rapprochements, parfois homoérotiques, avec une félinité aussi, que rapporte une seconde projection video avec des gros plans surdimensionnés sur les ocelles. sur la scène est assis un teddy bear surdimensionné, de plus de six mètres de hauteur, dont les danseurs escaladent parfois les jambes et dont ils semblent parfois sortir, comme d´une matrice. Est-ce l`un simple jouet qui vient agrémenter l´enfance de ces jeunes Adams, ou est-ce davantage? La hauteur de l´ours en peluche est telle qu´elle en devient totémique. Est-ce alors la représentation que les premiers hommes se font d´un créateur, l´espoir d´un dieu bon dont les hommes se rendront bientôt compte qu´il est inanimé et sourd-muet, et ne peut répondre ni à leurs attentes ni à leurs questionnements. La musique semble bien le faire grogner, il y a là comme de sourds grondements, mais ils sont trop dérisoires pour donner un sens à l´humanité. On se contentera alors de la seule affirmation du titre, Adam is. Il n´y a, comme toujours, pas d´autres clés de lecture que celles de nos projections. Le langage chorégraphique d´Aszure Barton est fait d´explorations dont les pistes restent ouvertes. 

C´est précisément l´ intérêt de ces soirées de ballet qui juxtaposent différents langages: aux certitudes de l´ordonnancement du monde dans son expression classique ou de l´affirmation de la nécessité de l´amour romantique comme justification de l´existence succède aujourd´hui une approche qui nous renvoie à nos questionnements. Au-delà de la qualité des danseurs, l´énorme succès de la production vient sans doute aussi du fait qu´elle relaie nos interrogations et nos tâtonnements, sans plus prétendre y apporter de réponses.

Agenda

Cette saison, le spectacle Sinfonie in C / In the Night / Adam is se donnera encore le 28 décembre 2015, le 29 janvier, les 21 et 23 février et le 19 avril 2016 au National Theater de Munich.

Pour réserver en ligne, cliquer ici.

lundi 21 décembre 2015

Le pavillon mauresque à l´exposition universelle de Paris de 1867 (aujourd´hui dans le parc de Linderhof)



Deux dessins du pavillon mauresque réalisés lors de l´Exposition universelle de 1867. publiés dans 
le Grand album de l'Exposition universelle, 1867: 150 dessins par les premiers artistes de la France et de l´étranger, publié par Michel Lévy, frères, à Paris en 1868.

Plan du pavillon mauresque par l´architecte Carl von Diebitsch
Technische Universität Berlin,
Architekturmuseum in der Universitätsbibliothek, 41593

Le pavillon était situé dans la section prussienne du parc de l´exposition. Un industriel des chemins de fer prussien, Bethel Henry Strousberg, le racheta à la veuve de l´architecte Carl von Diebitsch après l´exposition. en 1870, et l ´installa dans le parc de son palais de Zbirow en Bohême. En 1876, à la suite de la faillite de Strousberg, le Roi Louis II l´acheta et le fit remonter dans le parc de son château de Linderhof, non sans lui avoir fait subir des transformations comme l´installation du trône du paon ou d´une fontaine de marbre. La dernière version du pavillon telle qu´on peut la visiter aujourd´hui est ainsi assez différente de l´original que les visiteurs de l´exposition universelle de Paris ont pu voir en 1867.

Voici la description très détaillée du pavillon mauresque, telle que publiée dans les Rapports du jury international de l´ Exposition universelle de 1867 publiés sous la direction de M. Michel Chevalier, Imprimerie administrative de Paul Dupont, Paris, 1868 (pages 302 et suivantes de la section Monuments et spécimens d´architecture des rapports)

"M. de Diebistch, de Prusse, a aussi, dans le quartier allemand du parc, élevé un pavillon mauresque très-élégamment décoré et très-habilement construit. S'il s'écarte un peu, dans certains détails, des modèles hispano-arabes, il faut se rappeler que M. de Diebistch n'a pas prétendu présenter un monument d'une architecture rigoureusement définie, mais bien tenté d'introduire dans les mœurs, les habitudes et le goût de ses contemporains, pour les luxueuses habitations de plaisance, le style orné de l'architecture orientale. Le plan de l'édifice est byzantin. C'est un carré central, surmonté d'un dôme, avec quatre ailes formant la croix grecque. Mais ces ailes sont peu saillantes elles n'ont pas plus d'importance que les macharabys des constructions mauresques. l'intérieur, le plafond du carré central est soutenu, aux angles des parties en saillie, par des groupes de quatre colonnettes réunies sur un même socle, découpant trois ouvertures, et supportant des arcs en plein cintre surhaussé dont l'intrados est festonné en dents de scie. Dans le système de construction de M. de Diebistch, les colonnes groupées ne servent qu'à l'ornementation. Le véritable support est une tige de fer, ou cinquième colonnette, placée au milieu des autres, mais sans ornements, et produisant le fâcheux effet de masquer le jour qui doit passer entre elles et de dissimuler leur isolement. Au dessus des arcatures, règne une frise décorée de colonnettes géminées, mais non accouplées, supportant un tailloir commun sur lequel repose une fausse arcature trois lobes. Le plafond, horizontal, suivant le style mauresque, est divisé en caissons sur chacun des quatre côtés, entre les caissons d'angle, l'espace est divisé en trois parties. Le tambour de la coupole est octogonal. Il se trouve raccordé avec la forme carrée du plafond au moyen de quatre petits caissons triangulaires. Chaque panneau du tambour est percé de trois ouvertures en plein cintre garnies de verres de couleur. La coupole est hémisphérique. Elle est raccordée au tambour par une fraction d'anneau concave et huit petits pendentifs triangulaires. Le tambour cylindrique qui surmonte l'anneau concave est décoré de colonnettes simples, très-nombreuses, sur lesquelles viennent s'appuyer et s'étager une suite de petites niches en stalactites dont l'ornementation est or et bleu. Aux façades principales les ouvertures correspondent la colonnade intérieure et présentent une baie principale avec arcature en plein cintre surhaussé, et deux baies latérales dont les arcs reposent sur des colonnettes. Toute cette construction est établie en fer, bois et plâtre. L'ossature, colonnes, bassement», corniches, membrures verticales et horizontales, est en fer; les panneaux et les archivoltes, ainsi que le plafond sont eu bois et plâtre; la voûte du dôme est en zinc. L'emploi du fer dans la construction des monuments déjà été tenté et n'a pas donné de résultats satisfaisants, si ce n'est pour les planchers et les dômes, c'est-à-dire pour la substitution des charpentes en fer aux charpentes en bois. Il est bien entendu que nous ne comprenons pas sous cette désignation de monuments ce qu'on désigne sous le nom général de halles. M. de Diebistch fait en ce genre une nouvelle tentative, qu'on doit encourager, mais sans en dissimuler les écueils. Il déjà construit plusieurs maisons de ce style Berlin. Il en édifie d'autres pour le vice-roi d'Egypte. Il a, ce nous semble, un danger d'autant plus difficile éviter, que le climat des pays dans lesquels ces constructions seront placées comportera de plus grandes variations de température: c'est la grande différence de dilatation du fer, du bois et du plâtre. En outre, pour apprécier sa juste valeur l'innovation tentée par M. de Diebistch, il faudrait savoir si la dépense est diminuée, et si l'attrait du bon marché pourra contribuer à répandre le goût de cette architecture luxueuse, élégante et gracieuse dans ses proportions, éclatante par sa décoration. Nous en doutons. A ce point de vue, l'architecte parait avoir mieux réussi pour le mobilier de ce pavillon, dans lequel il conservé, non-seulement les formes, mais encore les étoffes et les décorations du style hispano-arabe. Les appareils de luminaire sont exécutés en fonte de fer et en bronze, et ornés de croissants dorés et d'étoiles en cristal. Il trois photophores ainsi établis et un grand lustre, de style mauresque, garni de cristaux polychromes; au centre du pavillon est placé un buffet en bois et cristal. Les panneaux du soubassement intérieur, ainsi qu'un guéridon, sont formés de plaques de cristal imitant les mosaïques de faïences colorées. La face inférieure du cristal est gravée l'acide fluorhydrique, et ensuite colorée et dorée. Les buttacas et les différents vases sont en fonte ou en zinc, sauf les parties délicates, telles que des anses très-découpées, qui sont en bronze. La fontaine centrale est en verre de deux couleurs, travaillé comme le verre de Bohême. Enfin, au devant du pavillon, sont des meubles de jardin de même style. Ce sont des buttaccas en bois et des bancs en fonte de fer. On comprend que ces procédés de fabrication permettent d'obtenir, des prix relativement restreints, des meubles d'une ornementation très-riche et très-brillante. "

Un autre texte contemporain de l´exposition paru dans la presse allemande spécialisée (Deutsche Bauzeitung, volume 1 page 278) décrit le pavillon de Diebitsch:

"Diebitsch für die Franzosen ein Gegenstand vielfacher da sie sich dieses prachtvolle Stück Orient dem kalten und trüben Vaterlande Preussen gar nicht können Der Pavillon zeigt einen quadratischen Saal mit zwei Vorhallen und einer im Innern umlaufenden Bogengalerie von einer Kuppel bedeckt die im von vier kleinen Nebenkuppeln flankirt wird Konstruktion ist in einfachster Weise bewirkt und darauf berechnet das Ganze leicht zerlegen und versenden zu das Gerippe von Eisen die durchbrochenen Theile Eisen resp Zinkguss die Wände von kolossalen die in Holzrahme eingefügt sind Bei der die in der reichsten Weise erfolgt ist und sich alle Flächen erstreckt ist der Beweis versucht und dass die grellsten und schreiendsten Farben ohne Vermittelung neben einander gesetzt werden können sich dennoch zu harmonischer Wirkung vereinigen lassen sie in architektonischen Mustern namentlich im Relief auftreten Ein Muster von Roth Blau Schwarz Gold z B erscheint dabei in einiger Entfernung wie zarteste Viollet aber es ist klar dass sich mit den Tönen der Mineralfarben wie sie ja auch das verwendete ganz andere Wirkungen erzielen als mit den stumpfen gebrochenen Haibtönen wie gegenwärtig in unseren Dekorationen beliebt sind Wenn schon das Aeussere des Pavillons der auf einer nen Erhöhung belegen ist mit diesen bunten Wänden toh den gezackten Bekrönungen und den goldstrahlenden Kuppeln weither die Beschauer herbeilockt so ist das Innere doch fast noch anmuthiger Zu der Farbenpracht welche die Decken und Wände mit feinem Relief Ornamente überzieht tritt hier noch der Reiz der bunten Glasfenster in den Wänden und unter der Kuppel der Panneele in buntem Glas Mosaik vor Allem aber der Ausstattung Eine Fontaine mehre Kronleuchter schöne Möbel mit bunten Polstern Parquetböden und Teppiche Alles ist im arabischem Style bis in die kleinsten Details herab mit feinstem künstlerischen Gefühle durchgebildet und schliesst sich zu einem Ganzen von schönster Einheit So sehr sich der Orient oder vielmehr die Franzosen auf seine Rechnung in allerhand nationalen Bauten angestrengt hat von denen ich noch zu berichten habe so ist doch leicht wahrzunehmen wie sehr diese kleine Anlage allem Aehnlichen weitaus überlegen ist Der Pavillon ist wie frühere Arbeiten von C v Diebitsch der sich den grösseren Theil des Jahres in Cairo befindet für die Ufer des Nils bestimmt ob er an unserer Spree ebenso am Platze wäre will ich vorläufig dahingestellt sein lassen Kein deutscher Zelot aber kann es mir verargen wenn ich diese orientalische Kunst sobald sie wie hier wirklich zur Kunst geworden ist ungemein glänzend und anziehend finde und mich freue dass es einem Lands manne von uns gelungen ist sie in dieser Weise neu zu beleben."

dimanche 20 décembre 2015

Vu de France: Les beaux-arts en Bavière. Un article daté de 1867.


Les beaux-arts en Bavière, un article signé Octave Lacroix qui promène le visiteur dans la galerie consacrée aux Beaux-Arts en Bavière à l´exposition universelle de Paris en 1867. L´article est publié dans le premier volume de L´Exposition universelle de 1867 illustrée, aux pages 419 et suivantes.

Les beaux-arts en Bavière

Tout spectacle, quel qu’il soit, de la nature ou de l’art, éveille en nous deux impressions successives. La première, qu'on subit dès l’abord et qui s'impose, est une impression d'ensemble, pour ainsi dire, et. bien qu'elle ait déjà sa raison d’être et ses causes déterminantes, elle préexiste la discussion et la critique. Ce sont les détails, l‘étude appliquée à tel ou tel point défini au distinct, et les considérants motivés du jugement général qui viennent ensuite et forment la seconde impression de l'observateur et de l'arbitre. En pénétrant aujourd’hui, si vous le voulez bien, dans la belle et riche exposition des beaux-arts de la Bavière, nous nous en tiendrons à l'impression première et aux vues d’ensemble. 

Dans cette Allemagne, qui s’est avancée d'un pas si rapide à la recherche de tous les progrès, la Bavière, n’hésitons pas le proclamer, tient le sceptre de l'art, et Munich rayonne comme jadis rayonnait Athènes en milieu des petites républiques de la Grèce. Munich n'est pas, entre les capitales de l'Europe, un de ces centres bruyants qui regorgent d’une multitude industrieuse avant tout, et commerçante et affairée; mais Munich ne ressemble à aucune autre capitale, et, dans son encombrement de chefs-d’œuvre anciens et modernes réunis pieusement, cette ville a ses incomparables élégances et ses trésors que ne payerait leur prix aucune richesse. 

Le ciseau, les pinceaux, la lyre, toutes les manifestations du génie, qu’elles brillent aux yeux ou chantent aux oreilles, trouvent en Bavière et à Munich des appréciateurs sympathiques et des juges éclairés; et ces appréciateurs illustres, ces hauts juges sont des rois. 

Hélas! cher lecteur, pourrions-nous en dire autant de maints royaumes plus vantés et de maintes capitales plus tapageuses? Certes, tous les rois sont animés des meilleures volontés du monde et des plus vertueux désirs, mais quelles que soient leurs belles qualités, il est rare qu'en ce succédant l'un à l´autre, ils se transmettent leurs aptitudes particulières et leur goût personnel, le désir de poursuivre une même œuvre et de la faire fleurir. En cela, les rois sont semblables à la plupart des mortels où, de génération en génération, on voit les banquiers engendrer des journalistes ou des poètes, et les poètes donner le jour à des chefs de division et de bureau. Et, malgré tout, nous pouvons saluer en Bavière trois rois qui se sont passé et légué, avec la couronne, l’amour et le sentiment des arts, le goût du juste, du vrai et du beau, ce que j’appellerais volontiers le suprême éclat des noblesses de l’esprit et du cœur et leur plus pure gloire. C’est le roi Louis Ier qui a fait de Munich un véritable Musée, plein de merveilles, un Musée qui est un service rendu aux arts non seulement en Allemagne, mais dans toute l'Europe, et, sous cette impulsion généreuse et savante, les rois Maximilien II et Louis II n’ont cessé d’appeler depuis lors dans leur ville toute une élite d’artistes qui ont fini par fonder au dix-neuvième siècle l’École de Munich, au sens où l’on entendait autrefois ces magnifiques appellations de l’École de Florence, de l'École vénitienne et de l’École espagnole. Voilà pourquoi, à travers les empereurs et les rois qui accourent de tous côtés à Paris et visitent notre Exposition de 1867, Louis Ier et Louis II de Bavière, bien que modestement  à l’écart et sous le voile de l’incognito, sont vraiment de ceux dont on aimé le plus la présence. Cette Majesté ornée de cheveux blancs, cet aïeul roi, qui été poète et qui est resté fidèle aux Muses, comme écrivaient nos pères, est ainsi rehaussé de je ne sais quelle auréole homérique, à la fois solennelle et charmante; puis, se tenant près de l’auguste vieillard, ce jeune roi aux longues espérances, souriant et gracieux, avec un front déjà grave et inspiré, ce regard profond qui laisse voir la pensée; les deux rois, rencontrés çà et là, au Champ de Mars, au théâtre, partout, ont frappé vivement un peuple comme nous  fait pour comprendre ces groupes inusités de la poésie et de la grandeur royale sous ce double et deux fois vénérable aspect. J'ai nommé tout à. l'heure l’école de Munich et signalé en Bavière la renaissance des arts sous la protection royale. Notre cadre est trop étroit pour que je puisse indiquer ici, autrement que par leurs noms, les artistes illustres qui ont paru des premiers dans cette pléiade qui va grossissant chaque jour: c'étaient Ziebland, Henri de Hess, Schraudloph, Strœhuber, Kœnig, Cornaline, Schnorr et bien d'autres. Puis viennent Schwiser, Ferdinand Piloty, Andreas Huller, Horschelt, Kaulbach, Zimmermann, etc. Je cite en courant et au hasard de mes souvenirs. La plupart de ces peintres et de ces sculpteurs sont d'ailleurs très-brillamment représentés à l'Exposition de l867, et c’est grâce à la réunion et la variété d'une foule d'œuvres excellentes, aussi originales que supérieures, qu'on se sent comme gagné et convaincu dès les premiers pas dans cette galerie des beaux-arts de la Bavière, et avant même qu'on ait pu se rendre compte d’une si favorable impression. Mais j’ai hâte de me plaindre et de dire que si les tableaux ne laissent, la plupart du temps, rien à désirer, il n’en est pas de même des gardiens de ces trésors, qui affectent des mines de cerbères intraitables, aussitôt qu’on s’enquête auprès d’eux des moyens à prendre pour vous offrir, cher lecteurs, quelques échantillons bien choisis du savoir—faire et du génie bavarois. De là vient qu’aujourd’hui vous n’avez qu’un simple aperçu de l'exposition; mais comme il est des volontés plus aimables ou plus puissantes que celles que nous avons rencontrées jusque -là nous comptons bien vous mettre en goût d'aller voir ces dessins, ces peintures, ou, si vous les avez vus déjà, nous espérons vous en offrir dans ces pages quelques bons et précieux souvenirs. Nous avons là sous les yeux tons les genres de peinture et, saisi ou interprété diversement, tout ce qui peut tenter l'imagination de l'artiste et sa palette. L'histoire, le paysage, la fantaisie, les tableaux de chevalet, les sujets intimes, les grandes et petites toiles, les miniatures, les dessins, les lithographies, les gravures, les sculptures en marbre et en plâtre, sur métaux et sur bois, rien ne manque à cette exhibition des produits d’une nation, on ne peut mieux, ce semble, et plus heureusement douée pour ces travaux élégants et délicats. Je crois que c'est Jean Paul qui a dit: Dieu a donné aux Français l'empire de la terre, aux Anglais l'empire de la mer et aux Allemands l'empire de l'air. C’est là une parole qui ne doit pas être prise trop à la lettre, mais qui, pour les Allemands du moins, est vraiment très-juste. Eux, ils ne sont pas et ne seront jamais des réalistes, et,jusque dans leur plus exacte reproduction de la nature physique et du côté matériel des choses, il se mêle une grande somme d’idéal. Ils voient tout à travers ce joli prisme et ce frais mirage. Les paysans maquant le chanvre de M. Albert Kappris, les bœufs et les moutons de M. Frédéric Voltz, les paysages de M. Scbleich et jusqu'à ses moulins à vent, il n'est rien qui n'ait, sur la réalité même, cette teinte idéale et d’une mélancolie plus ou moins accusée. Et, pourtant ces braves Allemands sont, de la peau à l‘âme, de braves et honnêtes bourgeois et, par une singulière aptitude de leurs sentiments et de leur esprit, ils ont découvert et comme créé la poésie de la vie bourgeoise, l'attrait supérieur des petits événements de la commune journée, sur le banc, devant la porte de l'auberge ou du presbytère,et au coin du feu les soirs de décembre ou de janvier. Gœthe, en écrivant le poème si bourgeois et du même coup si humain d´Hermann et Dorothée a fait un chef-d‘œuvre, qui n'a son égal que dans les idylles de la Bible, et M. Arthur de Ramberg, qui a exposé quatre cartons en grisaille, illustrations de ce beau poème, est entré merveilleusement dans l'interprétation du génie de Gœthe. Une des plus remarquables toiles de l'exposition bavaroise est sans contredit celle qui est inscrite au livret sous ce titre: La route entre Solferino et Vallegin, le 24 juin 1859, et l'artiste, M. François Adam, a pris la peine de nous assurer qu'il avait observé sur place. Il y a, en effet, dans ce soir de grande bataille, un air de vérité qui frappe vivement le spectateur. Ces soldats de toute physionomie et de tout costume, les morts et les blessés, encombrant les ornières du chemin ou jetés pèle-mêle sur des fourgons, sont bien réels; puis, dans l'arrangement de la scène, dans l'attitude et le mouvement des personnages, le peintre a fait preuve d'un talent rare. Mais un Français n'y aurait point répandu comme un demi-voile de poésie qui flotte sur l´ensemble et qui tient, pour ainsi dire, au tempérament même et la nationalité de l'auteur. Dieu ne plaise que je lui en fasse un reproche! J'y reconnais, au contraire,une qualité, tout en constatant la différence d'humeur et de procédé entre les deux pays. Mais je me souviens que cet article n’est qu'une introduction, et, me réservant pour un autre jour de vous promener le long des tableaux ou des dessins, qui appellent et retiennent l‘attention en la charmant, de MM. Kaulbach, Piloty, de Ramberg, Baumgartner (un humoriste l), Ebert, Gruenewald, Zimmermann, etc., etc., d’une compagnie de peintres énergiques ou gracieux, [...] et piquants, ou sombres et sévères, je n´ai voulu, dans ces préliminaires un  peu longs que  vous préparer à m'écouter et me suivre. Puis, chers lecteurs français, mes compatriotes, je voudrais aussi nous prémunir encore une fois, vous et moi-même, à l´endroit d'un préjugé que l´'Exposition universelle de 1867 combat d‘ailleurs victorieusement, à savoir que, partout et toujours dans tous les ordres d‘idées et de connaissances, nous avons tout trouvé et nous savons tout.

 Assurément, nous avons trouvé et nous savons bien des choses.... Maintenant l´humanité tout entière me paraît marcher d´un bel accord, et, chacune à sa manière, dans les arts, dans les sciences et dans l´industrie, celle-ci plus, celle-là moins, mais toutes dans une haute mesure, les nations, sans se hausser sur les pieds et sans incliner les épaules, peuvent se tendre une main cordiale.Le soleil de France, en ne parlant ici même que des beaux-arts, a fait valoir cette année une variété de merveilles." 

Octave Lacroix

Louis I et Louis II de Bavière à Paris, deux rois en visite à l´exposition universelle de 1867

Les Visites souveraines. LES DEUX ROIS DE BAVIÈRE.  Un article de François Ducuing  publié dans L´exposition universelle de 1867 illustrée, volume 2, pp. 247 et 248


"Paris fait un accueil respectueux et sympathique aux deux rois de Bavière car ils sont deux, le grand-père et le petit-fils. Maximilien ler, le fils de l'un, le père de l'autre, était mort le l0 mars 1864. Le roi Louis er avait abdiqué en sa faveur, après un règne de vingt-trois ans. Pourquoi Louis ler avait-il abdiqué en 1848, lui qui avait été adoré jusque-là de son peuple reconnaissant, et dont la popularité s'est continuée après son abdication? Ah voilà il avait trop protégé les artistes, surtout Lola Montès. C'est à lui que Munich doit les principaux monuments qui l´embellissent, la Glypthotèque, la Pinathotèque. Il a même édifié près de Ratisbonne une sorte de panthéon mythologique nommé le Walhalla. Il n'y a pas de Médicis qui ait été plus amoureux des arts et des artistes que le roi Louis ler de Bavière; et, depuis François Ier, aucun roi n'a mieux cultivé les Muses. On lut doit un volume de poésies dont Frédéric de Prusse serait jaloux, s’il revenait la vie, et même un roman mythologique, Les compagnons de Walhalla, qu’un auteur de métier ne renierait pas. Le roi Louis er porte vertement et galamment ses quatre-vingt-un ans. S’il commis une faute dans sa vie, sa conduite en 1848 l’a noblement réparée. Avant et après son abdication, il n’y aura jamais, je le répète, de roi qui ait été plus avant que lui dans l’affection presque passionnée de tout un peuple. Moi-même, qui n’ai pas pour les rois plus de respect qu’il ne convient un descendant de la génération de 89, j’avoue qu’en voyant passer ce vieillard vénérable et souriant, j’aurais voulu lui baiser la main au passage. Le roi Louis ler aurait bien voulu que dans sa Bavière bien-aimée il n’y eût pas un homme ne sachant ni lire ni écrire. Que les années lui soient légères! Mais... les Jésuites lui survivront. Quant à Louis Il, le roi actuel de Bavière depuis 1864, il est tout jeune, vingt-deux ans peine, étant né le 25 août 1845. Il est de la même génération que la plupart des héritiers présomptifs que I’Exposition de 1867 a fait affluer vers Paris, le prince Oscar de Suède, le Czaréwitch, le prince Humbert, le roi de Portugal et le roi de Grèce. Son mariage va le rajeunir encore. Ce qui a distingué de tout temps la famille de Bavière, c’est l’amour des arts et aussi des parades militaires. Le jeune Louis Il n’a pas dégénéré à cet égard. C’est beau pour un roi d’être l’ami dévoué d’un artiste, fût-il Wagner Quant à l’amour des armes, le branlebas de la Prusse en Allemagne a mis l’an dernier la famille de Bavière en tentation et en péril aussi. Les Bavarois se sont héroïquement battus; et peut-être auraient—ils désiré se battre plus longtemps, si le roi l’avait permis et si le maréchal Bénédeck n’en avait autrement disposé. M’est avis que ce peut n’être que partie remise, à moins que le compositeur Wagner ne trouve un mode d'har monie tout nouveau. Le roi Louis ll est jeune, je le répète; il est destiné voir bien des choses, auxquelles nous désirons qu il soit préparé."






samedi 19 décembre 2015

La Bavière vue par la lorgnette d´un journaliste lors de l´Exposition universelle de Paris en 1867

L´exposition de 1867 vue à vol d´oiseau
(Source: extrait de l article de  Wikipedia)
La lecture des fascicules de L´exposition universelle de 1867 illustrée, volume 2, pp. 55 à 59) est des plus instructives. Comment les Français voyaient-ils le Royaume de Bavière au début du règne de Louis II de Bavière, voila ce que nous apprend un article de J. Laurent-Lapp (traducteur, journaliste politique, critique d'art, 1836-1904) consacré à la Bavière et au Wurtemberg, dont je reproduis ici,  le plus fidèlement possible, la partie consacrée à la Bavière. Le journaliste dresse un portrait consternant de la situation de cet Etat.

La Bavière et le Wurtemberg à l‘Exposition universelle. 

"Un homme d'état éminent a dit un jour, du haut de la tribune, qu'une capitale était le pouls d’une nation. Si cette qualification peut s'appliquer à certaines villes, comme Londres et Paris, qui résument et représentent le génie national d'un pays, on ne saurait l'employer pour d'autres. Munich est du nombre de ces dernières.

M. Octave Lacroix, notre collaborateur et ami, avec une imagination de poète qu'on ne saurait méconnaître, a parlé ici même de la Bavière [Il s´agit d´un article publié dans le premier volume du meme recueil de fascicules, consacré aux Beaux-Arts en Bavière. Ndlr]. La Bavière, pour lui, tient le sceptre de l’art en Allemagne, et Munich y rayonne, comme jadis rayonnait Athènes, au milieu des petites républiques de la Grèce.

Voilà qui n’est pas contestable, et nous nous inscrirons encore moins en faux contre son jugement, quand il dit que Munich n'est pas, entre les capitales de l'Europe, un de ces centres bruyants qui regorgent d'une multitude industrieuse, commerçants et affairés. Mais c’est précisément de là que nous partirons pour établir ce que nous ne nous cachons pas d’appeler un réquisitoire.

Si l’art pouvait être en Allemagne le représentant de la pensée, Munich serait sans doute la capitale intellectuelle de ce pays. Heureusement l’expression du génie germanique ne peut-être cherchée que dans les arts de la parole et dans le sein fécond des sciences philosophiques. Il y a plus. On peut affirmer que l’art a été chargé à Munich d’une mission mauvaise. Trois générations de rois se sont évertuées à noyer dans un océan de mysticisme les esprits trop prompts à s'enflammer pour les idées sociales, et à enlever aux nobles préoccupations de la science, les intelligences qu'il fallait étouffer dans cette lourde atmosphère d'un art stérile. On a bien voulu faire de Munich l’Athènes de l'Allemagne, y produire des Plidias et des Praxitèles, mais on s'est bien gardé d'y élever des Solons, des Sophocles et des Platons.

Chaque fois qu’il s'agissait de combattre pour les principes immortels du libre arbitre, de la dignité humaine et de la liberté universelle, les philosophes, fuyant la Bavière, se répandaient par toute l’Allemagne, à Berlin, à Iéna, et le soir seulement du combat, alors que la lutte les avait épuisés sans leur avoir toujours donné la victoire, ils se retiraient à Munich, pour s’endormir dans le calme effrayant et le silence funèbre de cette nécropole artistique. Ainsi Schelling et Gœrres.

Voilà ce qu'ont produit trois rois, amateurs et protecteurs des arts par politique ou par tempérament. Le roi Louis I qui, à de bons instincts, à de généreuses dispositions, alliait une haine profonde de la société moderne, s'obstinait à ne pas voir la marche de l'humanité, et ne voulait pas non plus que son peuple s’en aperçût; mais il dut comprendre qu'il n'avait pas la puissance de Josué, lorsque éclata la révolution de 1848. Son fils, le roi Max, n'aimait pas la danse, ou, pour être plus exact, les danseuses, comme son père, mais il adorait la chasse. Chorégraphie et cynégétie, le trio est complété aujourd hui par un roi dilettante qui n'a une oreille attentive que pour les compositions de l'auteur de Tannhauser et du Lohengrin , et n'écoute qu'avec distraction et indifférence les cris d‘appel de ses soldats qu'on égorge à Kissingen.

Munich inspire à tout voyageur un sentiment de profonde tristesse. Cette impression se reproduit chez le visiteur qui, au Champ de Mars, parcourt la section bavaroise. Quoi! c'est là ce pays qui compte 77 000 kilomètres carrés de superficie, qui est peuplé de 4 millions et demi d'habitants, qui occupe la partie la plus fertile de l'Allemagne, la position la plus avantageuse pour le commerce de transit. Le sud de l’Allemagne n‘est-il pas en constant rapport avec le nord où sont les cités grandes et prospères, les centres industriels et les débouchés maritimes? Et quel pays dans le sud a une position plus belle que la Bavière? L'Autriche ne peut plus réduire à l’inaction sa voisine , maintenant que la maison de Habsbourg ne relève plus de la société germanique et qu’elle se tourne vers les provinces slaves pour se refaire un poids dans l’équilibre européen. Et quand on regarde cette vigoureuse et robuste race de Bavarois, au point de vue physiologique, que voit-on? Des corps superbes, taillés comme dans le granit, une exubérance de vitalité étonnante, des constitutions à défier toute atteinte destructrice; enfin un spectacle qui rappelle que Burdach a jugé qu’il devait en être ainsi, parce que la Bavière était le pays qui produisait le plus de bestiaux et où l’on consommait le plus de viande. Et ce serait là un peuple naturellement artiste, perdu dans les vapeurs de la métaphysique et du mysticisme! Point n'est besoin de discuter pareille thèse: le bon sens se charge de répondre; celui qui ne connaît point l’histoire politique des cours d’Europe à l’égard  de l'esprit libéral au dix-neuvième siècle.

Le peuple bavarois est tenu sous une tutelle regrettable que ne justifient ni ses aptitudes, ni ses aspirations, ni sa position dans l’Europe au point de vue géographique et politique. Et pour prouver notre propos, commençons la revue de ce que nous voyons de ce peuple au Champ de Mars et constatons qu´il n´occupe, comme les Etats les plus déshérités qu´un côté d´un secteur des plus secondaires. La géographie nous apprend que la Bavière est un pays très fertile fécondé par de nombreux cours d eau, que le sol recèle de nombreux et de précieux métaux. Le sel se trouve à Traunstein [ écrit sans doute par erreur Fraunstein dans le texte (NDLR)], à Rosenheim, à Kissingen, à Orb, à Durckheim; des eaux minérales jaillissent à chaque pas d´une terre accidentée; le fer s ´exploite au Fichtelgebirge et dans le Haut-Palatinat,  l´argent près de Rerneck, le mercure au Stahlberg et à Wolfstein. D´autres endroits fournissent du cobalt, du cuivre, des pierres à aiguiser, des pierres meulières, des ardoises et du graphite. Saviez vous que la Bavière produit la meillleur terre de porcelaine? Encore une richesse non exploitée. Nous en marquerons plus d´une sur notre route Les prairies sont vastes et l élève bétail s y fait sur une grande échelle ; près de 250 000 ruches d'abeille donnent un miel excellent, et les rivières, les étangs et les lacs sont peuplés de poissons. Mais quel profit en tire le pays et quels sont les chiffres que l'exportation pourrait opposera notre accusation de somnolence?

Les grandes forêts qui couvrent le versant des montagnes occupent environ un tiers du royaume et fournissent de beaux bois de construction, mais la Bavière a-t-elle fait les mêmes efforts que I'Autriche pour nous faire admirer ses produits forestiers au Champ de Mars ?

La renommée nous a appris qu'Augsbourg se distinguait par sa bijouterie, Erlangen par ses tapis, Nymphenbourg par sa porcelaine, Wurzbourg par ses chapeaux, le Rhoengebirge par ses horloges, et Nuremberg par ses jouets et son tabac; mais qu'en penser après notre visite au Palais?

Une seule réputation, qui n'est point mensongère, c'est celle de la bière. Six mille brasseries produisent annuellement cinq millions et demi d'hectolitres. Voilà pour la quantité. Une médaille d'or accordée à cette triomphante boisson, connue sous le nom de Salvador, et débitée à l'Exposition par M. Sedlmayer, de Munich. Voilà pour la qualité. 

Singulière contradiction l C'est ce peuple robuste qui, au milieu des tabagies et des brasseries, aurait entrevu à travers les nuages de fumée, et en se montant l'imagination par des flots de bière, l'idéal le plus abstrait de l'art le plus pur!

Des vins, nous n'en avons guère vu, etmpourtant le Frankenuvein et les crus de Ridelsee, de Sommerach et d'Eschendorff ont leur mérite.

Et maintenant, pour ne dire qu'un mot du commerce, Bamberg, Nuremberg et Schweinfurth ne devraient-ils pas être les comptoirs de ce pays, si admirablement placé pour le transit, entre l’Allemagne du Nord, l’Autriche, la Suisse et l'Italie ? Mais malgré la grande quantité de voies de communication, malgré les nombreuses rivières navigables et le canal Louis, qui joint le Mein au Danube, c´est-à-dire la mer du Nord à la mer Noire et à la Méditerranée, malgré un réseau de chemins de fer, qui fait communiquer les grands centres de population avec le reste de l'Europe, le commerce est presque nul.

On peut admettre que la Bavière a exposé au milieu d'une tourmente générale de l’Allemagne, dans. les conditions les plus fâcheuses, alors que l'appel de tous les hommes valides, portait dans l'agriculture, l'industrie et le commerce, un trouble dont les conséquences se font encore sentir aujourd'hui. Mais s'il est un pays qui a dû souffrir plus que la Bavière, c'est I'Autriche, à laquelle les plus rudes coups ont été portés, et voyez la différence.

Nous allons, après cette vue d'ensemble, parcourir la galerie, et noter, au moins en passant, ce qui vaut relativement la peine d'être mentionné. Mais nous sommes aussi embarrassé que notre dessinateur qui, lorsque nous lui avons commandé une vue de l'exposition bavaroise, pour rester fidèle à notre programme d'accompagner chaque article d'une gravure, n'a pu que nous donner une vitrine renfermant -— des corsets.

En partant du Jardin central nous trouvons d'abord le premier groupe, l'histoire du travail et les beaux-arts. Un article spécial leur a été consacré déjà, un second viendra compléter le premier; il est donc inutile de nous arrêter. Citons pourtant MM. Piloty et Loehle, de Munich, qui ont exposé un volume donnant en planches fort intéressantes l'histoire du développement de la lithographie inventée par Aloïse Sénefelder, à Munich.

Nous avons parlé nous-même, dans une livraison précédente, du groupe Il, qui comprend les arts libéraux. MM. Hallberger et Pustet, libraires, l'un à Munich, l'autre à Ratisbonne, ont reçu leur part d'éloges. Une spécialité de la Bavière est la fabrication des crayons, des graphites et des ardoises. La fabrique de M. Faber, près Nuremberg, jouit d"une réputation européenne. A côté de lui, il faut encore nommer M. Rehbach, à Ratisbonne, et M. Beissbarth, à Nuremberg.

Le groupe du mobilier ne peut_nous donner qu'une triste idée du goût allemand, et nous ne citerons pas le nom de ce tapissier mal inspiré, qui. a exhibé un ameublement démodé, relégué depuis cent ans dans quelque arrière-boutique et sorti tout exprès en 1867 pour affronter le soleil du Champ de Mars. Le même reproche de manque de goût et de lourdeur de formes peut s'adresser à deux vases en albâtre et verre bleu que produit la fabrique de M. Steigcrwald, et qui par leurs dimensions attirent l'attention du visiteur. La maroquinerie et la tabletterie sont loin de pouvoir rivaliser avec celles de I'Autriche.

Bayreuth et Bamberg ont envoyé des tissus et des toiles dont on ne peut que louer la solidité, mais pourquoi la cordonnerie n'expose-t-elle que des pantoufles et des chaussons, et la chapellerie que des chapeaux tyroliens? Évidemment, c'est une des branches les plus développées de la fabrication bavaroise, mais ce n'est qu'une des branches.

Nous voilà près des joujoux de Nuremberg. D'avance mon cœur a tressailli. Que de souvenirs! Comme dans un rêve j'ai vu passer les troupeaux que je menais à la prairie, les armées que je menais au combat, les Polichinelles, les Turcs, les Chinois et les bayadères que je faisais marcher à ma guise. Troupeaux en bois, soldats en plomb, bonshommes en carton, le seul nom de Nuremberg vous avait ressuscités de cette vallée de Josaphat où repose l'enfance de chacun de nous. L'illusion n'avait duré ‘qu'une minute, et la triste réalité était là. Encore une réputation qui s'écroule! Ce lourd carrosse doré, à huit chevaux, tenus en main par des domestiques grotesques, est-ce là le dernier mot de cet art si naïf et si profond à la fois?  L'article Paris s'est-il levé pour Nuremberg comme une tête de Méduse, et n'essaye-belle même plus de lutter‘? Mais alors pourquoi l’Allemagne philosophe ne s´avise-t-elle pas de produire des poupées. revêtues des costumes de tous les peuples du monde‘? Ce serait là un moyen ingénieux d'apprendre aux enfants la géographie, comme on leur enseigne la lecture avec des lettres en pain d'épice ou en petits fours. N'est-ce pas là une tâche digne de Nurcmberg, et capable de lui refaire une réputation perdue‘? Et quoi de plus enviable qu'une réputation établie parmi les enfants ? C'est là une gloire dont le souvenir parfumé suit l'homme par toute sa carrière. 

Devant les joujoux que nous présente aujourd'hui Nuremberg, Monsieur Bébé lui-même passe dédaigneux, en haussant les épaules avec un mouvement qu'il a surpris à Fanfan Benoîton, et comme lui il s'écrie: Ça fait pitié l ‘

Nous n'avons plus rien à citer. Les bois qui servent pour le parquetage et pour les instruments à musique, les couleurs, et parmi celles-ci le bleu d'outremer et le vert de Nuremberg avec ses nuances variées, voilà les seuls produits qui nous ont encore frappé. 

Nous avons terminé notre course, et, comme dit le poete allemand, nousjetons un dernier regard sur le tombeau de nos illusions. Ileureusement l'avenir est là, et cette pensée nous rassure. Ce qui a jusqu'à présent empêché la Bavière de prendre la place qu'elle mérite parmi les nations de l'Europe, c'est l'intolérance de son gouvernement et l'influence de ses instituteurs jésuites. ll ne faut point perdre de vue que Munich est le poste le plus avancé de la politique ultramontaine. C'est de là que la sainte milice surveille les œuvres de la pensée germanique. Ce dernier mot ne donne-t-il pas la clef de l'énigme?"

Louis II de Bavière, un dessin de Mademoiselle Chenu

Dessin du Roi Louis II de Bavière dans le second tome de L´exposition universelle de 1867 illustrée, page 249



vendredi 18 décembre 2015

Opérette: Candide de Bernstein à la Reithalle de Munich

Alexander Franzen en Pangloss, choeur et ensemble
Photo Thomas Dashuber
Le Theater-am-Gärtnerplatz termine l´année par une superbe production du Candide de Leonard Bernstein mis en scène et chorégraphié par Adam Cooper dont on avait déjà pu apprécier le travail lors de sa collaboration à la mise en scène des Liaisons dangereuses montées en début d´année 2015 au Théâtre Cuvilliés. C´est la dernière version musicale de l´oeuvre qui est présentée à Munich, retravaillée en 1988 par Bernstein et qu´il dirigea lui-même au Scottish Opera en 1989, avec le livret réécrit par Hugh Wheeler dès 1974, plus fidèle au conte philosophique de Voltaire que le livret original. Une version dans laquelle on retrouve les textes des chansons originales du parolier Richard Wilbur, avec les contributions de John La Touche, Dorothy Parker, Lillian Hellman, Stephen Sondheim et Leonard Bernstein. Si les chansons sont chantées en anglais (avec surtitres allemands), les dialogues ont été transposés en allemand et accommodés à la sauce piquante contemporaine, comme c´est souvent le cas dans les opérettes. Une solution hybride qui combine les avantages du respect de la version originale et le souci de la proximité et de la connivence avec le public.

Adam Cooper et le décorateur Rainer Sinell, ont utilisé au mieux l´espace de la Reithalle. Le grand orchestre dirigé par Marco Comin en alternance avec Andreas Kowalewitz est placé derrière un écran qui occupe toute l´arrière-scène et que le jeu des lumières peut rendre translucide pour faire apparaître les musiciens. Sur l´écran se déploie une mappemonde ancienne juxtaposant deux cartes marines, respectivement des Amériques et de l´Europe-Afrique-Asie. Les parois de la Reithalle sont entièrement recouvertes de grandes toiles naïves retraçant les divers lieux visités par Candide, Pangloss et Cunégonde pendant leurs péripéties, depuis le château westphalien de Thunder-ten-Tronckh jusqu´au village proche de Venise où se termine l´action. Une estrade en U encadre la scène où sont également placées deux tribunes latérales qui accueillent des spectateurs, avec une volonté avouée d´inclure le public dans la représentation, sans aller jusqu´à le faire participer activement, une manière de rappeler que les questions posées par le conte de Voltaire, dont on se rappellera que le titre complet est Candide ou l´Optimisme, relèvent de la philosophie populaire et nous concernent tous, et sans doute  davantage encore à notre époque si sombre où la question de l´optimisme et de son contraire s´impose comme une évidence.

Adam Cooper a relevé le défi de réaliser à la fois la mise en scène et les chorégraphies de la production. Son métier de danseur et de chorégraphe lui donne l´avantage de disposer d´un sens développé des installations dans l´espace et de leurs transformations par le mouvement. Il possède au plus haut degré l´art de placer les protagonistes et les choeurs, et de les faire défiler, et de donner du naturel  et de la souplesse á l´enchainement des scènes. Il nous donne, surtout en première partie ou pour le grand final d´impressionnants tableaux d´ensemble encore rehaussés par le très beau travail du costumier Alfred Mayerhofer, qui a créé une impressionnante série de costumes tous originaux,  et très réussis, qu´il réinterprète au départ d´éléments empruntés aux modes populaires locales. Si l´on peut relever quelques faiblesses de mise en scène pour les scènes de navigation et de naufrage du retour vers Buenos Aires puis vers l´Europe,où les tempêtes sont représentées par des comédiens agitant sans trop de coordination de longues pièces de tissus, elles n´entachent guère l´énorme enthousiasme rencontré par la production lors de la première.

On se laisse emporter par la musique de Leonard Bernstein interprétée avec engouement et brio par l´Orchestre du Theater-am-Gärtnerplatz au grand complet sous la direction allègre et précise de Marco Comin qui, dès l´ouverture, charme par son sens raffiné du rythme et des tempi. Les choeurs entrainés par Felix Meybier donnent une prestation tout aussi enjouée et vivace, et  d´une grande qualité musicale. Une grosse tuile est tombée sur le spectacle: la soprano Csilla Csövari qui devait chanter Cunégonde est tombée malade et s´est veut contrainte de déclarer forfait. Par chance, le théâtre a pu lui trouver une remplaçante qui avait déjà interprété le rôle en la personne de Cornelia Zink. La chanteuse, qui se produit ces dernières saisons sur des scènes d´opéra à Berlin ou Hambourg, qui avait chanté Candide à Cottbus, n´a disposé que de deux jours pour intégrer la production et a réalisé l´exploit de fournir lors de la première une prestation éblouissante  avec de superbes effets de colorature notamment dans le grand air de Cunégonde "Glitter and be gay!". Gideon Poppe donne un fabuleux Candide, avec une voix chaleureuse et puissante, et fort bien projetée. Alexander Franzen anime toute la soirée dans sa fonction de présentateur en jouant l´ homme- orchestre pour interpréter tour à tour Voltaire (au costume et à la perruque très ressemblants),  Pangloss, Cacambo et Martin, avec un beau jeu d´acteur. Erwin Belakowitsch interprète un frère de Cunégonde au narcissisme maniéré et méprisant. Dagmar Hellberg brûle les planches avec un art théâtral consommé en vieille dame.

Le public de la première unanimement enthousiaste a acclamé avec chaleur et trépignements cette production  très réussie.

A voir à la Reithalle de Munich jusqu´au 3 janvier 2016. Places restantes. Pour réserver, cliquer ici.

mercredi 16 décembre 2015

Musique de chambre: débuts munichois pour Elena Urioste et Michael Brown

Elena Urioste

Elena Urioste et Michael Brown,  deux jeunes talents américains ont donné hier soir leur premier concert munichois dans le cadre des concerts de studio de la chaîne de radiodiffusion bavaroise BR-Klassik. La violoniste Elena Urioste et le pianiste et compositeur Michael Brown, tous deux résidents new yorkais, s´étaient rencontrés il y a six ans au Festival Ravinia, le plus ancien des festivals américains de plein air, qui a lieu près de Chicago, et après quelques essais concluants se sont associés pour former un duo de piano et de violon, qui connut son premier concert, couronné de succès, dès 2009. Les deux artistes sont animés par le souci de la plus grande perfection. A les voir en scène,à les écouter interpréter leur programme, on est tout de suite saisi par la rigueur de leur attitude corporelle et la sensibilité extrême, très intériorisée, de leur interprétation.

Jouer d´un instrument suppose une grande maîtrise corporelle, ce à quoi la violoniste Elena Urioste attache une importance toute particulière. Pour y parvenir, elle puise dans les ressources que lui fournit une pratique assidue du hatha yoga, selon la technique de Bikram Choudury. Et cela donne une présence scénique remarquable de concentration et de sérénité, où le corps et l´âme vibrent à l´unisson, où chaque geste semble exécuté en pleine conscience. C´est fort, c´est intense et d´une beauté empreinte de noblesse.

Ils avaient choisi l´optimisme pour thème de leur concert dont le programme proposait des oeuvres de Mozart, de Falla, Messiaen et Brahms. Elena Urioste explique cet optimisme du programme par le caractère alerte et joyeux de Mozart, le tempérament fougueux de l´oeuvre de de Falla, les aspects grandioses de Messiaen. Brahms enfin réjouit tout interprète virtuose. 

Mozart d abord avec la dernière sonate pour piano et violon qu´il ait composée (sonate en la majeur, Köchel 526). Mozart a alors 31 ans, un âge dont nos artistes ne doivent pas être éloignés. Ils ont ensuite donné la Suite populaire espagnole de Manuel de Falla, d´après les Siete canciones populares espanolas, que de Falla composa en 1914, suivant notamment les conseils de Claude Debussy d´utiliser pour ses compositions les ressources de la musique populaire andalouse. Paul Kochanski en avait tiré un arrangement pour violon et piano, pour six d´entre elles. Michael Brown s´est chargé de transposer la deuxième de ces chansons, la Seguidilla Murciana, complétant ainsi le travail du violoniste polonais.
En deuxième partie du programme, Michael Brown et Elena Urioste nous font découvrir un aspect de Messiaen moins connu, celui de sa musique de chambre, avec les Thèmes et variations pour violon et piano que Messiaen composa en 1932 et qu´il offrit en cadeau de mariage à sa jeune épouse, la violoniste Claire Delbos. Après cette oeuvre jouée avec une concentration toute intériorisée, les artistes ont interprété un fleuron du répertoire romantique de musique de chambre, la première sonate pour piano et violon, en sol majeur, de Johannes Brahms, une des sonates que Brahms, très exigent avec lui-même, jugea assez bonne pour la conserver. Une oeuvre appréciée des virtuoses dans laquelle le piano et le violon se rencontrent dans d´heureuses harmonies.

BR-Klassik nous offre la possibilité de réentendre ce beau concert via internet, pendant une semaine.

A noter que Michael Brown et Elena Urioste se produisent par ailleurs en trio avec piano avec le violoncelliste Nicholas Canellakis.

Source de la photographie: le site internet d´Elena Urioste.

jeudi 10 décembre 2015

10 décembre : Journée mondiale des droits humains. La flamme d´Amnesty international.

Philippe Geluck et son chat participent à la journée des droits humains. 

Dans un contexte mondial où les droits fondamentaux sont largement bafoués, la place de la flamme d’Amnesty International est plus que jamais nécessaire, essentielle, fondamentale. Elle représente une lueur d’espoir pour tous ceux qui subissent l’injustice et est un phare pour tous les défenseurs qui, risquant leur liberté voire leur vie, s’engagent à grand coût en faveur des droits humains.

Pour tous ceux-là, la bougie d’Amnesty brûle. Elle projette sa lumière et sort de l’ombre des individus en danger. Très souvent, notre action et celle de nos militants paie : en plus de sortir de l’ombre, certaines de ces personnes finissent par être graciées et sortent de prison.


Pour contacter Amnesty en Allemagne: https://www.amnesty.de/

Source des images et du texte: Amnesty.be.