Rechercher dans ce blog

lundi 28 février 2011

Ravel et Zemlinsky à l’Opéra de Munich : Jarzyna et Nagano ensorcellent l’Enfant et le Nain

Pour la première fois dans son histoire, l’Opéra de Munich met en scène deux opéras presque contemporains l'un de l'autre : L’enfant et les sortilèges de Maurice Ravel et Le Nain (Der Zwerg) d’Alexander Zemlinsky. Ce rapprochement entre les deux œuvres avait notamment déjà été tenté au Palais-Garnier de Paris en 1998, un spectacle repris à l’Opéra Bastille en 2001. Ou encore en octobre 2010, en version concertante, au Bolchoï .

Une mise en scène qui rapproche deux Univers


Pour cette nouvelle production, Munich a fait appel au talentueux metteur en scène polonais Grzegorz JARZYNA, qui signe ici sa troisième mise en scène pour l’opéra (après Cosi à Oznan et Le Joueur à Lyon). De Jarzyna, on peut dire avec un clin d’œil qu’il a réalisé le parcours inverse de celui de Jean-Paul II, dont on se souviendra qu’il avait d’abord tâté du théâtre : Jarzyna commença par étudier  la philosophie à l'Université Jagellonne de Cracovie, ville dans laquelle il suivit également des cours à l'Académie Papale de Théologie. En 1993, il commença à étudier la  mise en scène théâtrale à l'Académie des arts dramatiques de Cracovie. Depuis 1998 Grzegorz Jarzyna est directeur artistique de TR Warszawa (ancien Teatr Rozmaitosci). Et il est considéré à juste titre comme le pape de l’innovation créatrice en Pologne. Et sa formation de philosophe et de théologie laisse, avec bonheur, d’indéniables traces dans sa mise en scène.

Jarzyna a donné hier soir une dimension internationale à cette réputation en proposant une mise en scène qui plus encore que souligner les parallèles narratifs et psychologiques des deux œuvres crée de véritables passerelles au point qu’on a pu avoir l’impression de vivre un opéra en deux actes, plutôt que la juxtaposition de deux opéras.

L’Enfant et les sortilèges raconte l’histoire de la croissance d’un enfant. Colette, qui  a écrit le livret, narre la transformation d’un enfant qui passe d’une méchanceté quasi naturelle à l’univers enfantin à la compréhension, au remords et au grandissement. L’Enfant accède à une nouvelle vie en comprenant qu’il est à l’origine du mal qu’il a fait, et par cette accession, voit  le miroir que lui tend le monde se transformer. Jarzyna propose une lecture de l’Enfant dans laquelle psychologie et philosophie, Weltanschauung, se rejoignent. Le Monde est un miroir sur lequel nous nous projetons, il nous donne à voir ce que nous sommes : si nous sommes mauvais, il s’animera de manière cauchemardesque, lorsque nous devenons bons, le monde nous entoure et nous cajole. L’univers est, au moins partiellement, le reflet de ce que je suis. L’enfant prend conscience de sa méchanceté au moment où il se rend compte de la blessure et de la douleur qu’il a infligées à l’écureuil, et c’est à l'instant même de cette compréhension que l’Univers bascule et lui tend un miroir apaisant.

La tendresse finale de l’Enfant est totalement absente du Nain. La narration dans le conte d’ Oscar Wilde, dont Zemlinsky tire son opéra, fonctionne à rebours de celle imaginée par Colette : le Nain ne se sait pas nain, il n’a au départ aucune conscience de sa laideur,  il se croit adulé par les dames de la Cour, il s’illusionne de l’amour que pourrait lui porter l’Infante. A la fin de l’Opéra, des miroirs quasi lacaniens se font de plus en plus insistants pour faire comprendre que l’image horrible dont il aperçoit le reflet n’est pas celle d’un ennemi qui l’accompagne sur le chemin de sa vie, mais la sienne propre. Une prise de conscience qui le fera mourir. Pour Jarzyna, le Nain n’est pas un nain, c’est le regard haineux des autres qui créent les nains et les bouffons. Et c’est bien ce qu’il met en scène : il évoque la vanité oiseuse des femmes qui constituent la Cour de l’Infante, et leur regard réducteur, un regard dont Jarzyna souligne la portée réductrice et stérilisante  en y apposant le maquillage symbolique d’ un bandeau rouge.. Le Nain mourra car il ne pourra supporter le gouffre qui sépare sa nature propre et intime, celle d’un être humain qui nait à l’amour, du reflet dénaturé que lui renvoie le regard infernal des autres, et les miroirs qu’ils lui tendent avec de plus en plus d’insistance.

Deuxième grande passerelle tendue entre les deux opéras par Jarzyna : le thème de l’amour pour la Princesse : chez Ravel, la Princesse jaillit d’un livre  que le méchant enfant vient de déchirer, une princesse adorable, de conte de fées, se matérialise à partir du dessin d’un livre pour enfants, une princesse avec les yeux couleur du temps qui habite les rêves de l’enfant. La princesse rêvée est le premier amour de l’enfant, amour insaisissable et par nature impossible. Jarzyna en fait une princesse à l’abondante chevelure rousse, avec une coiffure et une robe qui rappellent par leurs coupes  les Ménines de Velazquez. Dans le Nain, l’Infante arbore la même coiffure rousse et la même robe que celle de la princesse de l’Enfant. L’amour nait ici aussi, dans le cœur de cet autre enfant qu’est le nain, et s’avérera tout aussi impossible, mais avec une dimension infiniment tragique, et opposée, puisque chez Zemlinsky , Eros finira en Thanatos, alors qu’on peut imaginer un avenir plus radieux pour l’Enfant, qui a entamé une nouvelle vie  et connut une rédemption. Jarzyna soigne le détail jusqu’à rappeler, en clin d’œil,  la couronne dorée surdimensionnée de la Princesse dans l’Enfant en la faisant passer dans un défilé de carton à chapeaux sur la scène du Nain.

Aux thèmes du miroir et de l’amour impossible s’ajoute la continuité du décor : le décor de l’Enfant évolue pour laisser apparaître une forêt. La même forêt sert de décor au Nain, mais les lumières changent, parce que la perspective sur l’existence change. Dans l’Enfant, la forêt a d’abord l’air d’une forêt de bambous avec des tonalités japonisantes, des douceurs ombreuses et apaisantes. La nature de la forêt dans l’Enfant est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles*. L’Enfant connaît le temps de l’opéra une croissance rapide qui va transformer son appréhension de l’Univers. La forêt jarzyniennne a le calme et la puissance rassurante des arbres qui croissent avec noblesse et lenteur.
(Charles Baudelaire, Correspondances in Les fleurs du mal)

Même décor de forêt pour le Nain, mais par le jeu des éclairages, cette forêt devient une forêt morte et stérile, aux arbres dénudés., qui recèle la symbolique de l’absence de cœur de l’Infante et préfigure la mort du Nain. Enfin Jarzyna met des voitures sur scène dans les deux opéras : remorque de camion aménagée pour l’Enfant, Cadillac  et pick up dans le Nain.

Les passerelles de Jarzyna ont réuni les deux opéras comme le fait tout  miroir qui inverse la perspective. Et cela doit nous conduire à réfléchir à notre place dans le monde et à notre impact sur le monde. Nous sommes acteurs et créateurs du monde, un monde qui deviendra  stérile ou fécond selon la manière dont nous le concevrons : à nous de choisir si à l’instar de l’Infante nous serons des exterminateurs , ou si comme l’Enfant nous parviendrons à transcender par l’amour, -fût-ce l’amour pour un écureuil sans défense-, les forces de destruction qui ont en nous. Le jeu de la vie est un jeu d’amour et de mort, et l’être humain porte la responsabilité de la forme qu’il prendra, par le fait même qu'il la génère.

L’Enfant et les sortilèges

En-deçà ou au-delà des rapprochements, les deux opéras ont bien évidemment d’abord leurs spécificités.

La musique de Ravel a été fortement influencée par le cinéma. Au moment de l’écriture de l’Enfant, cela fait 25 ans que Paris a découvert le cinématographe, avec ses mouvements encore saccadés et rapides, avec ses courtes séances qui se succèdent rapidement. La musique de Ravel est moderne et découpée comme un film avec d’innombrables séquences musicales courtes et précises, qui vont de la comptine enfantine au chant choral, et rédempteur, du final. Un style musical ciselé, sans répétitions de phrases musicales comme dans l’opéra italien, un style qui a l’air chronométré. Ravel n’a d’ailleurs pas voulu écrire un opéra, il lui a préféré le terme de fantaisie  : "je songe à une fantaisie lyrique... dont j'espère faire l'oeuvre de ma vie". écrivait-il en 1923. Kent Nagano, dont on sait qu’il excelle aussi dans l’interprétation des œuvres du vingtième siècle, a fait au pupitre un travail d’orfèvre à l’aune des exigences de l’œuvre.

Grzegorz Jarzyna a complètement intégré le cinéma dans sa mise en scène de l’action qu’il fait se dérouler sur un plateau de tournage. La maison de la Mère et de l’Enfant sont situés dans la remorque d’un camion garée sur le lieu d’un tournage. Les acteurs montent dans le camion pour les besoins de la représentation et sortent se délasser auprès des cadreurs et des opérateurs grue. Pendant le tournage, la caméra balaie l’intérieur du camion et des gros plans sont retransmis sur un large écran qui surplombe la scène. Il faut saluer les remarquables talents de comédiens des chanteurs qui pour répondre à cette mise en scène exigeante doivent réaliser la performance du double exploit de l’interprétation vocale et de la précision des mimiques dans le jeu théâtral. Généralement, les chanteurs chantent à distance du public, mais ici le gros-plan ne pardonne rien. Tous, hier soir, jouaient leur rôle avec brio.


Jarzyna s’est entouré de créateurs polonais confirmés. On a déjà évoqué la qualité des décors de Magdalena Maria Maciejewska et les lumières de Jacqueline Sobiszewski. Les costumes d’Anna Nykowska Duszunska sont tout simplement fascinants , et leurs détails sont révélés à loisir par la caméra dans la première partie de l’opéra: l’enfant aux cheveux carotte, habillé de vert et chaussé de bleu, les chanteurs qui jouent le fauteuil et la bergère sont habillés du tissu qui recouvre les sièges qu’ils incarnent, la tasse de thé et la théière deviennent d’énormes couvre-chefs, le feu porte un costume fait de lamelles jaunes, rouges et orangées, les mêmes lamelles scintillantes qui simulent le feu dans l’âtre, les chiffres qui sortent du livre d’arithmétique sont à dimension humaine. Lorsque le camion de tournage finit par être enlevé par la voie des airs, c’est pour laisser la place à un extraordinaire chœur de grenouilles aux têtes géantes. Puis viennent des atmosphères japonaises avec la libellule géante qui s’élève sous des lampes en papier et une forêt qui un moment pourrait être de bambous. Apparaît pour la scène cruciale de la transformation morale de l’enfant, une délicieuse dame écureuil porteuse d’un très symbolique miroir et d’un collier de perles blanches surdimensionné.

La jeune mezzo irlandaise Tara Erraught habite magnifiquement le rôle de l’enfant et fait preuve de talent confirmé d’une grande actrice. Okka von der Damerau fut très applaudie dans ses trois rôles de Mère, de libellule et de tasse chinoise. Remarquable la puissante princesse de Camilla Tilling ainsi que le chat et l’écureuil d’Angela Brower.

Le Nain

La musique de Zelimsky, comme il se doit, ravit le public munichois par ses accents post wagnériens et straussiens.
On se trouve à la Cour de l’Infante, que Jarzyna rend par la foule des courtisanes habillées de robes à larges corolles aux tons maniéristes , des pastels parfois prononcés qui rappellent les tableaux de Bronzino. Les courtisanes  qui arborent des coiffures à chignons montants posent et minaudent et affichent leur vanité. On fête l’anniversaire de l’Infante, dont l’habit blanc éclaboussé de rouge (est-ce là le symbole de l’âme de cette enfant ?) rappelle celui des Ménines. C’ est une petite fille capricieuse et très méchante, qui exige ses cadeaux avant l’heure prévue par le protocole. Le nain sort de la dernière boîte pour tomber aussitôt amoureux de l’Infante.
Jarzyna a orchestré la scène de la déclaration amoureuse sur le capot d’une voiture américaine décapotable, disons une Cadillac, avec toute la panoplie des jeux de la séduction, mais, on le sait, ce stade de la fusion amoureuse volera bientôt en éclats : le nain va connaître le stade du miroir en passant par l'étape coutumière du déni, du refus de l’évidence. Tout lui renvoie son reflet, ainsi la trouvaille prémonitoire  du canif dont la lame reflète son image. Le nain finira par être mis à mort par cinq miroirs en pied sur roulettes, qui se rapprochent de lui pour l’accabler de son image qu’il avait jusque là méconnue. On notera que dans la vision du metteur en scène, être nain, ce n’est pas être de petite taille, -à aucun moment Jarzyna ne force l’excellent John Daszak à contrefaire un nabot-, le nanisme se définit d’abord par le regard des autres, celui des courtisanes, et plus encore celui de la princesse cruelle.

Remarquable aussi le jeu des costumes et des lumières : les robes en corolles des courtisanes laissent apparaître des dessous qui les font ressembler à des méduses qui flottent nonchalamment au fil des eaux troubles de la Cour , plus tard elles seront éclairées comme des lampions (comme aussi un rappel des lampes en papier du premier acte). ,Cela pourrait sembler vouloir créer une atmosphère de fête, mais comme dans une corrida, c’est une fête de mise à mort. L’Infante restera totalement insensible au drame qu’elle a contribué à provoquer, et lorsque le nain mourra, elle constatera simplement que son nouveau jouet est cassé, et le délaissera pour s’en aller vers d’autres plaisirs.

Camilla Tilling, la princesse de conte de fées sortie du livre de l’Enfant, joue ici l’Infante Dona Clara, avec tout autant de présence et beaucoup plus de méchanceté. John Daszak remporte un énorme succès très mérité dans son incarnation du Nain, avec une voix de ténor flexible , qui sait moduler le chant de l’amour et les cris du désespoir, un timbre lyrique et dramatique extrêmement clair et qui évite le maniérisme, un grand bonheur pour les auditeurs ! Signalons encore la très belle prestation de la soprano Irmgard Vilsmaier, une soprano wagnérienne et straussienne qui chante magnifiquement la suivante de l’Infante, Ghitta, et la prestance très casanovesque de Paul Gay qui campe un chef du protocole parfois décontenancé par le caractère impossible de l'Infante.

Le public munichois jubilait pleinement lors de la Première . Les deux œuvres sont sorties grandies, enrichies  par la lecture toute en intelligence et en finesse de Grezgorz Jarzyna et l’exécution précise et aimantée  de Kent Nagano, l’enthousiasme des chanteurs que l’on sentait passionnés par leurs rôles, la perfection des chœurs. Il n’est sans doute pas trop tard pour réserver les dernières places, mais le bouche-à-oreille fera vite son œuvre pur cette production qui fera date dans les annales du Staatsoper de Munich.

Agenda et chemin vers la réservation: cliquer ici puis cliquer sur la date souhaitée
Crédit des photos des opéras: Wilfried Hösl

Trailer:

samedi 26 février 2011

CSD de Munich: ne dites plus Christopher street day, dites Christina street day!

Pour rendre compte de la diversité, et parce que cette diversité fait la richesse de la ville, les organisateurs du CSD munichois ont décidé de rebaptiser le Christopher street day en Christina street day.

Ce qu'en France on appelle Marche des Fiertés, et partout ailleurs Gay Pride, s'appelle aussi en Allemagne Christopher street day, en commémoration de la rue newyorkaise où s'est déroulée la première révolte gay, il y a 41 ans, en juin 1969. On se rappelera que les gays new yorkais, exaspérés des tracasseries policières constantes, se sont rebellés, ont repoussé la police et ont commencé à manifester. Tout est parti d'un bar, le Stonewall Inn, situé Christopher street à NY.

Christina street day, c'est rappeler qu'il n'y a pas que des gays, mais une toute aussi importante communauté lesbienne et de nombreux/ses trans.

Cette année les festivités auront lieu comme à l'habitude le deuxième week-end de juillet, avec la Parade  le samedi, et une fête de rue autour de l'Hôtel de Ville tout le week end.

Source et plus d'infos: queer.de

vendredi 25 février 2011

La nouvelle production de l'Opéra de Munich met en scène deux contes: L'Enfant et les sortilèges et Der Zwerg

 
Maurice Ravel /
Alexander Zemlinsky au Bayerische Staatsoper

L'Enfant et les sortilèges de Maurice Ravel (1925)
Une fantaisie lyrique en deux parties, sur un texte de Colette
En langue française avec sous-titres en allemand

Der Zwerg d'Alexander Zemlinsky (1921)
Un conte tragique en un acte, texte de Georg C. Klaren frei d'après L'anniversaire de l'Infante d' Oscar Wilde
En langue allemande

Direction musicale de Kent Nagano et mise en scène de Grzegorz Jarzyna, en coproduction avec l'Opéra de Lyon.

Résumé de L'Enfant et les Sortilèges

Dans une vieille maison de campagne, au beau milieu de l'après-midi, un enfant de sept ans est assis, grognon, devant ses devoirs d'école. La mère entre dans la pièce et se fâche devant la paresse de son fils. Puni, il est saisi d'un accès de colère : il jette la tasse chinoise et la théière, martyrise l'écureuil dans sa cage, tire la queue du chat ; il attise la braise avec un tisonnier, renverse la bouilloire ; il déchire son livre, arrache le papier peint, démolit la vieille horloge. « Je suis libre, libre, méchant et libre !… » Épuisé, il se laisse tomber dans le vieux fauteuil… mais celui-ci recule. Commence alors le jeu fantastique. Tour à tour, les objets et les animaux s'animent, parlent et menacent l'enfant pétrifié. Les meubles se mettent à danser, le feu de la cheminée poursuit l'enfant, les chiffres du livre de calcul s'animent et font une ronde autour de lui. Dans la maison, puis dans le jardin, les créatures exposent une à une leurs doléances et leur volonté de vengeance. Alors que l'enfant appelle sa maman, toutes les créatures se jettent sur lui pour le punir. Mais avant de s'évanouir, il soigne un petit écureuil blessé dans le tumulte. Prises de regret, les créatures lui pardonnent et le ramènent à sa maman en l'appelant en chœur avec lui.

Résumé du conte d'Oscar Wilde
Pour les 12 ans de l'Infante d'Espagne, un somptueux divertissement a été organisé avant le goûter d'anniversaire. En ce jour exceptionnel, le roi lui a accordé la permission de jouer avec les invités de son choix. Même avec cet affreux nain qui fait tant rire les enfants, mais qui est loin de se douter du prix à payer pour ce soudain bonheur... Corrida, marionnettes, prestidigitateur, tous les numéros sont réussis...mais celui qui remporte le plus grand succès est celui du nain monstrueusement disgracieux, qui fait beaucoup rire les enfants. La pauvre créature qui n'a jamais aperçu son reflet dans un miroir ne connaît pas sa laideur, et croit à la sincérité de la princesse qui lui offre une rose blanche. Tourné en bourrique et persécuté, il en mourra de chagrin.

Zemlinsky s'est très probablement identifié avec le personnage central de l'opéra. Son amour pour son élève  Alma Schindler (la future épouse de Mahler)se termine par un désastre sentimental. Anna dédaigne le compositeur et  au moment de leur rupture, Alma  décrit Zemlinsky comme un affreux gnome, un nabot sans menton et sans dents, les yeux protubérants.  L'intrigue de Wilde dans The Birthday of the Infanta a été modifiée pour coller à l'expérience malheureuse de Zemlinsky:  la cruauté de l'Infante est ainsi délibérément accentuée.  Sa musique est proche de certaines oeuvres de Ravel. Aussi le choix de présenter au cours d'une même soirée ces deux oeuvres quasi contemporaines se justifie-t-il à plus d'un titre.

On le voit, chez les deux auteurs, il s'agit de contre qui mettent en scène des enfants. Mais s'agit-il de contes pour enfants? C'est la brutalité de l'humanité qui est mise en scène.

L'orchestration complexe de Maurice Ravel mêle le jazz et le fox trott,  les trilles de l'opérette et le bel canto, la polka et la valse et poutr le final, le chant sacré. Il recourt à des  instruments étranges pour traduire les onomatopées du livret de Colette: cela va de la râpe à fromage à la crécelle, en passant par le fouet ou par le  wood-block.

Retransmission radiophonique de la Première sur  BR-Klassik ce dimanche soir, à partir de 18H30 pour la présentation en direct, et de 19 H pour les opéras.

Agenda et réservations:

Au Théâtre national de Munich
Les 27 février, 3, 6, 9,13 et 20 mars et le 22 juillet 2011
Pour réserver, cliquer ici, puis cliquer sur la date souhaitée et suivre le chemin vers la réservation.

Sources compilées et pour en savoir plus:
L'enfant et les sortilèges sur Wikipedia (lien vers le texte du livret de Colette!)
Le nain et la période pragoise de Zemlinsky sur le site de la Médiathèque de Belgique
Zemlinsky sur Esprit nomades

Festival de ballet en avril au théâtre national: les réservations sont ouvertes!

Pour la plus grande joie des amateurs de ballet, le Ballet national (Bayerisches Staatsballett) organise du 21 au 30 avril un important Festival de Ballet au Théâtre National. A cette occasion, le Ballet National présentera diverses oeuvres de son vaste répertoire et accueillera  Sidi Larbi Cherkaoui comme choréographe invité avec Babel (Worte) (Babel/Words).


Le festival (BallettFestwoche) s'ouvrira avec une Première:  John Neumeiers  nous offrira sa nouvelle production Illusionen – wie Schwanensee (Illusions, comme le lac des Cygnes). Une oeuvre dans laquelle Neumeier a retravaillé le  fameux Lac des Cygnes en s'inspirant de la vie tragique de ce roi de conte de fées que fut Louis II de Bavière dont la Bavière commémore cette année le 125ème anniversaire de la disparition. On pourra y voir la reconstitution du point d'orgue du Lac des Cygnes: le deuxième acte tel que Lew Iwanow l'avait choréographié, ainsi que le légendaire Pas de deux du Cygne Noir de Marius Petipa.  La création de cette oeuvre qui évoque la vie de Louis II de Bavière est particulièrement appropriée au Théâtre National, un lieu où le Roi aimait à se réfugier pour se reposer des affaires de l'Etat. . 

Babel (Worte), la production de  Sidi Larbi Cherkaoui et de Damien Jalet, est un travail choréographique sur le langage: au centre de ce  travail se trouve le Mot, sa signification, son rythme. La multiplicité des langues est-elle un obstacle sur le chemin de l'Humanité, ou constitue-telle une chance? Cherkaoui, un belgo-marocain et sa Company Eastman sont à la recherche dansante de l'utopie d'une identité polyglotte. Une  soirée qui  promet d'être exaltante.

Du répertoire du Ballet national, on pourra voir ou revoir de Nacho Duatos Vielfältigkeit. Formen von Stille und Leere ainsi que deux oeuvres de John Cranko : Der Widerspenstigen Zähmung(La mégère apprivoisée) et Onegin, et aussi  Mein Ravel: Wohin er auch blickt…/Daphnis und Chloé, choréographiés par Jörg Mannes et Terence Kohler.

Programme

Pour réserver, cliquer ici et suivre la procédure (en introduisant les dates du mois d'avril)

John Neumeier
Illusionen – wie Schwanensee
21.04.2011, 19H00 ,  Première
23.04.2011, 19H00
28.04 2011, 19H00

Sidi Larbi Cherkaoui/Damien Jalet
Babel (Worte)
30.04.2011, 19H30

Nacho Duato
Vielfältigkeit. Formen von Stille und Leere
25.04.2011*, 19H30
  * Représentation spécialement destinée aux familles, programme jeune public

John Cranko
Der Widerspenstigen Zähmung
26.04.2011, 19H30
Onegin
27.04.2011, 19H30

Jörg Mannes/Terence Kohler
Mein Ravel: Wohin er auch blickt…/Daphnis und Chloé
29.04.2011, 10H30
 
Toutes les représentations ont lieu au Théâtre National

Pour réserver:
Caisse de jour
Marstallplatz 5
80539 München

Lu - Sa: 10.00 - 19.00 Uhr

Ou en téléphonant:;

T +49.(0)89.21 85 19 20
F +49.(0)89.21 85 19 03

ou par internet
tickets@st-oper.bayern.de

jeudi 24 février 2011

Ski de fond à Kreuth

Une des meilleures destinations pour pratiquer le ski de fond à partir de Munich se trouve à deux pas du Tegernsee, dans la petite localité très huppée de KREUTH. Kreuth est située sur la route régionale 307 que l'on rejoint juste après avoir contourné et dépassé le Tegernsee. Il faut compter une heure en voiture de Munich.
La localité offre de nombreuses possibilités de pratiquer le ski de fond ou le skating. les pistes sont parfaitement entretenues par la municipalité. En 2011, aucune contribution n'était exigée, mais on vous suggère de faire un don auprès des distributeurs automatiques prévus à cet effet.

Nous apprécions particulièrement le parcours de ski de fond qui longe la rivière dans la vallée, dénommé Kreuth-Glashütte, et qui, outre la grande beauté naturelle du lieu, offre également de nombreuses possibilités de restauration. On peut commencer par remonter la rivière à contre-courant et faire l'effort de la montée, s'arrêter pour un peu de repos et de restauration, puis redescendre vers les parkings. Il y en a plusieurs le long de la piste, ce qui permet à chacun de doser l'activité en fonction du temps dont on dispose et de la rapidité avec laquelle on pratique ce sport.

Le plus: Nous recommandons particulièrement l'auberge située à côté de la petite église de la Glashütte: une auberge qui a conservé son décor traditionnel et réputée pour l'excellence de la cuisine typiquement bavaroise qui y est servie.  Sortir de la piste à la flèche Glashütte, traverser le petit pont et remonter la rivière sur quelques deux cents mètres, on aperçoit alors l'église et l'auberge qui la précède.

Kreuth – Glashütte

La piste fait au total 23 kilomètes, sans qu'il y ait de grandes montées à affronter. En outre, entre Klamm et Bayerwald , il y a quatre kilomètres de skating pour les plus rapides. La région est connue pour présenter un bon enneigement, qui persiste souvent plus longtemps qu'ailleurs..

Le parcours de la Glashütte version compacte:
  • Longueur: 16,6 km
  • Dénivelé: 184 m (hauteur maximale: 883 m)
  • Durée: 1:30 h
  • Degré de difficulté: facile
Plan des pistes:  cliquer ici
Source et plus d'infos:le site touristique de la localité de Kreuth (en allemand, aussi versions anglaise et italiene)

Photos de Luclebelge. Plus de photos: cliquer ici
 

mercredi 23 février 2011

Discriminations: l'Allemagne en reste à l'Age des Ténèbres!

Les gays et les lesbiennes resteront des citoyens de seconde classe en Allemagne. La Commission juridique du Bundestag allemand (photo de la salle où se réunit la dite Commission) a proposé début février de ne pas intégrer l'orientation sexuelle dans l'article 3 de la Constitution, qui spécifie les motifs pour lesquels il est prohibé de discriminer les personnes. Rappelons que l'Allemagne est actuellement dirigée par une coalition conservatrice composée des 'Noirs' chrétiens démocrates de la Chancelière Angela Merkel (CDU/CSU) et des 'Jaunes' libéraux du Ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle, un homme pourtant gay et pacsé.

Les trois partis d'opposition (SPD, die Linke et les Verts) avaient demandé que l'Article 3 de la Constitution soit élargi à l'orientation sexuelle. Cet article prohibe toute discrimination en raison du sexe, de l'origine, de la foi ou des conceptinos philosophiques. En 1994, la Constitution a été modifiée pour intégrer aussi le handicap dans cette liste. 

Face à ce conservatisme , les gays et les lesbiennes ne peuvent qu'espérer un renversement prochain de la coalition et le retour au pouvoir des forces de gauche. L'élection de dimanche dernier à Hambourg a renversé une coalition locale Noire-Verte pour donner la majorité absolue aux socialistes du SPD, les Noirs ayant perdu la moitié de leur électorat. Elle est signe d'espoir.

Je trouve cependant regrettable que l'électorat gay et lesbien soit quasi forcé au choix de la gauche sur cette seule question. mais c'est le fait de la droite qui persiste dans l'obscurantisme et s'inscrit de fait dans la ligne de l'église catholique qui exige la protection du droit de tendance (Tendenzschutz), un droit spécifiquement allemand qui permet à un employeur de licencier sur-le-champ un employé notamment sur la base de son orientation sexuelle, parce que cette orientation ne correspond pas aux convictions relgieuses de l'employeur.

Source: queer.de du 9.02.2011

mardi 22 février 2011

Lola Montez , courtisane royale à Munich

Cent cinquantième anniversaire de la mort de Lola Montez, un anniversaire que Munich n'a pas célébré, pas plus que les sujets bavarois de l'époque ne l'avaient appréciée. Lola Montez, après avoir été sifflée comme danseuse à l'opéra de Munich, indigna les Munichois en tant que courtisane royale, une courtisane qui maltraitait ses serviteurs et parvint à faire tomber deux cabinets ministériels, avant d'etre chassée de Bavière.

Lola Montez est le nom de scène de Marie Dolores Eliza Rosanna Gilbert. Née en Irlande le 17 février 1821 d’un père irlandais et d’une mère créole danseuse, Lola Montez ne vécut qu’un peu moins de 40 ans : elle est  morte le 17 janvier 1861.

Danseuse exotique, actrice et courtisane, elle a souvent créé le scandale, notamment  pour avoir été la maîtresse du roi Louis Ier de Bavière.

Agée de 16 ans, Eliza, la future Lola,  s'enfuit avec le lieutenant Thomas James. Le couple se sépare cinq ans après. C’est alors qu’elle devint danseuse exotique sous le nom de Lola Montez. Ses débuts à Londres en tant que « Lola Montez, la danseuse espagnole » (Lola Montez, the Spanish dancer) en juin 1843 sont perturbés quand elle est reconnue comme la femme de Thomas James. Cette notoriété ne nuit pas à sa carrière et elle devient rapidement célèbre pour sa « tarentelle » et son expression : « Ce que Lola veut, Lola l'obtient » (Whatever Lola wants, Lola gets). C'est à cette époque qu'elle devient courtisane.

Lola se rendit vite compte qu’elle pouvait vivre de ses charmes, à une époque où les puissants aimaient  entretenir publiquement des courtisanes.  Parmi ses amants et bienfaiteurs, on trouve Franz Liszt et Alexandre Dumas fils. C'est Liszt qui l'introduit dans l'entourage de George Sand, un des cercles les plus sophistiqués et avancés dans la société européenne.

C'est lors d'un voyage en 1846 à Munich que Louis Ier de Bavière la remarque et elle devient rapidement sa maîtresse. Elle commence à user de son influence auprès du roi, ce qui la rend impopulaire auprès de la population locale, en particulier après que des documents rendus publics montrent qu'elle espérait devenir citoyenne bavaroise et être anoblie. En dépit de l'opposition, le roi la fait comtesse de Landsfeld le 25 août, 1847. Le roi cède à tous les caprices de la dame : c’est ainsi qu’elle exige que le ballet Giselle soit représenté en plein milieu du mois d’aout, alors qu’une  grande partie du personnel du ballet est en congé. Il est très probable que tout cela ait largement contribué à l'impopularité du roi. En 1848, sous la pression du mouvement révolutionnaire, Louis abdique et Lola s'enfuit de Bavière pour les États-Unis, mettant un point final à sa carrière de courtisane.


Lola Montez est rentrée dans la légende des grandes courtisanes, une légende consacrée notamment par le célèbre flm homonyme de Max Ophuls, dans lequel Martine Carol incarna la danseuse courtisane avec le talent que l'on sait.


Source: Wikipedia à l'article Lola Montez
Photos: Tableau de Lola Montez en 1847  ( par Joseph Stieler,  palais de Nymphenburg), photo de Lola Montez (collections du Metropolitan Museum of Arts à New York) et affiche du film de Max Ophuls

Article Lola Montes dans le Dictionnaire universel des Contemporains, de G. Vappereau, 1861.

Née, selon les uns, à Séville, d'un père espagnol, en 1818, selon les autres, à Montrose (Ecosse) d'un père anglais, en 1820, et, selon elle-même, à Limerick, en 1824. Sa mère, créole d'une grande beauté, épousa successivement un officier espagnol, et un officier irlandais ; de là, l'incertitude. Elle fut élevée en Angleterre, dans la maison maternelle, puis, dans une pension, à Bath. Belle et séduisante, elle s'y maria fort jeune encore, avec un officier nommé James, qui l'emmena aux Indes Orientales. Un tel séjour ne pouvait lui convenir ; elle s'échappa bientôt et, sur le vaisseau même qui la ramenait en Europe, inspira déjà de grandes passions. C'est alors qu'elle fit en Espagne un court séjour qui accrédita son origine espagnole. elle ne tarda pas, du reste à retourner en Angleterre où elle fut disputée par plusieurs grands seigneurs. De leur palais, elle se laissa tomber très bas, puis, vint chercher en France une vogue qu'elle n'avait plus en Angleterre.
Elle débuta comme danseuse, en 1840, au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, où elle ne fit preuve que d'un talent médiocre ; mais grâce à sa beauté et à sa réputation d'aventurière, elle devint bientôt une femme à la mode et la maîtresse du gérant de La Presse, Dujarrier. La mort de ce dernier, dans un duel que les tribunaux qualifièrent si sévèrement. Son succès en augmenta, et les directeurs de théâtre lui firent à l'envi des propositions.
Elle se rendit en bavière où le vieux roi louis la comblait de ses faveurs. C'est ici la période la plus importante de sa vie dont l'influence politique s'accrut jusqu'à produire des révolutions. Elle voulut être comtesse de Lansfeld ; le ministère ultramontain de Charles d'Abdel ayant refusé son adhésion, fut dissous ; Lola fut nommée comtesse et naturalisée bavaroise (1846). Un second ministère, celui de Wallerstein, qu'elle avait elle-même composé, lui étant devenu hostile, elle le brisa encore. C'est alors que la nation se prononça contre elle et demanda son expulsion. Soutenue par le roi, elle tint ferme et s'entoura d'une société de jeunes gens, Alemannia, qui croyait voir en elle la protectrice des idées libérales et républicaines. Mais la plus grande partie de l'université se souleva contre ces scandales. l'ancienne danseuse, dotée d'une pension viagère de 52.00 francs, traitée à l'égard de la reine et décorée, ne put paraître en public sans être poursuivie par les huées et les sifflets. des émeutes durement réprimées augmentèrent encore les ressentiments du peuple. Lola Montès se servait indistinctement de sa cravache contre ses valets et les premiers personnages de ce royaume.
Le 9 février 1848, les partisans de l' Alemannia, poursuivis dans les rues par la foule des étudiants, durent subir un siège en règle dans la maison d'un traiteur. A cette nouvelle, Lola Montès quitta son hôtel et arriva, suivie du roi, sur le théâtre du combat. Contrainte de se réfugier dans une église, elle en sortit bientôt, armée d'un pistolet,  et fit mine de tenir tête toute seule au peuple exaspéré. Elle ne fut sauvée, et le roi avec elle, que par une charge de cuirassiers. Le lendemain, un décret royal ferma pour un an l'université de Munich. Alors, étudiants et peuple se réunirent pour faire une démonstration . Sabrée par les gendarmes, la foule conservait une attitude menaçante qui fit enfin réfléchir le roi. la chambre des Pairs lui arracha l'ordre qui éloignait la comtesse. Elle partit, frémissante, à peine protégée par plusieurs escadrons, contre la fureur populaire. Son palais fut mis au pillage, et, au milieu du désordre et de la confusion, le roi lui-même fut blessé. Le soir même, Lola Montès rentrait à Munich par une autre porte ; mais, les abords du palais lui furent irrévocablement défendus. elle erra encore quelque temps dans les provinces, parmi les résidences royales : mais la résolution de mars et l'abdication du roi lui apprirent que son rôle était terminé.


dimanche 20 février 2011

Homophobie à la bélarusse: Loukachenko morigène Westervelle!

Un article du journal Le Monde en ligne accuse le dernier dictateur européen en place, le Président de la Biélorussie Loukachenko, d'homophobie patente. Il aurait personnellement morigéné le Ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, en lui conseillant de mener une vie normale. L'affaire a éclaté ce samedi alors que Loukachenko a publiquement déclaré qu'il n'aimait pas les pédés.
Il conviendra d'être attentif aux réactions de l'Allemagne et de l'Union européenne.
Pour plus d'infos, voir Le Monde en ligne du 19.02.2011, info diffusée à 18H34

samedi 19 février 2011

Folklore bavarois: le Wolpertinger ou Raurackl

Le Wolpertinger (autres orthographes : Wolperdinger, Woipertinger, Woiperdinger, aussi appelé Poontinger) est un animal imaginaire des forêts et Alpes bavaroises. Son évocation apparaît le plus souvent pour user de la crédulité des voyageurs citadins. La légende le présente de petite taille, composé à la façon d'une chimère (c'.-à-d. un assemblage composite de parties de divers animaux), et se nourrissant des voyageurs égarés. Ses descriptions varient de région en région, mais on lui attribue souvent des ailes, des bois, des crocs et une crête de coq, le tout attaché au corps d'un petit mammifère. Les versions les plus courantes sont celles d'un lapin à cornes ou d'un écureuil à cornes.
On trouve des Wolpertingers empaillés dans certaines auberges bavaroises. Ainsi de celui de l'Auberge de la Poste de Vorderriß (Gasthof Post), à l'entrée de la vallée du Riß, à la frontière de la Bavière et de l'Autriche. Le Wolpertinger de la Gasthof surplombe la table réservée aux chasseurs du coin (Stammtisch) qui s'y réunissent régulièrement.

Sans aller si loin, si vous résidez ou passez par Munich, vous en trouverez dans les collections permanentes du Musée de la Chasse et de la Pêche (Deutsches Jagd- und Fischereimuseum in Munich).
Le Wolpertinger n'est pas spécifique de la seule Bavière, il a un cousin notamment dans les forêts de la Thuringe, le Rasselbock, et du Palatinat, où on le nomme Elwedritsche. Dans d'autres pays, on trouve des créatures semblables, ainsi du Jackalope américain ou du Skvader suédois.
On s'est bien sûr posé la question de savoir l'origine de ces créatures: qu'est-ce qui a bien pu féconder à ce point l'imagination populaire? Les esprits scientifiques se rassureront en pensant que l'animal fantastique a été inspiré d'une maladie qu'on rencontre chez les lapins, la papillomatose, qui provoque le développement de tumeurs craniennes ( Shope papilloma virus).
Mais n'est-ce que de l'imagination?
Moeurs particulières des Wompertingers
On raconte que le Wolpertinger est fort timide et farouche, et qu'il est difficile de le capturer ou de le chasser. Il y a plusieurs méthodes qui s'avéreraient efficaces et qui diffèrent de région en région. On admet généralement que les Wolpertingers ne peuvent être vus que par des jeunes et jolies femmes: elles doivent se rendre à l'orée des bois, dans des coins retirés, un soir de pleine lune, accompagnées d'un jeune homme bien sous tous rapports.On ne peut attraper le Wolpertinger qu'en lui mettant du sel sur la queue...Ailleurs on préconise de se rendre à l'orée du bois avec un sac , une bougie, un bâton et une pelle.On maintient le sac ouvert à l'aide du bâton et on place la bougie à l'entrée du sac ainsi entrouvert. Lorsque le Wolpertinger s'approche, on le pousse dans le sac avec la pelle. Je ne sais ce qu'en pense la ligue de défense des animaux...
Quelques publications ou références:
1. Eberhart, George M. (2002). Mysterious Creatures: A Guide to Cryptozoology. 1. ABC-CLIO. pp. 237–238. ISBN 1576072835.
2. Brolin, Brian (2009-09-27). "Wolpertinger - [Wolpertinger's Tankard] - WoW vanity pet". WarcraftPets.com. http://warcraftpets.com/wow.pets/mythical/miscellaneous/wolpertinger.asp. Retrieved 2010-09-19.
3."Wolpertinger". Lost Souls Wiki. http://wiki.lostsouls.org/Wolpertinger. Retrieved 2010-09-19.
4. "Wolpertinger (Empathic Bond)". Lost Souls Wiki. http://wiki.lostsouls.org/Wolpertinger_(Empathic_Bond). Retrieved 2010-09-19.
5."Wolpertinger". The Runescape Wiki. http://runescape.wikia.com/wiki/Wolpertinger. Retrieved 2010-09-19.
6. Schweiggert, Alfons (1988) , Und es gibt sie doch! Die Wahrheit über die Wolpertinger [And they do exist! The truth about the Wolpertinger. Pfaffenhofen/Ilm. ISBN 3-778-73325-7.
7. Schallweg, Paul , Der Wolpertinger [The Wolpertinger]. ISBN 3-475-52795-2.
8. Huber, Reginald , Vom Adler bis zum Wolpertinger - Das bairische Bestiarium . Bayerland VA. ISBN 3-892-51188-8.
9. Heim, Michael (1971). Mit dem Wolpertinger leben . ISBN 3-874-90601-9.
10. Kirein, Peter (1968) , Der Wolpertinger lebt Lipp. ISBN 3-874-90501-2.

Crédits photographiques: dessin de Rainer Zenz sur Wikipedia et photos du Wolpertinger de Vorderriss par Luclebelge.
Sources: Wikipedia à l'article Wolpertinger en français et en allemand)

jeudi 17 février 2011

Ce soir, REINAS sur ARTE TV (festival de cinéma gay et lesbien)

Cinq mères au bord de la crise de nerfs à la veille du mariage de leurs fils avec un homme. Une comédie acidulée avec Carmen Maura et Marisa Paredes, actrices fétiches d'Almodóvar.

À la veille du mariage entre hommes de leurs six garçons, cinq mères (mais aussi un père et un chien) oscillent entre joie et larmes, humour et consternation. Ou l'histoire du premier mariage gay en Espagne vue par le réalisateur d'Entre les jambes et de L'amour nuit gravement à la santé.


Hystérie mon amour

Entre vaudeville et sitcom, Manuel Gómez Pereira prend plaisir à dresser le portrait de cinq "reines" de caractère, pour le moins envahissantes, narcissiques et hystériques, dont les fils doivent s'unir en grande pompe lors d'une cérémonie qui marque le coup d'envoi du mariage homosexuel en Espagne. Davantage intéressé par les émois des mamans et futures belles-mères que par les amours de leurs fistons, le réalisateur concocte une comédie de moeurs aux couleurs acidulées, loin du film militant, même si Reinas a été tourné quelques mois seulement avant l'adoption de la loi espagnole sur le mariage gay.

Ce jeudi, 17 février 2011 à 20:40

Rediffusions :
18.02.2011 à 02:15

Fiche technique:
Reinas
(Espagne, 2005, 101mn, VM)
ARD
Réalisateur: Manuel Gómez Pereira
Image: Juan Amorós
Musique: Bingen Mendizábal
Montage: José Salcedo
Acteur: Betiana Blum, Carmen Maura, Gustavo Salmerón, Hugo Silva, Marisa Paredes, Mercedes Sampietro, Unax Ugalde, Verónica Forqué
Auteur: Joaquin Oristrell, Yolanda Garcia Serrano
Production: Warner Bros. Pictures de España

Source: Arte TV, programme

Orphée mène un train d'enfer au Théâtre am Gärtnerplatz

Orphée aux Enfers de Jacques Offenbach est à l'affiche du Theater am Gärtnerplatz de Munich depuis un an déjà dans une mise en scène endiablée de Johanna Schall, qui a également participé à l'adaptation de l'opérette en allemand.
L'opérette d'Offenbach convient parfaitement à ce grand théâtre d'art populaire qu'est le Gärtnerplatztheater, dont c'est la vocation de divertir son public très participatif avec des soirées truculentes. Et l'adaptation de la metteure en scène Johanna Schall est parfaitement convaincante, gouailleuse à souhait. L'Olympe (photo ci-dessus) descend au parterre avec ses dieux et ses déesses qui prennent place de manière tonitruante dans les rangs d'un public étonné et ravi. La lutte entre Jupiter et Pluton se colore du folklore chrétien et devient aussi un combat entre Dieu et Satan, un antagonisme que soulignent les costumes de Jenny Schall qui opposent les blancheurs dorées des stars du Panthéon aux rouges et noirs sulfurisés de la cour infernale.

Tout cela n'est qu'une question d'étage: Schall a imaginé un monte-charge industriel pour transporter les comédiens d'un étage à l'autre. Les Enfers, la terre et le Panthéon olympien ne sont nullement cloisonnés: il suffit de prendre l'ascenseur pour que les univers s'entremêlent de manière bon enfant, des univers qui se déploient dans les décors ingénieux et très réussis d'Horst Vogelgesang qui mêlent les cages de treillis aux colonnades gréco-romaines. La comédie humaine s'entrelace à la comédie divine dans une cosmogonie qui n'est au fond que le miroir du monde de la grande bourgeoisie, un milieu dont on se dit qu'il n'a pas tellement changé depuis le temps des Balzac et d'Offenbach. Le ménage bancal d'Orphée et d'Euridyce qui décident un moment de se séparer d'un commun accord, juste avant le soudain revirement d'Orphée qui prend conscience de ce que la publicité de leur séparation pourrait nuire à son image, les intrigues et les sournoiseries des dieux et des déesses, l'infidélité de Jupiter et la jalousie chronique de Junon, la labilité d'Euridyce (photo en pute infernale) qui passe des bras d'un mari trop occupé de sa carrière artistique à ceux du berger Aristée qui n'est autre que Pluton travesti, un Pluton qui la délaissera une fois Euridyce conquise, tout cela n'est que le reflet de la société bourgeoise opulente du Paris de la deuxième moitié du 19ème siècle. Et sans doute une certaine société munichoise pourrait-elle bien se reconnaître dans cette abondance et dans les anicroches de ces couples de nantis BCBG.
Offenbach comme Balzac soulignaient le pouvoir grandissant de la presse. Chez Offenbach elle s'incarne dans le personnage de l'Opinion publique. Johanna Schall elle aussi le met en exergue qui munit les choristes des pages déployées d'un Bild Zeitung dont on connaît les énormes titres, quasi lisibles jusqu'au pigeonnier. L'Opinion publique est incarnée par l'excellente comédienne et chanteuse Marianne Larsen (photo ci-contre), dont la présence sur scène crève le rideau!
Le plateau est époustouflant: il faut pas moins de 17 comédiens chanteurs pour remplir la multitude des rôles de l'opérette. Les talents de comédiens de la troupe sont indubitables, tous magnifiquement rôdés aux emphases de la commedia dell'arte. Relevons la bonhomie paternaliste du Jupiter de Dirk Lohr, les expressions mijaurées de La Junon d'Ann-Katrin Naidu, campée dans le somptueux costume d'une déesse hindoue égarée au temps dans le Paris du 19ème siècle, le caractère lunatique du John Styx de Gunter Sonneson éperdu d'amour pour Euridyce, une Euridyce parfaitement ingénue en desperate housewive au bord de la crise de nerfs, chantée par Sibylla Duffe qui caricature parfaitement les trilles. Particulièrement séduisants le personnage et la voix convaincante de Mario Podrecnik en Aristée-Pluton ou encore la Diane passionnée et éplorée de Christina Gerstberger.
Le public francophone regrettera bien sûr que l'opérette soit chantée en allemand, un parti-pris de traduction auquel le Gärtnerplatztheater semble cependant vouloir renoncer ces derniers temps pour privilégier l'original avec sur-titres en allemand. Question d'école et de point de vue. Un goût de trop peu aussi dans le trop bref french cancan, quasi inexistant. La metteure en scène et les chorégraphes ont préféré des allusions rythmées à la fameuse danse, certes réussies, mais qui laisseront sur leur faim les amateurs de froufrous et de jambes levées.
A nouveau une excellent soirée dans un des derniers temples de l'opérette qui existe en Europe, sinon dans le monde, dans la parfaite tradition 'gärtnerplacienne'.
Prochaines représentations cette saison:

24. Février 2011, 19.30
18. Mars 2011, 19.30
4. Avril 2011, 19.30
17. Avril 2011, 19.00
13. Mai 2011, 19.30
25. Mai 2011, 19.30

Plus de renseignements et réservations: cliquer ici puis sur Karten bestellen à la suite de la date désirée

Crédit des photos: Ida Zenna

mardi 15 février 2011

Les aquarelles d'Emil NOLDE à la Pinakothek der Moderne de Munich

Le 16 mars s'ouvrira pour deux mois à la Pinakothek der Moderne une exposition consacrée à NOLDE (1867-1956) aquarelliste. Il s'agit là d'une occasion unique d'admirer les 24 aquarelles que possède la Collection d'arts graphiques de l'Etat bavarois (Staatliche Graphische Sammlung). On y retrouve tous les sujets abordés par cet expressioniste allemand dans le reste de son oeuvre. Ces oeuvres ne sont généralement pas exposées parce qu'elles sont malheureusement dégradables vu leur extrême sensibilité à la lumière.

Nolde s'est intéressé aux techniques de l'aquarelle dès le début de sa carrière: il développa son style si caractéristique entre 1900 et 1910. Il appliquait alors les couleurs en superposant de la couleur à une couche encore humide. A partir de 1911, il utilisa un papier japonais ultra absorbant qui permetait aux couleurs de se mélanger encore davantage.

A noter que les aquarelles de Nolde sont des oeuvres à part entière. Elles n'ont en effet pas servi de préparation pour ses oeuvres à l'huile.
Photo: Emil Nolde, Amaryllis blanc, Aquarelle, 457 x 336 mm, Staatliche Graphische Sammlung München
Du 16 mars au 15 mai 2011, à la Pinakothek der Moderne, Barerstrasse à Munich

dimanche 13 février 2011

Pam Ann atterrira à Munich le 4 avril: your f* coffee!

Pam Ann est l'alter ego de la comédienne australienne Caroline REID. Lorsque la comédienne atterit sur une des grandes scènes du spectacle international, elle présente son one-woman show dans lequel elle décortique les stéréotypes médiatiques et les us et coutumes des grandes compagnies internationales d'aviation. Une grande humoriste qui s'inscrit dans la tradition de l'humour camp de Dame Edna Everage, de Kathy Griffin ou de Chelsea Handler. Parmi ses admirateurs, elle compte Madonna, qui la décrit comme 'cruellement drôle'! Pam Ann s'est notamment produite sur la scène du Palladium de Londres. Elle sera à Munich le 4 avril à la Kongresshalle de la Alte Messe, où elle présentera son spectacle 'Your f*coffee' .

Tickets à partir de 38 à 44 euros.
Réservations: cliquer ici
Voici un exemple de son art, ici pour British Airways

vendredi 4 février 2011

Le Grand Hotel a ouvert ses portes au Theater am Gärtnerplatz

Le Theater am Gärtnerplatz a sablé le champagne hier soir pour une nouvelle production largement saluée par un public enthousiaste. Grand Hotel, un music hall de Luther Davis, George Forrest, Robert Wright et Maury Yeston est une adaptation d'un roman homonyme (pour sa traduction française) de Vicky Baum . On se souvient sans doute de la magnifique interprétation cinématographique avec Greta Garbo et John Barrymore en 1932, où Garbo incarnait avec le talent et la sensualité qu'on lui connaît l'étoile finissante de la danse Gruschinskaja. Grand Hotel avait été porté au music hall en 1958. Une nouvelle version du music hall avait vu le jour en 1989 à Broadway, et a connu plus de 1000 représentations! C'est la première fois que Grand Hotel est joué à Munich, dans une mise en scène de Pavel Fieber, un metteur en scène à qui l'Allemagne doit déjà une centaine de créations de pièces de théâtre, d'opéras et de music hall. La direction musicale est confiée à Andreas Kowalewitz, qui est kapellmeister du Théâtre am Gärtnerplatz depuis 2003.

L'action se déroule un week-end de 1928 dans un élégant hôtel berlinois. Les histoires personnelles, les rêves et les désirs d'extravagants clients s'entremêlent avec ceux des membres du personnel, ce qui donne lieu à des situations tantôt comiques, tantôt tragiques: une primaballerina âgée, Elisaweta Gruschinskaja, ne veut plus jamais remettre les pointes de ses chaussons sur une scène,elle n'en finit pas de faire ses adieux et continue de se produire parce qu'elle est constamment désargentée , le jeune et sémillant baron Felix von Gaigern est lui aussi fauché comme les blés mais profite du luxe de l'hôtel en jouant les imposteurs et les voleurs, Preysing, qui possède une fabrique, risque la banqueroute et cherche à tromper la galerie, le comptable Kringelein est atteint d'une maladie mortelle et s'offre l'hôtel pour quelques jours pour, au moins une fois dans ce qu'il lui reste de vie, jouir d'un luxe élégant, une sténodactylo rêve de percer à Hollywood et finit comme finissent beaucoup de starlettes, dans les bras de vieillards qui profitent de sa naïveté, mais la morale est sauve, elle finira par accompagner le bon Krigelein à Paris, on sent bien que Kriegelein n'en veut pas à sa vertu, le jeune concierge de l'hôtel est anxieux parce que sa femme est sur le point d'accoucher et qu'il est retenu l'hôtel par son travail...

Jeux de l'amour et du hasard, jeux de la parade sociale, tout cela représenté par le dialogue, le chant et la danse dans l'atmosphère des années 30. Si la scène du Gärtnerplatz ne permet pas les larges machines chorégraphiques des grandes scènes de Broadway, le metteur en scène et le chorégraphe, Hardy Rudolz, sont parvenus à créer des scènes endiablées où de jeunes danseurs ont déployé bien du talent pour danser sur un espace si confiné. Le théâtre est l'art de l'illusion, et un ingénieux promenoir a été installé qui encadre la fosse d'orchestre, ce qui donne ainsi un peu plus d'espace à la représentation. Particulièrement remarquées, les gaudrioles des deux 'nègres' de service (photo ci contre), les 'Jimmys', interprétés par Tom Schimon et Maxim Korneev. Leurs costumes de serveurs et leurs grimages sont particulièrement réussis. Et ils ont fait preuvé d' un rare talent d'acteurs et de danseurs qui leur a valu des applaudissements nourris. On sort enchanté de leur prestation qui mérite cette mention toute particulière!

Comme toujours au Gärtnerplatz, la troupe sert le spectacle avec un engagement total où entre une grande part de coeur, ce qui incite à une connivence avec un public dont les aficionados font entendre leurs préférences. Le rôle de Gruschinskaja est porté par l'excellente April Hailer (photo ci-dessus), comédienne invitée, qui sait rendre avec conviction les désarrois d'une étoile finissante. Particulièrement remarquables, l'interprétation de la secrétaire de la danseuse chantée par une Marianne Larsen (photo ci-dessus) qui sait rendre avec conviction le dévouement quasi amoureux de l'humble servante pour une maîtresse adorée, et celle de Gunter Sonneson qui campe un Otto Kringelein extrêmement touchant.La Flämmchen de Milica Jovanovic a visiblement séduit le public.

Soulignons encore l'art du costumier,Christian Floeren, qui a su rendre l'atmosphère de glamour du public d'un grand hôtel berlinois de la fin des années 20.

Grand Hotel n'est pas un de ces music hall dont on sort en fredonnant une rengaine, il n'a pas donné lieu à des arias célèbres qui continuent de vous trotter dans la tête après la représentation. Au-delà des prouesses des chanteurs et des danseurs, des illusions de la mise en scène et de la choréographie, de la qualité de la direction musicale et de l'orchestre, perce une dimension existentielle qui nous interpelle et nous interroge. Même si ces thèmes sont traités avec la légèreté du music hall, cette tragi-comédie musicale touche à des thématiques qui nous laissent pensifs: l'appât du gain, l'abus de pouvoir et la tromperie, la vanité de la gloire, la déchéance physique et morale, les violences faites aux femmes, toute une comédie humaine que ne parviennent pas faire oublier l'ivresse du Sekt, les habits de soirée, la fumée des cigares ou les charlestons endiablés.

Renseignements et réservations: Theater-am-Gärtnerplatz. Il y a des représentations jusqu'au 28 juillet, calendrier et résa au bas de la page de l'hyperlien. Prochaines représentations les 7 et 23 février, puis 4 représentations en mars.

Pour préparer la soirée, on pourra lire le roman de Vicky Baum , paru en français chez Phébus, ou voir le film avec Garbo.
Crédits photographiques: Hermann Posch

jeudi 3 février 2011

Carmen au Théâtre National de Munich: d'excellents interprètes dans une mise en scène décevante et dépassée

Le Théâtre National reprend pour quelques soirées une production du Carmen de Bizet qui date de juillet 1992. Tels sont les heurs et malheurs du théâtre de répertoire: une fois qu'un pièce a été produite, il faut la rentabiliser en la reproduisant pendant des années, et tant pis pour le public si elle est médiocre.


La mise en scène de Lina Wertmüller fait une lecture linéaire et sans relief du livret de Meilhac et Halévy en réduisant le texte à sa seule première dimension: une histoire d'amours passionnelles entre un jeune militaire et une gitane dans une Andalousie des plus stéréotypées. Lina Wertmüller enfile les clichés comme les perles d'un collier: troupiers adeptes de la gaudriole, drapelets espagnols agités à tous vents, robes andalouses, poses de flamenco et autres tenues de corrida. Bien sûr, on sait que l'action s'inscrit dans ce cadre, mais le drame de la séduction, de la jalousie et du meurtre, la folie des amours passionnelles appartiennent aussi à des catégories plus universelles de l'histoire des relations humaines. Wertmüller n'accède que fort peu à cet universel et loupe ainsi l'effet cathartique pourtant si puissant de l'histoire de Carmen. A force de nous confiner dans l' Andalousie kitch des publicités pour circuits touristiques des années 50, Lina Wertmüller rate l'occasion de nous inviter à participer au drame qui se joue sous nos yeux. Ses personnages participent du stéréotype jusqu'à la caricature: Carmen est tellement gitane qu'on en oublierait qu'elle est femme, José est réduit au rôle d'un troufion niais, Michaela à celui de la villageoise vertueuse. Il y a beaucoup plus que cela dans Carmen!


Les décors et les lumières sont hélas à l'avenant: Enrico Job abuse d'un carton pâte qui ne peut se faire oublier au point qu'on peine à imaginer les collines du maquis andalou et que l'on voit surtout le papier maché qui est supposé faire illusion. Franco Marri a la main lourde sur le dimmer qu'il manipule si rapidement qu'on n'a jamais le temps de s'accoutumer à aucune de ses 'créations' lumineuses qui sont tout sauf naturelles. Tout au plus a-t-on à de rares moments des atmosphères à la Murillo.


Le cadre étant posé, les choeurs et les chanteurs ont bien du mal de faire prendre la sauce. D'autant plus que la diction et l'élocution françaises ne sont pas au rendez-vous. Même en tendant bien l'oreille, on peine à entendre le texte français, et les accents des chanteurs sont parfois tellement prononcés que cela en devient bouffon. Le plus triste exemple m'en a semblé le Zuniga de Steven Humes, une fort belle basse pourtant, avec de la puissance, mais qui traine un accent américain des plus comiques dans cette Andalousie de pacotille fin 19ème. Les choeurs, dont on souligne généralement et à juste titre l'excellence, déçoivent dans cette Carmen. Il n'est vraiment que Jonas Kaufmann qui excelle à la diction française. Anita Rachvelishvili tire elle aussi parfaitement son épingle du jeu car si sa prononciation n'est pas parfaite, elle parvient à donner la couleur d'une voix andalouse.


Imaginez un moment le tohu-bohu que créerait à Munich un Wagner chanté par des acteurs qui prononceraient l'allemand avec un accent franchouillard...


Aussi passe-t-on la soirée à se concentrer sur la musique, à étudier l'interprétation très personnelle que donne Dan Ettinger de Carmen. Le chef d'orchestre a emporté l'adhésion d'un public conquis par sa direction musicale. La mezzo géorgienne Anita Rachvelishvilli, qui avait fait récemment une prise de rôle remarquée à la Scala, fait ici aussi une prestation étourdissante: elle incarne une Carmen enflammée avec de grands talents d'actrice et tant sa puissance vocale que l'émotionnalité de son chant donnent tout sa densité au personnage, ce qui est d'autant plus remarquable que la mise en scène fait défaut. On vit des moments intenses dans les duets avec l'excellent José de Kaufmann, soutenu par un public partisan. On est séduit par les couleurs sombres et chaudes de la voix de Jonas Kaufmann, dans lesquelles s'élèvent des aigus lumineux, une grande voix de ténor dramatique. Avec cela, un physique de beau ténébreux qui convient parfaitement au rôle. La Michaela de la polonaise Aga Mikolaj, qui a soulevé l'enthousiasme du public et reçut une large ovation, me convint moins lorsqu'elle me semble confondre le cri et l'émotion. Kyle Ketelsen est un Escamillo recherché (-il a incarné ce rôle entre autres à Londres, Washington, Madrid ou Amsterdam) avec une présence scénique remarquable. Un beau moment de la soirée est aussi la scène des cartomanciennes où Frasquita et Mercédès (délicieuses Eri Nakamura et Julia Feylenbogen) interprètent l'avenir dans un duo que vient bientôt compléter Carmen.
Une soirée en demi-teinte, que vient sauver l'interprétation musicale et vocale.

Au Théâtre National les 5, 10, 13, 18 et 21 février 2011. Le rôle de Don José sera interprété par Massimo Giordano les 18 et 21 février. Il reste quelques places debout pour les deux dernières représentations.




mercredi 2 février 2011

Music Hall: Grand Hotel au Gärtnerplatz

Première demain soir de Grand Hotel, une nouvelle production du Theater am Gärtnerplatz. (Photo Herbert Buckmiller), un music hall de Luther Davis, George Forrest, Robert Wright, Maury Yeston.

Grand Hotel est une adaptation d'un roman homonyme (pour sa traduction française) de Vicky Baum . On en avait tiré un film avec Greta Garbo et John Barrymore en 1932, et un music hall en 1958. Une nouvelle version avait vu le jour en 1989 à Broadway, qui a connu plus de 1000 représentations!

L'action se déroule un week-end de 1928 dans un élégant hôtel berlinois. Les histoires personnelles, les rêves et les désirs d'extravagants clients s'entremêlent avec ceux des membres du personnel, ce qui donne lieu à des situations tantôt comiques, tantôt tragiques: une primaballerina, Elisaweta Gruschinskaja, ne veut plus jamais remettre les pointes de ses chaussons sur une scène, le jeune et sémillant baron Felix von Gaigern est fauché comme les blés mais profite du luxe de l'hôtel en jouant les imposteurs, Preysing, qui possède une fabrique, risque la banqueroute et cherche à tromper la galerie, le comptable Kringelein est atteint d'une maladie mortelle et s'offre l'hôtel pour quelques jours pour, au moins une fois dans ce quil lui reste de vie, jouir d'un luxe élégant, une sténodactylo rêve de percer à Hollywood...

Jeux de l'amour et du hasard, jeux de la parade sociale, tout cela représenté par le dialogue, le chant et la danse dans l'atmosphère des années 30.
Renseignements et réservations: Theater-am-Gärtnerplatz. Il y a des représentations jusqu'au 28 juillet, calendrier et résa au bas de la page de l'hyperlien.

Pour préparer la soirée, on pourra lire le roman de Vicky Baum , paru en français chez Phébus, ou voir le film avec Garbo.